Wendy était sur un joli nuage tout rose. Le soleil couchant donnait un reflet doré à ses cheveux et une légère brise les faisaient voleter autour de son visage angélique, si bien qu'on aurait dit une déesse. Une boîte de chocolats sur le côté, un miroir de l'autre, son adorable petit chien Pluppy confortablement installé sur ses jambes. Il ne manquait rien à Wendy, sauf peut-être ...

-A BOIIIRE !

Dans un claquement de doigts, une centaine de petites créatures roses nommées Shalas arrivèrent vers elles, transportant chacun une boisson de couleur rose. Tous se battaient en prétextant avoir le meilleur jus de fruits, ce qui faisait glousser la blonde à la manière d'une pintade. Soudain, les Shalas s'arrêtèrent de brailler et regardèrent vers l'horizon. Wendy faillit s'étouffer avec son chocolat et regarda dans la même direction qu'eux, voyant une silhouette aux mêmes cheveux dorés s'agitant dans le vent. Elle était cependant trop éclairée par la lumière du soleil pour qu'on puisse distinguer quelque chose, et la seule réaction de notre chère Meyer fut :

-Ooooh
-Ooooh ! SHALAAAS ! répétèrent ses serviteurs.

Tandis que Pluppy aboyait joyeusement, la nouvelle blonde s'avança avec une démarche de mannequin, et Wendy réussit à la distinguer. Le soleil brillant juste derrière elle, on aurait aussi dit une déesse ...

-AMATRICE !
-AMATRICE ! SHALAAAS !

Et les Shalas se mirent à gambader dans la direction de la déesse amatrice sous le regard impuissant de Wendy. Elle hurla pour faire ressentir sa douleur à ses petits esclaves, ce qui eut pour résultat de faire fuir à son tour Pluppy ... Wendy adressa un regard meurtrier à sa concurrente et poussa un nouveau cri ... Et finalement se réveilla.

Oubliant tout de suite son cauchemar, la blonde se leva de ses draps roses, adressa un clin d'oeil aux 347 miroirs qui l'entouraient et partit faire sa toilette sur l'air de Fabulous. Une fois prête, elle fit trois tours sur elle-même, histoire de faire voleter sa robe rose bonbon et ses cheveux avec allure, puis alla faire un bisou sur le front de son petit Pluppy. Mais qu'allait-elle donc faire aujourd'hui ? Aller rendre jalouse les autres filles de sa beauté ? Aller narguer les amateurs par sa sublime voix ? Rabaisser quelqu'un ? Harceler ses parents jusqu'à ce qu'ils lui donnent de l'argent ? Aller dévaliser un magasin ? Les trois dernières réponses, bien sûr ! La blonde attrapa son chapeau rose et demanda à son serviteur le moins confiant en lui de l'amener illico à Narnia, là où il se trouvait la boutique la plus chère des alentours. Et bah oui, elle veut montrer qu'elle a de l'argent, Wendy ! Lamentable. Une fois arrivée à destination, elle se promena dans les rues en attirant les regards avec sa robe rose. C'est vrai qu'elle ne passait pas inaperçu ... On aurait dit un re-make d'Un indien dans la ville version Barbie. Quand elle eut repéré ce qu'elle pourrait acheter plus tard, Wendy se dirigea vers le magasin super-méga-giga-ultra cher et fit une entrée remarquable, criant « BONJOUUUR JE VIENS FAIRE UN PETIT TOUUUR AVEC TOUT MON ARGENT QUI ATTEND DANS MA POOOCHE ! » Les gens la dévisagèrent étrangement et une blonde avec des souris dans sa poche cassa même l'une de ses chaussures de verre et un assortiment de colliers en cristal. Elle laissa l'autre là et prit la suite, un homme arrivant à son tour et déclarant qu'il ferait essayer cette chaussure à toutes les femmes du royaume pour découvrir la vandale. Wendy soupira et l'homme arriva à sa rencontre en souriant avec un air gêné.

-Bonjour Madame …
-Mademoiselle, rectifia Wendy.
-... Mademoiselle, que puis-je faire pour vous ?
-Vous ne me reconnaissez pas ? S'indigna-t-elle.
-Hum … Vous êtes … Amanda Lynn ? Suggéra le type.
-C'est qui ça ? Demanda Wendy dans un haussement de sourcil.

L'homme montra alors du regard une fille blonde de dos qui semblait affairée à farfouiller dans les vêtements les plus méga-giga-ultra chers du magasin. Cette tignasse rappelait quelque chose à Wendy, et elle ordonna au vendeur de s'en aller dans un claquement de doigts puis s'avança vers la fille avec les mains sur les hanches.

-Amanda Lynn ?

Lorsqu'Amanda se retourna, Wendy retint un cri d'effroi. Cette fille, c'était la même déesse qui lui piquait la vedette dans son cauchemar. Mais ça ne se passerait pas comme ça dans la réalité, ah non ! Wendy n'allait pas laisser faire ça.

[Désolée j'avais pas vu que tu m'avais pas répondu OO]

Les bras croisés, Wendy resta toiser Amanda avec son air d'impératrice. Le truc, c'est qu'elle était plus petite ... Ah, ça le faisait pas, ça. Tant pis, elle crierait sur ses nains de géniteurs en rentrant. Pour l'instant, il fallait qu'elle fasse comprendre à cette Amanda qui était la plus forte, la plus belle et la plus blonde ! Mais là, ça semblait mal partit. Déjà, elle faisait éternuer Amanda, comme si elle sentait mauvais. Mais non ! Wendy sent parfaitement bon. Il lui arrive même d'utiliser le désodorisant des toilettes pour se parfumer, le matin ! Donc, il n'y avait aucun soucis. AUCUN. A-U-C-U-N. Ah oui, petite anecdote : malgré sa blondeur d'esprit, Wendy avait été la championne d'un concours d'orthographe. Pour elle, le trophée en carton qu'elle avait dans la chambre était le symbole de son intelligence, mais ce n'était que le prix d'un concours dans une classe d'enfants de 7 ans.

-Puer ? Bain de bonbons ? Vieille ? MOI ? Sache que je suis Wendy Camille Meyer, fille de ... Mince c'est quoi leurs prénoms déjà ? Bon, fille de Papa et Maman Meyer. Et je compte plein de volatiles très honorables dans ma famille ! Parmi eux, il y a Kazoul et Raoul La Poule ! Oui, il a un nom de garçon en étant UNE poule, mais en fait il a eu un soucis à la naissance et du coup ... Hey !

Alors qu'elle était dans ses grandes explications sur la digne lignée de volailles de sa famille, Wendy s'aperçut qu'Amanda avait filé attraper des chaussures sans se soucier du fait que l'autre blonde usait de sa précieuse salive ... Vexant. L'oiseau Wendy envoya des ses cheveux en arrière d'un mouvement de tête et mit ses mains sur hanches, outrée. Glissant presque sur le sol tant ses pas étaient rapides, elle se plaça devant sa rivale et sa paire de chaussures, un sourire éclatant sur le visage.

-Tu m'excuseras, mais je parlais Donc, je ne me suis pas encore présentée. Je suis Wendy Camille Meyer, fière descendante de nombreux volatiles très connus dans les basse-cours. Ca en jette, non ?

Soudain, son regard s'attarda sur la paire de chaussures qu'Amanda était entrain d'admirer. Il était vrai qu'elles étaient très jolies ... Très, très jolies. IL LES LUI FALLAIT ! Et puis d'ailleurs, si dans son rêve les Shalas préféraient Amanda à elle, c'était sûrement qu'elle avait plus de goût. Oui, nous parlons bien d'un rêve ! Car PERSONNE n'égale Wendy en matière de goût vestimentaire, dans la réalité. Mais tout rêve peut un jour devenir réalité ... Et pour éviter que cela arrive, il fallait que Wendy ait toutes ses chances. Ainsi, elle allait devoir avoir TOUT ce que voulait cette Amanda, absolument TOUT. T-O-U-T.

-Oh, que c'est joli ! fit-elle avec un air innocent.

S'emparant de la chaussure qu'Amanda ne tenait pas, Wendy la plaça devant son visage, de façon à bien pouvoir l'examiner et la renifler. Oooh, c'était magnifique ! La chaussure sentait elle aussi le désodorisant ! Elle était faite pour Wendy.

-Tu peux me passer l'autre chaussure ? Il faut que je vérifie si elles sentent pareilles

N'attendant pas de réponse, Wendy saisit la chaussure et tira. Mais sa rivale ne semblait pas décidée à lâcher le soulier, et ça, c'était TRES problématique. La blonde fit un sourire insistant à l'autre blonde (oui, on a du mal à s'y reconnaitre) et tira encore plus fort. Toujours sans résultats. Là, Wendy perdait patience. Elle poussa une acclamation de ninja et se mit à tirer de toutes ses forces, balançant l'autre chaussure dans le décor. Mais n'ayant jamais été très musclée, elle n'arriva pas à faire lâcher son adversaire. Elle improvisa alors une danse plutôt originale, tournant autour d'Amanda puis revenant vers elle à cloche-pieds et repartant en arrière.

-LÂCHE CA ! grogna la blonde aux yeux marrons.

Un vendeur arriva alors en clopinant, l'air fatigué. Aussi, il n'avait pas l'air très sportif, ce monsieur. Wendy lui adressa un regard noir et il se stoppa net, apparemment effrayé.

-Vous ... Vous allez bien ? demanda-t-il.

Une drôle de musique s'en suivit, et Wendy eut l'impression qu'on brouillait ses informations neuronales. Elle allait répondre "Nan mais j'vous en pose des questions, moi ?" comme une parfaite diva qui a le melon, mais elle n'arriva à dire que :

-Ça plane pour moi ! Ça plane pour moi, moi, moi, moi, moi, moi, ça plane pour moi !

Et d'autres quelques rares clients et vendeurs sortirent des rayons, souriant comme des fous. Mais bon, Wendy ne va pas se plaindre des gens souriants, elle-même l'est.

-WOUHOUHOU ! chantèrent les gens.

Les autres personnes semblèrent effectuer la chorégraphie de la pub de MAAF et pointèrent Amanda de la main. Ils attendaient qu'elle continue la chanson, mais peut-être n'y arriverait-elle pas. Wendy rejeta sa chevelure en arrière et croisa les bras, attendant patiemment de voir comment sa rivale se débrouillait en chant.

Devant ma mère (qui habite à ce jour à Londres) je faisais tout le temps la gentille fille qui avait des bonnes notes etc. En fait, je préférais largement sécher afin de m’acheter des vêtements avec mes copines. Le peu de fois où j’avais des bonnes notes, s’était parce que j’avais payé les profs. Ah sa oui, j’avais de l’argent, même beaucoup, et j’ime bien le montrer. Mais au fond, je suis une gentille fille sensible au cœur tendre, donc relax mec, peace and love !
En arrivant, j’avais plus de liberté qu’en Angleterre, car ma mère, après avoir reçus un jour la facture de mes achats, me faisait surveiller. Et là, je ne pouvais même pas faire les boutiques tranquille sans qu’une blondasse, se croyant bien plus belle que moi, et petite en plus…, perturbait mon shopping habituel. Tant dis que cette prénommé Wendou…heu…je sais plus…wendas..nan heu…enfin bref, me parlait d’oiseaux où je ne sais pas quoi, je partis ailleurs, afin de voir une très très jolie paire de chaussure que j’avais vue. Je m’emparai d’une d’elle, afin de baver dessus plus près, quand soudain, j’entendis une voix qui se mélangeait à l’horrible odeur de bonbon. Je relevai la tête afin de faire face encore à cette blonde.

Bon ben la blonde venait de se présenter, Wendy donc. En plus, elle supposait avoir de l’argent alors qu’elle descendait des poules…Tout d’un coup, je sentis le regard de la petite blonde se poser sur ma paire de chaussure. Elle s’empara rapidement de l’autre que je n’avais pas en mains, et me regarda en souriant, comme ci elle venait de me battre à quelque chose, ce qui ne risquerait pas, car d’une part, j’étais plus intelligente, et plus belle, et plus riche aussi !! Le pire, c’est que cette tarée trouvait la paire jolie, elle osa même me demander l’autre chaussure que j’avais dans les mains. Evidemment, ne croyais pas que je vais le lui donner.
Mais j’avais un peu sous-estimée Wendy. Elle se jeta sur moi, essayant de m’arracher des mains la chaussure.

-NAN MAIS OH, JE LES AI VU AVANT TOI !!

Les vendeurs n’osèrent pas s’approcher, et l’un d’eux essaya, mais notre regard se tourna vers lui, et il comprit qu’il n’avait pas intérêt à nous arrêter. Soudain, il eut de la musique, et Wendy commença à chanter OO’ !! Je la regardai, cherchant en même temps dans mon sac mon téléphone afin d’appeler l’hôpital psychiatrique, mais je me rendis compte que j’avais laissé mon précieux portable sur Terre ;_ ; !! En plus, les clients commencèrent à s’exciter et à chanter avec elle. J’hésitais à sortir en courant du magasin, mais cela voulais dire que j’abandonnais, et jamais, je dis bien jamais, Amanda Lynn abandonnera !
Tant dis que ses idiots dansaient en me montrant à prioris du doigt, j’essayais de m’emparer de la chaussure que tenait Wendy, mais malheureusement, je serai obligé de me joindre à leur danse…donc j’abandonnai cette idée.

Tout d’un coup, je sentis les regards se tourner vers moi. Je relevai ma tête, et ma salive forma une boulle dans ma gorge. Ils attendaient quoi ses crétins ? Que je danse en chantant oo ? Il était hors de question de cela évidemment. J’avais même envie d’en rire. Seulement, Wendy qui s’était arrêté de chanter, me regardait d’un sourire narquois, et le signe de la victoire s’affichait déjà sur ses lèvres. Je n’avais pas envie de perdre contre cette blondasse, il fallait donc que je chante également.

-ALLEZ !!!!!!!!!!! Ça plane pour moi, ça plane pour moi, ça plane pour moi moi moi moi moi, ca plane pour moi !!

Je chantais comme une petite folle, accompagnée par les pas de danse des clients, sous le regard horrifié de Wendy qui ne devait pas s’attendre à ce que je le fasse. Et ben si vieille peau !

Oula, Wendy avait du soucis à se faire. Cette blonde d'Amanda était belle, bien habillée, riche, et elle savait chanter. Peut-être qu'elle allait devenir plus populaire qu'elle, aussi ?! Enfin non, PERSONNE - P-E-R-S-O-N-N-E - n'est aussi populaire que Wendy. Wendy est la MEILLEURE, M-E-I-L-L-E-U-R-E ! Il ne fallait donc pas qu'elle se laisse faire. D'un claquement de doigts, elle stoppa Amanda dans son show. Bon ok, y a aussi eu un clin d'œil au monsieur derrière le comptoir qui s'amusait à faire jouer un orchestre sortit du rayon "Musiques", se servant d'une brosse de toilettes comme baguette. Seulement, alors que Wendy était en position pour chanter "I want it all" et faire régner le chaos, une drôle de troupe essaya de lui piquer une nouvelle fois la vedette.

-Je sens qu'cet enterrement va être une pure soirée ! Où on fait Ohé oh oh oh ohé oh !

Alors que toute l'équipe du magasin rejoignait les fous dans leur danse, Wendy haussa un sourcil et tourna les talons. Mais quels amateurs ! AUCUN talent ! A-U-C-U-N. Elle attrapa Amanda par le bras et la tira avec grande délicatesse jusqu'aux cabines d'essayage. Bien entendu, la grande délicatesse, c'est de l'ironie.

-Je te propose un truc, Amanda Lynn. Nous allons choisir toutes les deux 5 mêmes tenues. On les essaiera, et les jurys décideront qui porte le mieux la tenue. Ça te va ?

C'est là qu'un courant d'air passa à côté d'elle et Wendy distingua la naïve question : "Mais qui sont les jurys ?". Elle éclata de son rire de Chipmunks, prenant un air exaspéré comme si la réponse était évidente.

-Bien sûr, ce sera MOI, moi, MoI et mOi qui seront les jurys. Objection ? Non ? Très bien.

C'est là qu'un monsieur en smoking ouvrit la porte d'une cabine d'essayage par l'intérieur d'un coup de pied, l'air paniqué.

-JE M'Y OPPOSE ! Oh pardon, je me suis trompé salle.

Et les bras ballants, il se dirigea en trainant le pas vers la sortie. Wendy rit de nouveau et commença à fureter entre les étagères, cherchant le haut le plus rose, le plus pailleté et le plus voyant possible. Du Wendy tout craché, quoi.

-Alors, ça c'est du rose PQ, moi je veux du bonbon-Barbie.
-Midi 17, maison de retraite !
-FERMEZ-LA, AMATEURS ! Donc, rose fushia, rose caca d'oie, rose jonquille ... ROSE BONBON ! Et mince ! Pas de paillettes ...

Toute déçue, elle continua ses fouilles vestimentairaologiques, sans faire de grandes découvertes, certes. Aussi enthousiaste que le monsieur paumé de tout à l'heure, la blonde retourna voir son autre ennemie la blonde, lui adressant un regard soupçonneux.

-Tu as trouvé une tenue ? Je te préviens, je ne porterais pas de vert, c'est HORS DE QUESTION ! Question : Q-U-E-S-T-I-O-N !

Un bruit semblable à celui que l'on entend après une bonne réponse donnée dans Qui veut gagner des millions ? retentit, accompagné d'applaudissements. Fière d'elle, Wendy balança ses cheveux en arrière et adressa un clin d'œil à ses fans invisibles.

-Hum oui, revenons-en à nos moutons. Oh tiens, en parlant de moutons ! Tu ne trouves pas que la laine, ça gratte ? Mais bon. Tu ne voyais aucun soucis par rapport à la composition du jury, n'est-ce pas ?

Devant Karl Lagerfeld, Wendy n'en menait pas large. Ce vieux crouton était assez impressionnant. En effet, avec son pauvre 1m60, la blonde avait l'air d'une vraie hobbit par rapport à ce Legolas à queue de cheval. En parlant de Legolas, Wendy avait toujours trouvé qu'il aurait dû être une fille en raison de sa chevelure de Barbie. Et ça voulait donc dire que Karlouche avait lui aussi des cheveux de Barbie... Alala, un vrai hippie ce bonhomme. Enfin avec tous ces vêtements noirs, on aurait plutôt dit un gothique...

*Gothika Karl *

-Guten tag, ô Karl à l'âme noir corbeau !

Sa tentative pour amadouer le créateur n'eut pas l'air de marcher : il baissa ses lunettes pour la contempler avec des yeux ronds. Croyant qu'il voulait la manger, Wendy émit un ultrason qui lui servait de hurlement, et elle s'enfuit en direction de la sortie. Manque de chance, sur son passage, il y avait un miroir. Et Wendy n'avait jamais pu leur résister. En plus, elle allait pouvoir retrouver sa meilleure amie de toujours, celle qui comprenait tout ce qu'elle disait et à qui elle pouvait tout dire : Ydnew. La blonde n'avait toujours pas compris qu'il s'agissait de son reflet, bien qu'on ait tenté plus d'une fois de le lui expliquer. Mais jamais, oh non jamais, Wendy n'avait voulu comprendre.

-Coucou Ydnew ! Lança-t-elle à son reflet. Tu es toute en beauté aujourd'hui, j'adorerai te ressembler... Ah mais c'est vrai, tu es ma jumelle cachée . Nous nous ressemblons comme deux gouttes d'eau, si ce n'est pas merveilleux *-*.

Mais avant qu'elle n'ait pu prendre une plus grosse voix pour faire répondre Ydnew, Amanda lui fonça dessus par accident, craignant certainement le vieux gothique elle aussi. Sans que la blonde ne comprenne comment – de toute façon, elle ne comprenait rien – elles traversèrent le miroir et se retrouvèrent de l'autre côté. Wendy échangea un regard surpris avec Amanda, puis observa autour d'elle. Apparemment Karl Lagerfeld avait disparu. A la place se tenait un vieillard qui lui ressemblait beaucoup avec une chemise hawaïenne rose et un short de maillot de bain bleu clair. Les tongs qu'il portait laissaient apparaître ses gracieux ongles de pieds jaunes et abîmés.

-Aloha ! lança Wendy au monsieur.
-Guten tag cheunes filles !

Elle se rendit compte alors que cette espèce de vacancier n'était autre que … IZ ! Quoiqu'en fait non, il était beaucoup plus maigrichon, pâle et ses cheveux étaient tout blancs. Et puis il y avait aussi cet accent allemand. Il devait y avoir un certain soucis... Peut-être que c'était bien IZ mais camouflé !

-Che fais defoir partir, annonça-t-il. Fous allez me manquer … Et dooonc... Che fous laisse ma carte de fisite ! Ciao amigos !

Et sur ce, le vieux bonhomme leur lança une carte chacune puis s'en alla en dansant la Macarena.

-C'est lamentable, commenta Wendy après avoir jeté un coup d'œil sur la carte. C'est lamentable qu'IZ veuille se faire passer pour Karl Lagerfeld. Notre gothique préféré ne pourra jamais être remplacé dans notre cœur ! Bon, retournons à nos essayages.

Wendy se dirigea vers les étagères et fut très surprise de ne trouver que des chemises à carreaux et des salopettes. Elle aimait bien ce genre de chemises, mais que les roses ! Et là, il n'y en avait pas. Que du simple, très simple. Outrée, Wendy alla voir la caissière et remarqua que tous les clients étaient déguisés en campagnards. La caissière elle-même était très bizarre : son sourire horrible laissait apparaître toutes ses dents de travers et elle avait deux tresses à l'arrache. Où était donc passée la femme si distinguée de tout à l'heure ? Alors ça, ça ne plaisait pas à Wendy ! Elle retourna voir sa concurrente blonde avec les mains sur les hanches.

-Tu sais quoi ? Je pense que ne nous nous sommes trompées de boutique ! Regarde-moi ça, c'est horrible ! Viens, on va chez Les Souris de Cendrillon !

Elle attrapa Amanda par le bras et la tira hors du magasin, et s'arrêta net en voyant un rouquin nommé Jean-Charles qui crânait avec un tracteur. Toutes les filles, semblables à de vraies Fifi Brindacier, l'observaient avec admiration.

-Beurk.

Les deux blondes traversèrent ensuite la rue, se faufilant entre les tracteurs, les brouettes, les vaches et les fermiers qui squattaient sur la chaussée. C'était le salon de l'agriculture, ou quoi ? Arrivée devant la boutique très réputée pour ses robes de bal « Les Souris de Cendrillon », elle vit une autre blonde en sortir. Elle portait une robe en gruyère et disait être traquée par des paparazzis qui voulaient qu'elle leur montre sa poker face et leur révèle tout sur sa bad romance au téléphone avec Alejandro. Wendy leva les yeux au ciel et rentra dans la boutique, suivie d'Amanda, et manqua de hurler face au spectacle affreux qui s'offrait à elle. Des dizaines de robes en gruyère, camembert et maroilles étaient entassées sur des étagères. Les rongeurs étaient très nombreux ici, et mieux valait ne pas parler de l'odeur.

-Nom d'une autruche, c'est affreux ici ! Regarde-moi ces fondus de raclettes ! Viens, Blonde dont j'ai oublié le prénom, on sort !

Aussitôt dit, Wendy ressortit. Elle retrouva avec amertume les gens de la campagne, et faillit même regretter le magasins des souris.

-On va où ? Demanda la blonde à Amanda. On devrait faire attention au monde, je n'ai pas envie de me casser un ongle !

Sans vraiment avoir le temps de comprendre ce qui lui arrivait, Wendy se retrouva vêtue d'une robe à carreaux rose digne d'une fermière comme celle qui s'occupait des cousines volailles des Meyer. Elle arriva ensuite sur une piste de danse, suivant Amanda, et dut reproduire une danse très spéciale. C'était sûrement une danse comme les guerriers faisaient avant le combat, histoire de se donner du courage.

* Vraiment très barbare. * pensa Wendy en poussant un soupir.

En fait, elle aurait pu apprécier la danse si elle arrivait à la faire. Wendy était une très mauvaise joueuse et ne supportait pas la défaite. Comme les spectateurs, perchés dans des des arènes dressées tout autour des deux blondes, ne cessaient de la huer, Wendy s'arrêta immédiatement de gesticuler et croisa les bras, la mine renfrognée. Jamais personne n'avait osé lui manquer autant de respect... Ce devait certainement être parce qu'elle se trouvait de l'autre côté du miroir. Il faudrait qu'elle en parle à ses parents, ils pourraient certainement faire quelque chose. Comme par exemple déposer une bourse de pièces en or devant chaque miroir existant à Archenland, de façon à acheter les habitants du miroir pour qu'ils ne l'importunent plus jamais. Et en y repensant, elle se trouvait dans un monde inversé... Ca voulait dire que son prénom l'était aussi ? Elle s'appelait Ydnew, comme sa super copine, à présent ! Et elle devait être gauchère, et plus droitière. Tant de bouleversements pour une fille au cerveau désespérément vide...

-Amanda ?

Miss Barbie Wendy s'était tournée vers son autre compatriote blonde, qui elle ne s'était pas arrêtée de danser. Elle se doutait bien que c'était parce qu'Amanda était une personne issue d'un milieu plus rustre que le sien, et elle avait donc des facilités dans un endroit aussi déplaisant que celui-ci. Elle arrivait à danser et chanter en même, sans que Wendy n'arrive à saisir la moindre parole. C'était très déconcertant. Peut-être que dans ce monde inversé, Amanda avait plus de talent que Wendy ?

* C'est fort possible, admit-elle. Dans la réalité, je SUIS la star incontestée, la diva de toutes les divas, la blonde la plus talentueuse de tous les temps. Dans ce monde issu de l'ère préhistorique, les gens qui jouent du ukulélé doivent être bien vus. Seigneur Chihuahua, des ukulélés... C'est définitif, je n'ai rien à voir avec une star. Même les hobbits sont sûrement plus reconnus que moi. Nom d'un poulet, quel cauchemar ! *

Devenant soudain rose de terreur, Wendy balaya du regard les hordes de bougres qui la huaient. Une boule se forma dans sa gorge et elle sentit un goût amer dans sa bouche. Ah, c'était ça la honte et la défaite... Elle en avait entendu parler, une fois, dans un des récits d'horreur de sa vieille Mamie L'Oie. Rien qu'à y penser, Wendy frémit. C'était l'histoire d'un pauvre artiste raté qui ne trouvait pas le succès. C'était certainement la pire chose que puisse imaginer un Meyer, la perte d'un proche ou l'isolement social ne signifiant pas grand chose pour eux. Peu importait à part la gloire. Wendy l'avait très bien compris, et il fallait qu'elle l'apprenne à ces gens, issus d'un univers paranormal ou pas.

-Amanda, il faut que cela cesse ! Cria-t-elle à l'intention de sa camarade de couleur, toujours entrain de se trémousser et chantant pour divertir la foule.

Elle ne sembla pas l'entendre. Vexée de s'être pris un beau vent, Wendy adopta un air glacial qui incitait plus à lui obéir, posa ses mains sur ses hanches et tapa du pied. Mais rien ne venait.

-AMANDA ! Répéta-t-elle plus fort, provoquant les acclamations enjouées de la foule.

Ces vulgaires paysans en salopettes semblaient apprécier un spectacle aussi dénué de grâce que celui-ci. Amanda dansa et chanta de plus belle, portée par les applaudissements de son public. Wendy soupira, mi-exaspérée mi-amusée. Ainsi donc, elle se prenait pour elle ? Enfin Amanda se prenait pour Wendy ? Un sourire narquois marqua le coin des lèvres de cette prétentieuse pintade qu'était Wendy, et elle roula des yeux, manquant même d'éclater de rire. Elle allait montrer à ces gens qu'elle savait faire bien mieux que cette campagnarde, bien que la taille de son cerveau soit comparable à celle d'une noix, comme pour ses cousines les autruches.

-HEYYY ! Lança Wendy en claquant des doigts, le bras en l'air. Ecoutez-moi, je vais vous montrer ce que c'est qu'un show !

Mais personne ne sembla l'entendre. Tout le monde était admiratif devant la prestation grotesque de cette Amanda. Pour éviter de s'énerver, Wendy s'efforça de se rappeler qu'ils étaient ignorants de ce qu'était l'art, pauvres petits êtres dénués de la moindre culture. Elle eut beau claquer des doigts puis des mains une bonne douzaine de fois, personne ne fit attention à elle. La blonde dut alors passer à l'attaque pour être le centre de l'attention. Elle se précipita vers la boîte en carton, qui servait à Amanda pour reproduire les bons mouvements de la danse, et donna un gros coup de pied dedans. Les marionnettes cessèrent de s'animer et la foule ne fit plus le moindre bruit. Amanda avait fini sa petite chorégraphie d'amatrice, et Wendy pouvait ENFIN démontrer ses talents. Elle rejeta sa crinière dorée en arrière puis se tourna vers son adversaire :

-La revanche d'une blonde !

Et puis se tourna vers la foule, les bras tendus en l'air :

-Vous savez ce qu'est une diva ?

Pas de réponses. Wendy ne s'en préoccupa pas et reprit, imperturbable :

-MOI OUI ! Vous allez assister à la chorégraphie la plus spectaculaire de tous les temps, mes cocos ! Et ici, il n'y aura pas de danse de cow-boy comme en a fait Amanda, non non, ce n'est absolument pas convenable. Mes pieds sont d'ailleurs trop délicats pour ces bottes si rudes qu'on dirait qu'elles appartiennent à des paysans de la pire espèce, telle que Jean-Charles DuFossé. Ils n'ont été conçus que pour porter des souliers en verre, en or, argent, ou à paillettes, et à talons aiguilles ! Enfin, cessons les bavardages, venons-en au spectacle. Pour les intéressés, je serai disponible dans les coulisses en fin de show pour parler de mon ascension fulgurante vers le sommet de la gloire . Envoyez la musique !

Les spectateurs béats devant son discours ridicule, Wendy se mit à danser et chanter au rythme d'une chanson, en duo avec un nouveau type tout droit sorti du public. Ah, elle s'amusait ! *-* Et les gens ne disaient rien, ils devaient être surpris. Ou peut-être qu'ils étaient traumatisés, aussi. Enfin tant pis pour eux. Lorsque la musique s'arrêta, Wendy se jeta à genoux, les bras une nouvelle fois levés vers son public (heureusement qu'elle utilisait du déodorant OO), et un sourire triomphant sur le visage. Mais la foule resta silencieuse ; on entendit même des grillons chanter. Wendy resta dans la même position pendant un certain temps, attendant les félicitations. Elle ne remarqua pas un type très peu vêtu derrière elle qui passait avec un panneau « APPLAUSE », ce qui provoqua les sifflements admiratifs et les claquements de mains enthousiastes du public. Wendy soupira d'aise, soulagée que ces gens peu civilisés aient enfin reconnu son talent.

-Je suis ravie de vous avoir plu, mes chers …

La blonde n'eut toutefois pas le temps de finir sa phrase : une nouvelle chanson venait de se mettre en route, clamant les femmes solitaires. Effarée, Wendy regarda dans tous les sens. Il ne s'agissait pas d'Amanda, qui n'avait pas l'air contente du tout. Ah ! Ce devaient être ces trois danseuses qui provoquaient ça. Le numéro sembla bien plus plaire au public que la prestation de Wendy, mais elle n'y fit pas attention. Ce n'était que le début de la chanson, après tout... Enfin, un type en justaucorps noir avec des talons (et qui ne savait manifestement pas marcher avec, et encore moins danser), rejoignit la danse. Puis des écureuils. Puis une équipe de football, menés par un autre garçon en justaucorps, plus petit cette fois et avec des chaussures plus adéquates. Wendy se surprit même à rejoindre le mouvement mais se gifla intérieurement : NE JAMAIS SUIVRE SES ADVERSAIRES ! Viles adversaires d'ailleurs, car ils remportèrent la compétition, d'après le drôle de monsieur qui avait accueilli Wendy et Amanda tout à l'heure... Wendy échangea un air furieux avec Amanda, outrée qu'elles n'aient pas gagné. Ce n'était pas juste, on les avait rejoint en cours de prestation ! Elle fit d'ailleurs part de son mécontentement au présentateur, l'attrapant violemment par le col pour qu'il soit à sa hauteur et puisse croiser son regard de tueur.

-J'EXIGE QU'IL Y AIT UNE AUTRE COMPETITION ! Dit-elle sans cesser de le regarder, histoire de le terroriser encore plus. JE SUIS WENDY MEYER, NOM D'UN CANARD !

Visiblement effrayé, le présentateur se mit à trembler et essaya de se dégager, en vain. Wendy le tenait trop fort.

-Je... je vais faire quelque chose ! promit-il en bredouillant.

Wendy se décida donc à le relâcher et rejoignit Amanda, observant du coin de l'œil les trois danseuses. La foule les acclamait toujours, mais ils verraient bien... Wendy n'avait pas dit son dernier mot.

-Alors, comment ça va ? lança-t-elle à Amanda, sans se soucier d'avoir gâché sa danse tout à l'heure. J'ai assuré, tu ne trouves pas ? *-*

Peu après ça, le présentateur annonça la deuxième manche. Les marionnettes s'animèrent à nouveau dans la petite boîte mais faillirent repartir en apercevant Wendy. Haha, ce qu'elle pouvait être imposante et susciter le respect, parfois !

-Pour la manche 2, les concurrentes devront s'affronter sur une épreuve de Just Dance 2 qui vient tout droit de NarniaGames ! Le but est de reproduire parfaitement les mouvements indiqués à l'écran, un peu comme pour Cotton Eye Joe – pitié, ne chantez pas mademoiselle Amanda, on n'a pas le temps - au début de la compétition. A vous !

Le public applaudit une nouvelle fois et la blonde observa tour à tour Amanda et chacune des danseuses. Ahah, elle les battrait toutes... Peu après ça, la musique se mit en route et les marionnettes s'animèrent dans la boîte en carton ; la foule retint son souffle. Ah, ça n'avait pas l'air mal ! Wendy s'empressa donc de reproduire les mouvements à l'écran. Lever le bras puis le baisser et faire la même chose avec l'autre, c'était facile... Du moins, elle le pensait, car elle envoya directement un coup de poing involontaire à une des filles. Zut alors

Non mais comment une fille avec une apparence aussi banale pouvait l'emporter ? Wendy méritait largement de gagner ! Même Amanda valait bien mieux que cette peste... Enfin ça, il ne fallait pas le dire. Amanda avait déjà assez de confiance en soi pour alimenter une ville entière, si l'énergie de base était l'égocentrisme. Inutile de préciser que Wendy, elle, pourrait carrément alimenter un pays.

La blonde à plumes devait bien avouer qu'Amanda était plus douée dans un domaine qu'elle (mais bien évidemment c'était le seul, Wendy était la meilleure en tout) : la franchise. Elle n'eut aucun problème à lui balancer ses quatre vérités tandis que Wendy ne fit qu'enchaîner là-dessus, bien moins certaine dans ses propos que l'avait pu être sa rivale. Ah, il faudrait que Wendy prenne des cours... Et en parlant de cours, on pense à courir ! Ce que firent les deux blondes après que la vile Bailey se transforme en monstre assoiffé de talent et les poursuive comme une furie. Pour bien comprendre la scène, voici une petite aide :

Prenons exemple sur le smiley  :
Nous avons donc en premier (vert d'eau) la rapide Amanda qui s'élance avec agilité en direction de la sortie.
Les amoureux... Bah y en a pas.
L'athlétique petit bonhomme vert pourrait bien être cette téméraire Wendy qui préférait se faire manger les cheveux par Bailey plutôt que risquer de casser un de ses talons. Elle n'allait donc pas très vite...:lol :
Il n'y avait pas non plus d'acrobates à courir derrière Wendy. Le concours ne concernait que la danse, pas le cirque.
Et bien sûr, le gros bonhomme jaune, c'était Bailey.

La course de Wendy et Amanda ne mena pas bien loin, puisqu'elles durent s'arrêter devant la grille tout juste refermée. Pour la première fois de sa vie, la blonde eut assez d'intelligence pour comprendre qu'elle avait un problème. Et en l’occurrence, un gros problème : elle risquait de mourir O.O Comme si son cerveau jusque là inexistant avait enregistré le message d'alerte, il relâcha tout ce que Wendy pouvait dire d'intelligent et elle se retrouva donc pour la première fois de sa vie à dire des choses censées.

-Tu sais Amanda... Même si tu es une vraie peste, je suis contente de t'avoir connue . Ça m'a fait du bien de connaître une fille de mon rang, aussi jolie et blonde que moi, et même si je reconnais que je suis parfois invivable, je voulais te dire que... C'est quoi Igsne Foufou ?

Personne n'eut le temps de répondre à Wendy : Bailey était si proche que la blonde pouvait parfaitement sentir son haleine pestilentielle.

-Ça sent les crevettes …

Oui, Wendy avait horreur des crevettes...

-VOUS ALLEZ MOURIR ! Rugit Bailey en brandissant un micro-broche à chiottes au-dessus de sa tête, prête à poignarder les deux blondes avec.
-ON VA MOURIR ! Geignit Wendy.

Et alors que l'arme allait s'abattre sur les deux innocentes jeunes filles, un cri d'oie étrange retentit. La foule, ayant retenu son souffle jusque là, put enfin se relâcher. Les soupirs provoquèrent une rafale de vent qui ébouriffa les cheveux de Bailey la grande prêtresse, si bien qu'elle se retrouva avec des mèches dans les yeux et ne vit plus rien. Elle dut lâcher son arme pour pouvoir dégager les mèches de son visage, et l'objet alla rouler hors de sa portée. Alors qu'un nouveau cri de la créature retentissait, tout le monde leva les yeux vers le ciel. Au début, personne ne distingua quoi que ce soit : la lumière du soleil était aveuglante. Peu à peu, une silhouette leur apparut. Elle ressemblait à un gros oiseau, un oiseau très spécial... et elle était en mouvement, se dirigeant à une vitesse fulgurante dans leur direction. Dans les gradins, beaucoup de gens se mirent à hurler et se bousculer pour gagner les sorties de secours. Face à ce chaos, Bailey rattrapa son arme et la pointa vers les cieux, menaçant la créature de l'objet puant. Amanda n'avait pas bougé, sûrement stupéfaite, et Wendy restait immobile, complètement paumée.

-Je crois que c'est Tante Adélaïde, murmura-t-elle pour elle-même. Oui, elle a un bec comme ça ! (N'oubliez pas que 80% des membres de la famille Meyer sont des oiseaux.) En revanche, elle n'a pas le même cri...

Alors que la créature n'était plus qu'à quelques mètres de distance de leurs têtes, Wendy distingua des pattes de cheval. Ah non, en effet, ce n'était pas sa tante Adélaïde...
C'était Buck l'hippogriffe !
Mais bien sûr, Wendy ne le connaissait pas. Elle se contenta de l'observer désarmer Bailey de sa brosse-épée puis l'expédier dans le fossé d'un simple battement d'aile, sans jamais faire avoir la moindre réaction. Rien ne lui paraissait jamais étrange, à cette fille. Et puis voir des hippogriffes se poser dans une arène lors d'un concours de danse, ce devait être tout à fait normal ici. Buck se posa majestueusement sur le sol. Wendy resta l'observer. Buck lui adressa un regard foudroyant tandis qu'Amanda montait sur son dos. Wendy ne cilla pas. Buck poussa son cri d'oie. Wendy ne réagit toujours pas. Ce fut Bailey, à moitié dans les vappes (mais surtout dans la boue), qui parvint à l'aider :

-Mais enfin, monte sur son dos ! Gémit-elle en levant un bras dans le vide, tentant de remonter sur la terre ferme. Il va se remettre à hurler sinon !

Ce que fit automatiquement l'hippogriffe. Le bras de Bailey retomba et la peste dégringola à nouveau dans le fossé. Wendy sourit, ayant enfin tilté, puis s'empressa de rejoindre Amanda sur Buck à la vitesse que lui permettaient ses chaussures. Une fois confortablement installée sur le dos de l'animal, Wendy sortit une ceinture de sécurité spéciale chevaux ailés – et rose pailleté, évidemment – et l'attacha. Il ne manquerait plus qu'elle ait un accident en plein vol. C'est l'assurance qui serait contente...:suspect :

-Tu n'attaches pas ta ceinture, Amanda ?

Mais elle ne prit même pas la peine de lui en offrir une.
Un hérissement des plumes de Buck indiqua qu'il commençait à s'échauffer, ce qui voulait dire qu'il allait bientôt s'envoler. Il n'y avait à présent plus personne dans les gradins. La seule personne présente à part les deux belles blondes et leur cheval ailé (avec une jolie tête d'aigle, si c'est pas glamour ça), c'était Bailey, semblable à un petit cochon qui se roulait dans la boue. La pauvre n'était toujours pas parvenue à sortir de son fossé. Nouveau signe que le décollage n'allait pas tarder : la petite voix féminine qui sortit du bec de Buck :

-Chers passagères, bonjour. Air Buck vous informe que le vol ne pas tarder à avoir lieu, et nous vous recommandons donc de bien vous cramponner. Pour tout besoin ou renseignement, veuillez demander notre ravissante hôtesse Harry, disponible en balai près de nous.

Une flèche lumineuse indiqua un point noir qui tourbillonait dans le ciel. Wendy pensa qu'il s'agissait d'un vaisseau spatial, mais une personne normale aurait compris qu'il s'agissait bien de Harry.
Quelques secondes plus tard, Buck battit des ailes et s'élança dans les airs. Commençait alors pour Wendy et Amanda un tour de manège extra !