Ayant été réveillée assez tôt ce matin par un des animaux de Simon, Mallory se décida à aller faire un tour vers le village. Elle avait bien entendu penser à prendre son épée, vu tous les fous qu'on peut rencontrer de nos jours u_u Et en effet, ce n'était pas une mauvaise idée ...

Après avoir marché une bonne dizaine de minutes, elle aperçut une dame, trainant un lourd panier de pommes, entrain de parler à une fille d'à peu près son âge, une de ses pommes à la main. La scène disant étrangement quelque chose à Mallory, elle resta les observer. Et d'un coup, elle se souvint pourquoi ceci lui disait quelque chose. Elle pensait à un conte qu'elle aimait beaucoup quand elle était petite : Blanche-Neige et les sept nains. La sorcière voulait tuer sa belle-fille en l'empoisonnant avec une pomme. Et là, une vieille dame voulait en donner une à fille. Curieuse coïncidence. Mais bon, ça paraîssait impossible que Blanche-Neige et sa sorcière de belle-maman soient là. D'accord, c'était bizarre ici, mais quand même. Mallory continuait de regarder la scène, essayant de ne pas se faire remarquer, et elle vit que la fille prenait une des pommes et commençait à la manger. Mallory ouvrit de grands yeux et s'attendit à voir la fille s'écrouler, mais non, elle continuait de manger, pas très proprement d'ailleurs ... Rassurée, Mallory commença à s'éloigner. Mais à ce moment là, la fille lâcha la pomme, cracha ce qu'elle avait dans la bouche, hurla, lança la pomme, et finalement partit en courant. La vieille dame, elle, ricannait. Inquiète, Mallory s'approcha prudemment d'elle. En fait, ce ne serait pas si étonnant qu'il y ait des sorcières, ici. Un affreux doute la dérangeait et il fallait qu'elle sache. Et si elle tombait sur le Capitaine Crochet, aussi ? OO Quand la vieille dame vit Mallory approcher, elle lui fit un grand sourire édenté. Mallory fit une grimace, grimace qui devint encore pire quand la vieille dame se baissa sur son panier.

«Dites Madame, par hasard, vous ne seriez pas du genre belle-mère jalouse de sa fille au point de vouloir la tuer ... ?
-Pardon ?»

Mallory se mit à rougir, car, comme c'est étrange, elle sentait bête et bizarre à poser une question comme ça. Mais visiblement, la vieille dame ne semblait pas avoir compris ce qu'elle disait, grand soulagement pour Mallory.

«Huuum... Je disais qu'il faisait beau aujourd'hui ...
-Non, je ne vends pas de pommes cuites, mais des toutes fraîches. Tu en veux une ? »

Après ces quelques mots, Mallory resta perplexe. La vieille dame était-elle une tueuse en série (cereal-killeuse) ou une malentendante ? Ou les deux ? Dans tous les cas, elle n'avait aucune envie de manger une de ces pommes. Et puis d'où elle sortait toutes ces réponses bizarres ? Mallory hocha négativement la tête, mais la vieille dame, qui devait aussi être un peu myope ou alors tout simplement bornée, lui en donna deux OO

«Mais je n'en voulais pas ! OO
-Un goût de pâtes, mes pommes ? Non je ne crois pas...»

Commençant sérieusement à s'énerver, Mallory fronça les sourcils, et la grand-mère lui sourit de toutes ses dents -ou plutôt de celles qui lui restaient- en retour. Mallory jeta un coup d'oeil aux pommes et les examina brèvement, puis s'aperçut avec horreur qu'il y avait plusieurs trous sur chacune des pommes et qu'un ver sortait de l'un d'eux. Au même moment, elle entendit quelqu'un lui parler à l'oreille et sursauta. Etait-ce à cause des vers ou parce qu'on venait de la surprendre ? Peut-être les deux. Mallory se retourna et se dit qu'il ne manquait plus que la personne en face d'elle pour péter un câble avant la fin de la matinée.

Cette personne devant elle, c'était Matt, un garçon qu'elle n'appréciait pas beaucoup. Il l'agaçait au plus haut point, et sans savoir pourquoi, lui faisait même un peu peur. Mais que voulez-vous, c'est psychologique. Mallory lui adressa un regard noir dont elle a le secret, oubliant totalement la vieille dame et ses pommes.

«Matt ... Ca ne va pas de surprendre les gens comme ça, non ?»

Elle tourna la tête vers la vieille dame qui recommençait à sourire et se penchait vers son panier pour prendre une pomme.

«Oh misères ...»

Regardant Matt du coin de l'oeil avec un air grognon, Mallory se demandait si elle pouvait tomber sur quelqu'un d'encore pire que lui et la vieille dame. Une frappée vendeuse de pommes bourrées de vers de terre et un type qui ne lui inspirait pas vraiment de sympathie au même endroit et au même moment avec elle, c'était quand même fort. En fait, Mallory n'avait jamais vraiment réfléchi à pourquoi elle ne pouvait pas apprécier Matt. En y pensant, elle se rendit compte qu'il lui faisait peur. Un air pas net, en fait u_u Et puis elle le trouvait prétentieux. Pas très intelligent non plus. Bref, ce n'était pas la joie.

- Mais arrête de faire cette tête, j'ai rien fait encore !

Mallory se tourna vers Matt et lui adressa un regard puis reprit son air boudeur. Et réalisant ses paroles, elle le regarda avec un air soupçonneux. "J'ai rien fait encore !" ? Est-ce que ça voulait dire qu'il avait l'intention de lui jouer un tour ? Oh mais elle n'allait pas se laisser faire, qu'il se méfie. Mallory n'était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, non. Plutôt du genre à donner un coup de pied en retour. Tout en observant avec un air intrigué la vieille dame ranger à tout vitesse ses pommes alors qu'un soldat arrivait dans leur direction, Mallory se décida à arrêter de bouder. A moins qu'elle ne soit bigleuse, Matt n'avait pas l'air d'ici. Elle non plus, mais il ne ressemblait pas aux autres Narniens. Un telmarin, sûrement. Comment l'avait-elle deviné ? L'intuition féminine, évidemment Et elle avait entendu assez de choses pour savoir que les Telmarins et les Narniens ne s'appréciaient pas, mais alors pas du tout, et qu'il ne valait mieux pas qu'un Narnien se balade à Telmar ou inversement, un Telmarin à Narnia. Ce qui devait poser un problème à Matt, et, même si elle ne s'entendait vraiment pas avec lui, ce n'était pas une raison pour qu'elle le laisse se débrouiller si il avait des ennuis. Mais celui-ci n'avait pas l'air de s'être rendu compte que le soldat approchait. Même qu'il lui demanda :

- T'as l'intention de manger ces pommes...?

Mallory le fixa avec des yeux noirs et s'aperçut qu'elle avait oublié les pommes. Et justement, un ver était sorti de l'un des fruits et ... lui rampait sur la main OO Dégoûtée, même limite horrifiée, Mallory agita sa main de haut en bas pour le faire tomber et lâcha ses pommes, mais c'est qu'il tenait bon ce petit T.T . Et le soldat se rapprochait de plus en plus, profitant que la vieille dame ait laissé tombé son sac de pommes douteuses. Mallory eut alors une idée, brillante comme d'habitude , qui lui traversa l'esprit. Elle s'approcha de Matt, le prit par le bras en en profitant pour essuyer discrètement sa main et l'entraîna plus loin. Arrivés dans un endroit plus calme où seulement quelques personnes passaient de temps en temps, elle le lâcha et s'assit sur un tronc d'arbre coupé.

-Je n'avais pas répondu à ta question, donc je le fais : non. Je ne sais pas si tu l'avais remarqué, et si non tu t'en renderas compte bientôt, mais les pommes étaient pleines de vers. Ah, et si je t'ai éloigné d'un coup, ce n'est pas parce que je suis folle comme tu pourrais le penser, mais parce qu'il y avait un soldat qui arrivait et que je me doutais que ça ne te plairait pas de le voir.

Mallory lui adressa un sourire presque sarcastique et continua à faire sa boudeuse. Et d'un coup elle releva les yeux, intriguée.

-Qu'est-ce que tu fais là, en fait ?

Voulant s'assurer qu'il n'y avait personne de suspect par ici, à part Matt bien entendu, Mallory balaya du regard les environs, sans ne voir personne à part un grand blond aux airs de tueur avec un petit ver qui pendait à la manche de sa chemise ... Bah c'était Matt, tiens. Même qu'il avait l'air de dire quelque chose. Mais Mallory n'avait aucune envie de l'écouter faire de longs discours, elle était bien assez préoccupée comme ça. Et bla et bla et bla ... En fait, il ne parla pas longtemps, mais comme Mallory était assez nerveuse, et Dieu sait pourquoi d'ailleurs, ça lui parût une éternité. Alors pour se venger, elle ne répondit que « Moui, moui ... » à ce qu'il racontait de beau. Muhahaha quelle cruauté, je sais. Et môssieur daigna répondre à sa question. Oh, c'était si gentil que Mallory en fut très touchée =o. Mais il poursuivit en lui posant une question en retour. Elle aurait dû s'en douter, tiens.

-Moi ? Eh bien je me promenais tranquillement et d'un coup j'ai vu cette dame. Elle insistait pour que je prenne ses pommes alors bon... Et ô malheur, comme si ça ne suffisait pas, tu es arrivé après.

Et tout cela fut dit sur un ton digne d'une boudeuse, bien sûr. Mallory adressa un sourire ironique à Matt, comme pour le narguer, car elle n'appréciait toujours pas sa présence. Et celui-ci recommença à lui poser des questions. Non mais, c'était un interrogatoire ou quoi ? Voilà qu'il devenait policier, ahah. Mallory s'empressa de répondre à la question de Matt, elle n'avait pas non plus envie qu'il s'énerve, hein. Pas besoin d'un Hulk à Narnia.

-Je sais me battre à l'épée. Pourquoi ? Tu veux voir ?

Elle s'imagina alors qu'il allait avoir envie de faire un combat avec elle … Pour une fois, Mallory avouait que ce n'était pas une mauvaise idée. Mais elle n'allait sûrement pas le dire à voix haute, elle n'allait pas lui faire ce plaisir. Il était déjà assez prétentieux, et qui dit prétentieux dit chevilles qui enflent, et c'est embêtant pour les chaussettes, ça. A peine y avait-il eu un silence de quelques secondes que Matt se remit à parler pour lui demander quel âge elle avait. Lui arrivait-il de se taire, à ce garçon ?

-J'ai 16 ans. Maintenant c'est à moi de te poser des questions. Pourquoi me poses-tu cette question et toi, quel âge as-tu ?

Et d'un coup, elle entendit quelque chose qui bougeait dans un buisson. Par simples précautions, car ça ne pouvait très bien être qu'un animal, Mallory sortit son épée. Mais Matt ne semblait pas avoir entendu les bruits qui venaient du buisson, car il eut l'air de comprendre comme si elle était entrain de l'inviter à se battre. Rah, quel cerveau lent celui-là … Mallory lui donna alors une grosse tape sur le bras et lui fit un regard mi-furieux mi-désespéré et lui indiqua du regard les buissons.

-Il y a un truc là-dedans, chuchota-t-elle.

Une idée très bizarre traversa l'esprit de Mallory. Elle imaginait un ver géant qui sortait de derrière les buissons pour se venger du petit ver qui avait été chassé de son logis qu'était la vieille pomme pourrie de la vendeuse.

« Va t'coucher, Mallory ! »
« Chut, Conscience ! »

Mallory resta fixer les buissons pour essayer de voir ce qui s'y cachait. Elle n'osait pas tellement approcher pour l'instant, en fait. Elle crut distinguer quelque chose tout à coup, mais cette chose fut cachée par le popotin de Matt qui approchait. Désespérant, ce garçon. Mallory poussa un soupir et observa Matt qui s'assurait qu'il n'y avait rien dans les buissons. Comme il ne trouvait rien, Mallory pensa que c'était peut-être simplement un animal ... Mais non. A peine Matt s'était-il retourné qu'un petit bonhomme affreux comme tout sortit des buissons. L'abominable homme des buissons. Comme figée par la surprise, Mallory ne fit aucun geste en voyant la créature tirer Matt en arrière. Et puis de toute façon, il pouvait très bien se défendre tout seul. C'était un grand garçon après tout. Et puis brusquement, le monsieur se jeta sur elle, sans qu'elle s'y attende. Donc, pas le temps d'esquiver. Donc, Mallory se reçut un sacré coup de poing dans le bras, lui faisant lâcher son épée. Eh bien eh bien, quelle violence ! Pourtant, elle n'avait rien fait. Pourquoi donc faire de la violence gratuite ? Mieux valait avoir un esprit Peace&Love, voyons !

-OH, OH, OH ! ON SE CALME-EUH OO !

Et je précise que le « Oh, oh, oh ! » n'a pas été dit sur l'air du Père Noël ou du Géant Vert de la pub. Non, non, avec fermeté, vous voyez u_u. Pour toute réponse, le « truc » se mit à lui tirer les cheveux. Et tout le monde sait que toutes les filles détestent ça, mais alors Mallory, elle, en avait horreur. Le monsieur n'avait pas été prévenu mais tant pis pour lui, un bon coup de pied et il se faisait expédier contre un arbre. Mallory eut juste le temps de lever les yeux vers Matt qui n'avait pas bougé le petit doigt. A vrai dire, Mallory s'attendait à le voir les orteils en éventail, adossé contre un arbre, mais non. Mais ce n'était pas loin … Elle attrapa son épée, voyant l'abominable homme des buissons arriver avec un énorme bâton. Ce qui n'était pas une mauvaise idée, car il se débrouillait plutôt bien avec son bâton qui était loin d'être aussi fragile qu'un petit bout de bois. Mais bien sûr, Mallory n'avait aucun problème pour se défendre héhé Enfin, pas trop … D'un coup, le monsieur voulut lui donner un coup de bâton dans le ventre, coup qu'elle arriva à bloquer.

-Nan mais vous êtes qui, vous ?!
-Yé... Yé m'appelle Charrrles !

C'est qu'il avait un accent espagnol, ce monsieur. Mallory poussa le « Charrrles » en arrière. Il attérit contre un arbre, se releva et se cacha à nouveau derrière les buissons. Toute essoufflée, Mallory alla vers Matt pour bien lui hurler dessus. Oh et puis non, mieux valait partir plus loin avant que Charles ne revienne. Ils se disputeraient après. Mais trop tard. Mallory dû baisser la tête pour éviter un gros caillou que lançait l'abominable homme des buissons. Bientôt, il en lança des multitudes. Mallory se cacha derrière un arbre pour se mettre à l'abri. Elle tourna la tête et vit que maintenant, Charles s'en prenait à Matt. Il lançait tellement de cailloux -assez gros d'ailleurs-, que le blond était trop occupé à les éviter pour pouvoir se réfugier derrière un arbre. Aussi, il avait été éloigné des quelques « abris » qu'il y avait à proximité. Mallory sortit à nouveau et courut vers Matt pour s'apercevoir que ce n'était pas Charles mais des minis-Charles, justement, qui lançaient des pierres. Lui, il était caché quelque part et attendait le bon moment pour attaquer à nouveau. Journée de fous, je vous dis, journée de fous ...

Tandis qu'un mini-Charles lui saisissait la jambe pour lui faire perdre équilibre, Mallory s'aperçut que Matt avait disparu. Il lui avait bien posé des questions auxquelles Mallory n'avait pas répondu, trop occupée à chasser de coups de pieds les bestioles, mais quand même, la laisser là pour si peu. Elle savait bien qu'il ne s'était pas fait emmener par les Charles. Non, non, non. Matt était un abruti profond, d'accord, mais il savait se défendre. Quoique, s'il s'était fait assomer, ce serait un grand plaisir pour Mallory de le réveiller avec de belles baffes qui claquent bien. Rah, le lâche. Si elle arrivait à semer ces trucs, il allait voir. Mais alors là, il se souviendrait toute sa vie des claques qu'elle allait lui donner. Le truc, c'est qu'en fait, ça n'aurait pas été plus mal que Matt soit là, car du coup, tous les petits Charles ne s'attaquaient pour Mallory. Tandis que s'il était là, il aurait ENFIN pu servir à quelque chose. L'attention des Charles ne serait pas porter que sur elle.

Mais après seulement quelques instants, Mallory commença à fatiguer. Un coup de pied par-ci, un coup de pied par-là ... D'accord, elle était habituée à en distribuer à ceux qui l'agaçaient de trop, mais pas à en distribuer autant d'un coup. Ce n'était pas une machine, quand même. Bientôt, elle ne pourrait plus se défendre. Saletés de bestioles, va. Et d'un coup, comme par miracle, les petits Charles levèrent tous la tête en direction des arbres. Ils restèrent immobiles quelques instants puis se mirent à s'enfoncer dans la forêt en poussant de petits cris. Mallory resta les regarder s'éloigner, hallucinée, et s'assit sur le sol, complètement crevée. Elle releva la tête pour s'assurer qu'aucun Charles ne revenait et qui vit-elle ? Matt, l'air tranquille, qui revenait en sifflotant presque. Oh le lâche, oh le lâche. Elle savait très bien qu'il n'avait rien à voir avec le départ des Charles. Non, monsieur avait dû se cacher en attendant que ça se passe. Furieuse, Mallory se leva, sentant toute sa fatigue disparaître avec la colère. Mieux, que le café, j'vous dis Les poings serrés et le regard noir, elle se dirigea d'un pas décidé mais discret vers lui. Et alors qu'il ne s'attendait pas, Mallory le poussa violemment en arrière. C'est que ça ne rigole pas chez eux =o

-Je peux savoir pourquoi tu m'as laissé toute seule avec ces trucs ? Enfin non, je ne veux même pas savoir. Non mais, quel courage, quoi ! Je ne pensais pas que tu étais un lâche.

Et SBAF, SBAF, et SBAF. Trois belles claques qui s'écrasèrent violemment sur les joues de Matt, sans prévenir. Mallory lui adressa un autre regard noir, mais pas du genre "J'te boude !" mais plutôt du genre "Encore deux et tu vas être défiguré, donc méfies-toi ". Et qui ne sait pas que Mallory ne rigole pas avec ça ? Peut-être qu'elle y était allée un peu fort avec les baffes mais de toute façon …

« C'est pas moi, c'est ma main
- Oui, oui, c'est cela …
-Roh mais je t'ai rien demandé à toi, Conscience ! »

Vous l'aurez remarqué, Mallory ne s'entendait pas bien du tout avec sa Conscience. Enfin, la plupart du temps. Un peu comme avec Matt. Une Matt pour conscience ? Mallory se mit alors à imaginer Matt avec des cheveux plus longs rassemblés en deux couettes et une longue robe rose. Et ça ne donnait pas un résultat joli-joli. Mais elle ne put se retenir et éclata de rire. Elle passerait pour une folle devant Matt, mais elle s'en fichait. Elle n'était pas à ça près, et puis il devait déjà le penser. Et puis, s'il osait lui faire la moindre remarque, il s'en prendrait encore une autre. Nan mais oh !

A peine Mallory avait-elle pu admirer son exploit (bah oui, Matt à terre, si ce n'est pas quelque chose, ça ... CHAMPAGNE !) que Matt se remit debout. Et pouf !, il la mit par terre à son tour. En lui faisant mal au poignet, en plus. Et c'était loin d'être normal, ça. Pas normal du tout, du tout, même. Et puis il faisait son costaud, mais Mallory savait très bien que Matt faisait partie des garçons dont on disaient d'eux qu'ils avaient "tout dans les muscles et rien dans la tête." Aah ça, elle en était persuadée. Mallory allait pousser des protestations pour l'agacer le plus possible (sa vengeance sera terrible, MUHAHAHA !), mais ... Il sortit une dague. Là, il y avait un gros problème. D'accord, Mallory avait bien cherché, elle le reconaissait, mais bon c'était pour l'embêter, rien de méchant... On va dire. Et il le lui rendait bien. Enfin bref, ce n'était pas une raison pour sortir une dague. Surtout que dans la position dans laquelle elle se trouvait - c'est à dire affalée entre deux buissons, les mains griffées par de petits cailloux et la manche agrippée dans une ronce -, Mallory aurait du mal à se défendre. C'est là qu'elle commença à se rendre compte qu'elle avait peur et qu'elle n'aurait pas dû autant le chercher. Après tout, elle ne connaissait pas Matt, et il pouvait très bien être dangereux. Enfin, ça elle le savait, qu'il était un danger public. Il avait suffi qu'elle le voit une fois pour être fixée. Pauvre garçon, va. Ce ne devait pas être facile tous les jours ... Mais retrouvons un peu de sérieux, puisque la situation n'avait rien de drôle. Mallory fixait Matt, et surtout sa main tenant la dague avec des yeux ronds. Il n'allait tout de même pas se servir de sa dague ... ? Voilà l'un de ses défauts, elle fonçait toujours avant de réfléchir. Elle y repenserait la prochaine fois, ou du moins essaierait ...
Mais, coup de chance, Matt rangea sa dague, après avoir marmonné quelques paroles pour faire son intéressant. Alala, j'vous jure. Mallory attendit qu'il se retourne pour pousser un soupir soulagé. Manquerait plus qu'elle lui laisse paraître qu'il lui faisait peur. Là, elle toucherait le fond. Et il commença à s'éloigner. Reprenant ses esprits, Mallory se rendit compte qu'elle était toujours assise inconfortablement sur le sol dur. Elle dégagea sa manche des ronches, se releva et se frotta les mains pour faire partir un peu de saleté qui s'y étaient aggripées. Et regardant autour d'elle, Mallory aperçut aussi Matt qui était entrain de s'en aller comme si de rien n'était. Ah non ! Mais elle n'allait pas le laisser filer comme ça. Mallory avait encore bien des choses à dire à Matt, elle était furieuse. Mais jamais elle n'avait été furieuse à ce point. En fait, Matt était la seule personne qui puisse autant la mettre en colère. D'habitude, Mallory était bien plus gentille (si, si, je vous jure !) et ne cherchait pas les embrouilles. Etrange ...
D'autant plus qu'elle n'allait sûrement pas rester toute seule, car, pour courronner le tout, elle ne savait plus où elle était. La clairière où ils avaient débouché tout à l'heure était entourée d'arbres et de buissons qui se ressemblaient tous autant que les autres. Et Mallory ne connaissait pas assez bien les environs pour réussir à retrouver le village. A part Charles et les petits Charles, il n'y avait aucune personne (si les Charles peuvent être comptées comme personnes) qui pourrait l'aider à retrouver son chemin, sauf Matt.

* Monde cruel ... *

Qu'est-ce qu'ils avaient avec elle aujourd'hui, là haut ? Non mais, franchement ... Elle n'allait tout de même pas avouer à cet imbécile qu'elle était perdue, il serait trop fier. Et pourtant elle y était obligée. Quoique, peut-être qu'il était perdu, lui aussi. Ah, si c'était le cas, le désespoir la mènerait à la corde. Ah mais non, qu'elle était bête, il n'y avait des cordes que sur le marché, et justement, elle ne savait pas comment y retourner. Raah, Mallory espérait que, si elle arrivait à retrouver la maison où étaient restés ses frères, elle ne serait pas encore devenue folle. En attendant, il était temps qu'elle retrouve Matt. Mallory accéléra donc le pas, traversa quelques haies et buissons et finit par le retrouver, adossé contre un arbre. Ah et tiens donc, juste derrière lui, elle pouvait apercevoir le village. Elle avait échappé de peu à un malheur : celui d'avouer à Matt qu'elle était perdue. Bon, ils n'étaient peut-être pas si cruels que ça, au ciel. Ce n'était que la végétation qui l'avait empêché de voir le village, tant mieux. Elle s'était inquiétée pour rien. Mallory imaginait bien que si c'était un autre chemin qui menait au village, qu'elle avait avoué à Matt qu'elle était perdue, il ne serait arrivé que des catastrophes. D'abord, il se serait moqué d'elle, et Mallory n'aurait pas pu supporter de se faire rabaisser par cet idiot. Ensuite, il ne l'aurait sûrement pas montré le chemin. Il l'aurait ammené chez lui, dans un endroit qui devait à coup sûr être peuplé de créatures toutes aussi peu censées que lui. Peut-être même des mini-Matt, comme les mini-Charles ... Vision cauchemardesque de la journée. Avant que Mallory n'ait pu imaginer d'autres choses encore plus terribles, Matt la tira de ses pensées pour lui annoncer qu'il avait vingt ans. Ca, c'était le choc de la journée. Vingt ans ? QUOI ? Et il en venait à mettre une fille bien plus jeune que lui par terre ... Oulala !

-Pardon ? Un grand garçon de 20 ans qui perd ses moyens au point de pousser et retourner le poignet d'une FILLE de 16 ans ? Bouhouhou ! Môssieur apprendra qu'on ne tape pas les filles, au fait.

Et ça y est, Mallory se rendit compte qu'elle avait encore cherché. Elle s'était promis de faire attention mais ... Elle n'y pouvait rien. De toute façon, il y avait du monde autour, Mallory savait très bien que Matt n'oserait pas lui faire de mal. Sinon, qu'il fasse attention à son kiki, nan mais.

" Aujourd'hui, le temps sera orageux dans toute la partie Nerfs du cerveau. Nous plaçons cette zone en alerte rouge. Une tempête pourrait se déclencher dans quelques minutes. Restez vigilents et bonne journée ! " Voilà ce qui ce serait passé ce jour-là s'il y avait eu une météo dans la tête à Mallory. Matt l'énervait au plus haut point et elle se demandait si elle n'allait pas finir par exploser. Enfin non, fallait se retenir, elle attendrait que Matt explose avant, quand même. Et puis Môssieur disait qu'il avait failli aller signaler sa disparition ... Non mais il la prenait pour une cruche ? Mais après ce qu'elle entendit plus tard, il la prenait pour une chochotte. IL AVAIT OSE ?! Mallory savait qu'elle avait des défauts, mais elle chochotte, jamais ! Il allait voir, tiens.

-Je ne suis pas une chochotte, crétin. Je parlais en général. Et puis, c'est vrai que tu es plus âgé que moi, mais en âge mental, t'es largement plus jeune.

Oulalala mais c'est qu'elle risquait de s'en prendre une. Tant pis, elle pourrait l'éviter. Et qu'il essaye de lui en donner une de baffe, ce suicidaire . Môssieur Matt se mit alors à marcher vers le village, et Mallory le suivit. Non, ce n'était pas qu'elle cherchait à tout prix à ce qu'il essaye de lui mettre une claque, mais pour rentrer chez elle, Mallory devait prendre le même chemin que lui. Quelle coïncidence me direz-vous. Et il se remit à parler. Oh pitié, il ne pouvait pas se tenir à plus de 5m d'elle pour parler ? Mallory allait finir par s'asphyxier. Ce n'était pas vrai que ça sentait mauvais mais bon ... Et soudain, un truc fonça sur Matt, le heurta et s'étala de tout son long parterre, arrêtant le blond dans son discours. Aaah, enfin de l'aide ! Mais une seconde, c'était qui ? Mallory regarda la chose parterre et fut très étonnée de voir que c'était un tout petit bonhomme qui devait lui arriver aux genoux. Pas étonnant qu'il se soit casser la binette en heurtant Matt, tiens. Mais le petit bonhomme avait un problème ... Une longue baguette de bois ou quelque chose du genre dépassait de son visage enfoui dans le sable. Un peu comme les moustiques oo Bah ça y est, Matt attire les moustiques, on est fixés. (Et en parlant de moustiques, Mallory ne se comptait pas dedans, évidemment ). Le bonhomme releva la tête, sonné, et regarda autour de lui, puis se mit à s'agiter. Il bondit se derrière Matt et Mallory et regarda autour de lui.

-Au secours, sauvez-moi ! JE SUIS UN VRAI PTIT GARCON ! cria le bonhomme avec une voix trèèès aiguë.

Mais c'est qu'il disait quelque chose à Mallory ce pitit . Elle fixa le bonhomme qui tremblait comme pas possible et se rendit compte avec horreur d'une chose ... Le long bout de bois qu'elle avait vu, c'était son nez ... C'était un pantin de bois : Pinocchio ? OO Non, non, il ne lui ressemblait pas, il avait les cheveux pratiquement roux et des yeux verts. Ce n'était pas lui, le compagnon de Jiminy Criquet. Mallory regarda avec un air surpris Matt, du genre "On fait quoi oo ?" Et elle entendit soudain des cris qui venaient d'un peu plus loin. Le pantin de bois s'agita de plus belle et se mit à pleurer, trempant en quelques secondes le bras à Mallory qu'il serrait de plus en plus fort. Elle se tourna alors vers Matt.

-Dis, tu t'en occupes ? C'est sur toi qu'il a foncé tout à l'heure, et puis moi, mes frères m'attendent, faut que je rentre. Et en fait, ce n'est pas une question

Mallory se doutait que Matt ne serait pas d'accord, c'est pourquoi elle se tourna vers le pantin de bois, lui fit un splendide sourire Freedent, le fit lâcher son bras et commença à s'éloigner en courant presque. En fait, ses frères ne l'attendaient pas, ils devaient même être ravis qu'elle ne soit pas encore rentrée. Que fabriquaient-ils donc ? Sûrement encore entrain de chercher leur gros rat, Rateau. Leur horrible bestiole ... Et en parlant de bestiole, un truc sauta sur elle et se cramponna à sa jambe avec insistance : le pantin. Mallory se retourna vers Matt et lui fit un regard assassin. Bah oui, pourquoi ne l'avait-il pas retenu ? Et ça y est, des monsieurs arrivaient. Le pantin se retint de crier.

-TOTO, OU TE CACHES-TU, VILAIN PANTIN ? s'écria un des monsieurs.
-JE SUIS UN PETIT GARCON ! Et j'ai rien fait !
-Taratata, tu vas te prendre une baffe monumentale, mon garçon !

Les monsieurs venant de repérer le pantin, ou Toto donc, ils commencèrent à s'approcher. Mais qu'avait-il fait, ce pantin ? oo

Tandis que des môssieurs inquiétants comme tout accusaient le petit pantin d'avoir voler des chocolats, Mallory le regardait, impuissante. Elle vit curieusement le nez de Toto s'allonger et haussa un sourcil. Chouette, un Pinocchio. Mais ... Jiminy Criquet était peut-être là aussi, alors ? Mallory n'eut cependant pas le temps de vérifier, car Matt la tirait plus loin. Raaah, aucun savoir-vivre ce garçon. On ne tire pas les gens comme ça par les bras, ça fait mal ! Mais Mallory ne préféra pas faire de reproches, étant certaine que sinon, il la ferait retourner voir les bonhommes et Toto.
Quoique tout réfléchi, après avoir entendu môssieur Je-suis-le-plus-fort se plaindre qu'il en avait marre, Mallory se demanda si ce n'était pas mieux.

-Oui, oui, je laisse tomber, ta vie ne m'intéresse pas du tout. Et puis d'ailleurs, je ne t'avais rien demandé.

C'est vrai quoi, elle ne lui avait pas exigé de lui raconter où il habitait. Comme si elle avait l'intention de lui rendre visite, quoi. Avec une galette et des petits pots de beurre, aussi ? Quoique non, il n'avait pas une tête de grand-mère. Ou alors ... Des yahourts. Oui mais nooon ! Pas des yahourts, mais des paniers de Yoplait, je vous prie. Une seconde, on dérive, là. On parle de maison et on arrive à des paniers de Yoplait ? Waw.

-Non, je suis à 5 minutes. Mais tu sais, je peux très bien rentrer chez moi toute seule.

Elle lui adressa un sourire qui voulait dire "Est-ce claiiir ? " et se demanda s'il n'y avait pas quelque chose qu'il cachait sous cette question. Pourquoi voulait-il savoir où elle habitait ? Il voulait lui livrer des yahourts ... ? Ou alors ... Matt était un voleur d'enfants ?! Hum, non, peut-être pas quand même. Restooons zeeen