Sujet: I'll never be the same, if we ever meet again. Mar 6 Nov - 22:19
« I'll never be the same, if we ever meet again. »
Dans le monde, il y a des dizaines d’îles et de royaumes. Dans ces royaumes et îles, il y a au moins une capitale mondialement connue et de nombreux villages. Et dans ces capitales et villages, il y a des centaines, des milliers voir des millions d’habitants. Et c’était tombé sur lui. De tous ces endroits, il aura fallut qu’il se retrouve à cette fête, ce soir-là, à ce moment précis. De tous, il a fallu que ça tombe sur ce petit enfant que j’avais sauvé une dizaine d’années auparavant. Ce petit garçon qui s’était perdu au milieu d’un champ car il était trop petit pour retrouver son chemin.
« C'est b'en sympa d'êt'e venu, Gab'iel ! Ca nous fait b'en plaisir, hein ! On sait que t'es un bon ptit gars, hein, vraimengt ! Merci b'en à touah. » « Je serai là pour vous si vous avez besoin de quoi que ce soit, tout comme mes parents. Je ferais tout mon possible pour le retrouver. »
Lorsque j’ai quitté la ferme des Dufossé, je suis allé chez mes parents pour leur dire que je devais repartir au château. Je pouvais avoir une mission à accomplir à tout moment et ces temps-ci, bien que sa majesté tente de ne pas montrer sa tristesse et sa colère, je la pressentais. Cela faisait environ dix semaines que tout s’était déroulé. Je ne pouvais pas comprendre ce qu’il ressentait car bien que j’avais également perdu des gens que j’aimais, lui avait perdu sa fiancée et gouvernait. Comme si les dirigeants de Narnia et d’Archenland n’avaient jamais le droit à leurs fins heureuses... Cela me rappelait pourquoi j’étais garde et chevalier. Je ne devais pas seulement défendre les archenlandais, je devais me battre pour eux, et plus encore. Et j’attendais quelque part au fond que le roi nous demande d’aller à Telmar. Parmi les prisonniers se trouvaient certes celle qu’il aimait, mais également Jean-Charles et Amanda. Amanda n’était même pas archenlandaise en soit, mais je servais le bien. Pas uniquement mon pays. D’une manière ou d’une autre, je les retrouverai. Je les retrouverai toujours.
Je quittais ensuite la ferme de mes parents et grimpais sur le dos de mon fidèle destrier afin de reprendre le chemin de la capitale. En chemin, je songeais aux semaines passées et à la peine et surtout à la peur que j’avais lu dans le regard des habitants et que j’avais vu dans leurs comportements. Je savais qu’ils avaient besoin de garder espoir et de rester soudés les uns aux autres. Dés que je le pouvais, je rassurais les gens que je croisais, les personnes âgées par exemple. Ils avaient souvent une âme trop brave et étaient prêts à tout pour les leurs, mais allaient trop loin. Un jour, j’en avais retrouvé un prêt à sauver un poisson de la noyade en restant avec deux amis à lui près du fleuve. Parfois, je pressentais simplement que ce qu’ils avaient vécu était bien trop fou pour que l’on puisse comprendre leur façon de penser et leur philosophie de la vie. Quant aux enfants, c’était tout le contraire. Ils étaient totalement inconscients du danger et quelque part, cela les sauvaient sûrement. Mais au fond, je savais que leurs parents préféraient conserver leur innocence en leur dissimulant la vérité.
Quelque part, je suppose que tous les parents font de même pour leurs enfants... Dans ces moments-là, ou quand je rendais visite à mes parents où à mes voisins – dont les parents de mon rouquin préféré – notamment pendant les périodes de Noël, l’été, l’automne... Tout le temps, j’avais dans l’idée de moi aussi fonder une famille. Ce n’était peut-être pas mon rêve, mais je voulais vraiment avoir une femme et des enfants. La famille parfaite ne m'intéressait pas, bien au contraire. J’espérais juste trouver la perle rare et, avec elle, regarder dans le futur ensemble pour avancer dans la même direction. Prévoir un plan dans les semaines, mois et années à venir. Habiter à la ferme et élever des enfants tout en continuant de travailler et savoir qu’en cas de problèmes, mes parents seraient là. Mais je ne pouvais avoir de plans concrets pour le moment, car je nageais dans un océan inconnu. Je sentais quelque part en moi que la perle rare pourrait être ma meilleure amie. Mais je n’étais sûr de rien car depuis quelques années et à la fête j’avais recroisé également l’autre « perle rare ».
Sujet: Re: I'll never be the same, if we ever meet again. Dim 2 Déc - 20:47
Elena était vraiment lamentable. Elle revenait tout juste d'une visite faite à ses parents dans le centre-ville et pressait le pas en surveillant le ciel avec appréhension. Des nuages noirs et compactes s'amoncelaient au-dessus de sa tête, menaçant de lâcher une pluie torrentielle sur elle d'une minute à l'autre ; or Elena faisait le trajet à pied et n'avait pas prévu de vêtement de pluie, et il n'y avait aucun abri apparent sur la route qu'elle empruntait alors. Lorsqu'elle avait quitté le château pourtant, un peu plus tôt dans l'après-midi, le ciel était dégagé et le soleil éclatant. Il faisait juste plutôt froid, ce qui est normal à l'approche de l'hiver, mais un simple châle en laine avait suffi à la réchauffer. Ce serait une autre affaire quand l'averse tomberait...
En arrivant dans le centre d'Anvard, la jeune femme avait constaté que l'ambiance sur la grande place était à l'image de cette triste journée d'automne, froide et morne. Les Archenlandais semblaient chaleureux en apparence, conservant leurs petites habitudes et discutant entre eux, mais dissimulant au fond un esprit tourmenté et un cœur peu enclin à la joie. La prudence était règle d'or maintenant. Les gens ne s'attardaient plus dehors ; les parents couvaient leurs enfants d'un œil angoissé. Un jeune garçon de la campagne, bien connu par ici, faisait partie des personnes enlevées à la fête, alors pourquoi leurs petits à eux seraient hors d'atteinte ? Les gens s'étaient sentis en sécurité à la fête et un drame était arrivé. Ils étaient terrorisés depuis la fête et ça, c'était la faute d'Elena, de tous les espions en fait. La presque totalité d'Anvard s'accordait sur ce point. Les espions étaient censés protéger le pays des évènements terribles de cette sorte, mais pour le coup ils n'avaient rien été fichus de faire. Les soldats avaient été les seuls à réagir lors de l'attaque et ils n'avaient rien pu faire car ils n'étaient pas assez nombreux et les espions, censés les épauler, n'étaient jamais intervenus, sinon trop tard.
Les espions étaient la risée du château et on parlait aussi beaucoup d'eux dans la capitale. Cela touchait beaucoup Elena car elle savait bien que c'était vrai, qu'elle et les autres membres de son service avaient été carrément lamentables sur ce coup. Elle se sentait d'autant plus coupable que l'un de ces enlèvements aurait pu être évité si elle avait été un tant soit peu plus attentive. Amanda. Cette fois-ci c'était certain, c'était complètement la faute d'Elena. Par simple jalousie, elle avait insisté pour tenir compagnie toute la soirée à la blonde et ainsi veiller à ce qu'elle ne se rapproche pas d'une certaine personne. Elle l'avait fait s'asseoir à une table miteuse, entamé une partie de cartes assez louche. Ensuite, le dragon était arrivé et avait provoqué la panique totale dans la foule, mais Elena était tellement absorbée par le jeu et le fait qu'elle soit en train de gagner pour la première fois de sa vie qu'elle n'avait rien remarqué. Elle ne s'était aperçue de la disparition d'Amanda que quelques instants après, et lorsqu'elle l'avait vue se faire emmener de force par un soldat telmarin, elle avait d'abord pensé que « cette mauvaise joueuse l'avait laissé tomber et s'était tirée avec un type sur le plus gros cheval qu'elle avait pu trouver, et ça devant tout le monde, rien que pour lui ficher une sacrée honte ». Puis Elena avait percuté qu'il s'agissait d'un dragon, que c'était anormal, que son conducteur ressemblait étrangement au roi telmarin et que des gens, dont Amanda, étaient en train de se faire kidnapper. Prise de panique, elle avait lancé une choppe en direction du dragon, avec l'intention désespérée de blesser la bête, mais elle n'avait réussi qu'à assommer un pauvre type dans la foule qui l'avait reçue en pleine poire. Alors le dragon s'était envolé, Amanda avec lui.
N'empêche qu'en essayant de sauver une personne, Elena en avait pratiquement tué une autre. C'était assez limite venant de quelqu'un censé assurer la sécurité du pays, et elle s'en rendait bien compte. De plus, en imaginant le pire, elle venait peut-être de pourrir la dernière soirée d'Amanda. C'est vrai, qui a envie de se faire agresser par une brune psychotique qui pose des questions étranges et vous empêche de passer la soirée avec la personne que vous voulez, et qui en plus vous impose sa présence ? Même pour Elena, qui n'avait jamais été très ambitieuse, c'était assez pitoyable comme situation. Cela la fit culpabiliser encore plus et elle redouta d'avoir à se mêler à la foule pour rejoindre ses parents. Elle avait peur d'entendre les critiques que devaient marmonner les villageois au sujet de son équipe. Personne à Anvard ne connaissait son appartenance aux espions hormis ses parents, donc elle ne risquait pas de recevoir des insultes personnelles mais c'était la même chose. Quand les gens insultaient les espions, ils l'insultaient aussi, et même si elle n'avait pas été incluse dans le lot elle aurait été blessée quand même, car ses collègues étaient un peu comme une deuxième famille pour elle. Elle savait qu'ils souffraient autant qu'elle en ce moment, surtout sa chef Momo qui, en tant que représentante de l'ordre, devait encaisser toute seule les reproches de ses supérieurs. Le fait que des civils aient été enlevés pendant la fête était vraiment grave, mais que la reine Susan ait aussi été kidnappée l'était encore plus. Tout le monde était au courant de leur inaction et on ne manquait pas de le lui rappeler. Elena trouvait cela injuste car sa chef avait très vite réagi lors de l'attaque, d'après ce qu'elle avait entendu. Elle avait repéré un des espions telmarins et avait voulu l'arrêter, sauf qu'elle portait une robe ce soir-là et n'y était pas vraiment habituée ; aussi elle s'était emmêlée les pieds et en tombant s'était assommée, et au final n'avait rien pu faire. Quant aux autres espions, ils étaient tous ivres morts ou en train de jouer aux cartes, dans le cas d'Elena.
L'espionne s'empressa de traverser la grande place pour rejoindre la maison de ses parents. Elle se situait à l'angle d'une rue adjacente dans la partie nord de la place, ce qui était assez pratique car lors des jours de marché, ils n'avaient pas à aller loin pour apporter leur marchandise et dresser leur stand de fleurs et de poteries. Ce jour-là, ses parents étaient restés chez eux comme bon nombre d'autres vendeurs habituellement présents. Beaucoup prétextaient ne pas vouloir venir à cause du froid, mais tout le monde savait bien que c'était à cause de la peur que le dragon revienne. C'était improbable, bien sûr, mais l'incident avait marqué les esprits. Enfin ça, c'était le cas de la plupart des gens ; Elena se doutait bien que du côté de ses parents, c'était le froid et pas la peur qui les avaient rebuté. Les Val Deledriel étaient des gens douillets, pas des craintifs.
Enfin arrivée devant chez elle, Elena se sentit un peu mieux. Cela faisait quelques jours qu'elle n'avait pas vu sa famille et leur présence lui faisait du bien, elle se sentait hors d'atteinte de tous ses ennuis du moment qu'elle était avec eux. Elle entendit quelqu'un parler d'une voix forte et féminine à l'intérieur et entra dans la maison, curieuse de voir qui était leur invité. Son moral retomba en constatant qu'il s'agissait de Mme Padbol, une vieille commère et alcoolique chronique qui ne cessait de crier sur tout le monde et dont elle était sûre qu'elle n'avait pas hésiter à se plaindre des espions. En la voyant entrer, ses parents eurent à la fois l'air ravi et ennuyé, et Elena comprit que c'était parce que Mme Padbol parlait justement de ce sujet. Cette dernière s'arrêta quelques instants pour lui adresser un signe de tête en guise de salut puis reprit ce qu'elle était en train de dire.
-Bonchoir, Hélène ! Lança Mme Padbol avec son cheveu sur la langue. Ch'est marrant, che parlais chustement à tes parents pour leur dire que mon fichton, mon chtit Rocher, ch'était fait agrècher violemment par une chinglée avec des chefeux noirs comme toi, à la fête ! Enfin, ch'est ce qu'il m'a dit... Ch'est quand même fou ! On chquitte Narnia parche qu'il ne lui arrife que des chembrouilles avec des chaletés de chumeaux farcheurs et là, il che prend une choppe dans la figure ! Chinquante points de chuture, chinquante ! Chette fille était chûrement une bonne à riench d'echpionne ! Et ouaich... Bon, ch'est pas tout cha mais che fais y aller, moi, y commenche à faire frichquet et che ne feux pas fous dérancher. Chalut ! Bonne choirée !
Alors Mme Padbol s'en alla sans trop de manières, laissant tomber un grand silence sur son départ. Déjà vexée par le discours de la dame, Elena se sentait encore plus mal à l'aise en sentant la honte de ses parents. Ce ne devait pas être facile pour eux non plus, qui déjà n'avaient jamais été très enthousiastes quant au métier de leur aînée et qui devaient en plus maintenant subir les humiliations dont elle et son service faisaient l'objet. Mais M. et Mme Val Deledriel étaient de bons parents ; ils ne lui firent aucune remarque là-dessus et évitèrent le sujet. Malgré leurs efforts, l'ambiance était plombée et Elena ne s'attarda pas. C'est comme cela qu'elle se retrouva à marcher sous un ciel menaçant comme dit tout à l'heure.
Coup de chance, et ce fut sûrement le seul auquel elle eut droit depuis un bon moment, Elena atteignit le château avant que l'averse ne s'abatte sur le pays. Elle ignora les deux gardes qui la laissèrent entrer et marmonnèrent quelque chose sur son passage puis croisa un de ses collègues espions qui marchait dans la cour, la tête basse, lui adressa un sourire aussi convaincant que celui d'un dépressif, puis continua son chemin jusqu'à l'aile du château où se trouvait sa chambre. Elle avait envie d'aller se coucher tout de suite bien qu'on ne soit encore qu'en milieu d'après-midi, car ce jour-là faisait partie des jours où mieux vaudrait ne pas se lever ; les jours où on a vraiment l'impression d'avoir une vie de plouc. Mais pour s'enfoncer encore plus dans le plouquisme, Elena fonça dans quelqu'un. Vu le danger public qu'elle semblait être devenue, est-ce que la personne qu'elle venait de percuter allait tomber sur un truc tranchant par terre, ou sur une choppe ? Non, curieusement non, la personne resta debout. Honteuse, Elena garda la tête baissée et commença à bredouiller un tas d'excuses, « désolée je n'avais pas fait attention », « je suis vraiment une plouc », « excusez-moi, vous n'avez pas eu mal j'espère », « roooh j'en ai marre là », « pardon je crois que je devrais voir un psychologue », « vraiment navrée », craignant de se faire rabaisser une nouvelle fois. Et comme la personne ne réagissait pas violemment, au contraire, elle se risqua à lever les yeux pour regarder sa « victime » dans les yeux. C'était Gabriel. La personne qu'elle voulait qu'Amanda évite pendant la fête parce qu'elle était jalouse. Il devait vraiment beaucoup lui en vouloir de ne pas avoir empêcher l'enlèvement de la jeune femme, surtout qu'il devait beaucoup y tenir. Et en plus il ne la connaissait pas, elle, il devait juste savoir qu'elle faisait partie de ces espions lamentables et qu'elle se trouvait avec Amanda lors de son enlèvement, alors c'était une raison de plus pour la détester. Sur le coup, elle ne décela aucune trace de colère dans son regard, mais il semblait infiniment triste. C'était trop. Elena se mit à pleurer. Mais elle n'avait pas pas envie de pleurer devant lui, surtout qu'il avait sûrement beaucoup plus de raisons d'être triste et Elena n'avait pas envie qu'il le soit, aussi elle pleura de plus belle.
-D-désolée c'est très gênant je sais, bredouilla Elena entre les hoquets, les reniflements et les sanglots qu'elle essayait pitoyablement de stopper. V-vous avez l'air m-mal... J-je peux vou-vous ai...der ?
Elena était vraiment lamentable.
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Sujet: Re: I'll never be the same, if we ever meet again. Lun 24 Déc - 1:37
« I'll never be the same, if we ever meet again. »
J'atteignais le château en l'espace d'une demie heure. Je descendis de mon cheval et le conduisit à l'écurie. Je m'occupais de lui quelques instants avant de rejoindre ma chambre. Je logeais la plupart du temps ici car pour mon travail, cela était beaucoup plus aisé. On était tous déjà sur place ici, en Archenland. C'était bien mais pas tellement non plus. On se sentait en bonne compagnie et c'était plus chaleureux, certes. Mais si quelque chose arrivait en dehors de la capitale, nous ne serions pas forcément sur les lieux mêmes à l'instant même pour réagir. Hormis durant nos gardes, bien-sûr... Je savais qu'à Narnia par exemple, les habitants vivaient plus dans les villages et la capitale qu'à Cair Paravel. Mais bien que notre royaume soit souvent sous-estimé contrairement à Narnia ou encore Telmar, je ne quitterai cette terre pour rien au monde. Je mourrai pour cette terre et ses habitants. J'avais prêté serment.
Je pénétrais alors dans l'enceinte du château lorsque je croisais certains confrères. Je les saluaient d'un signe de tête - en mission ou au travail, nous n'avions pas le droit de trop communiquer car cela pouvait nous distraire - et je passais dans un couloir menant aux dortoirs. Sur mon chemin, je repérai un jeune homme à l'expression pathétique et abattu. En tournant légèrement la tête pour le voir continuer de marcher je finis par me rendre compte qu'il s'agissait d'un espion présent à la fête qui était assit près d'Amanda. L'un des espions qui avait pu profiter un tantinet de la soirée... Je ne l'en blâmais pas, il se faisait probablement déjà bien assez de sang d'encre tout seul. Sans compter sur les gens qui devaient rappeler parfois aux personnes travaillant au palais que c'était en partie de la faute des espions si il y avait eu tout ça. C'est vrai que nous aurions peut-être pu sauver au moins les trois prisonniers si nous avions obtenus plus d'aide...
Mais ce qui était fait ne pouvait être changé. Quitte à vivre avec, je préférais ne pas songer au passé et me concentrer sur le présent. Nous avions quatre prisonniers à Telmar et nous devions les secourir. L'hiver était là qui plus est, et nous ignorions les conditions de détention des telmarins.. Mais leur réputation de barbare les précédaient bien. Cependant, je fus coupé de ma réflexion lorsque je sentis une collision survenir. En baissant les yeux, je vis une jeune femme qui semblait travailler au château. Elle semblait assez déboussolée car elle mit un peu de temps à relever la tête et commença à s'excuser. Je supposais que le fait que nous nous soyons rentrés dedans n'avait pas pu la déboussoler autant, aussi j'attendis un peu - la fin de ses excuses - avant de réagir. Lorsqu'elle se décida enfin à lever la tête, je secouais la mienne comme pour vérifier que je ne rêvais pas. C'était Elena, l'espionne que j'avais croisé deux fois auparavant. Elle semblait cependant très mal en point et malheureuse, et cela me blessa intérieurement.
Au fond, je ne la connaissais absolument pas... Mais elle m’obsédais légèrement et l'envie de la revoir était assez forte pour que je ne puisse lui en vouloir. Au fond, je ne comptais même pas me mettre en colère, pourquoi le devrais-je ? Néanmoins, je ne la quittais pas des yeux, ce qui pouvait éventuellement la mettre encore plus mal-à-l'aise. Puis ses yeux se mirent à briller et à larmoyer... C'est alors que je repris à nouveau mes esprits pour arrêter de la fixer bêtement. Elle s'excusa encore une fois et me proposa son aide car elle aussi semblait avoir remarqué que je n'avais pas l'air très bien. « Vous n'avez pas à vous excusez, cela peut arriver. Et je vous remercie pour votre aide, mais je crois qu'à l'heure actuelle, c'est plutôt à moi de vous aidez... » Je sortis alors un mouchoir en tissu de ma poche et le lui tendis avant de regarder autour de nous. Après quelques hésitations, je reposais mon regard sur elle. « A vrai dire, je devrais même vous inviter à dîner. Je me sentirai mal si je devais vous laisser partir maintenant. »
Je lui adressai un sourire réconfortant puis lui offris mon bras pour sortir du château, histoire d'aller manger un petit quelque chose à l'auberge d'Anvard.
Sujet: Re: I'll never be the same, if we ever meet again. Ven 4 Jan - 5:18
Elena ne pleurait plus. A la place, elle considérait, choquée, les avantages remarquables que lui offrait le fait d'être une femme. En effet, il lui avait suffi de se mettre à pleurer pour que Gabriel l'invite à dîner. Elle n'avait même pas fait exprès et ne s'y était pas du tout attendue. Elle imaginait comment des femmes plus rusées et plus fourbes qu'elle devaient prendre plaisir à manipuler les messieurs en profitant de leur apitoiement. Il fallait être vraiment diabolique... Mais c'était drôlement pratique : il faudrait qu'elle y pense pour ses prochaines missions.
Mais heureusement, Elena était une personne honnête. Elle n'avait en aucun cas l'intention d'abuser davantage de la gentillesse et de la galanterie de Gabriel, car il avait déjà fait bien plus pour elle qu'elle n'en aurait jamais rêvé. Elle s'était attendue à ce qu'il se montre bien plus froid que ça, qu'il la fuie, et si elle n'avait pas su qu'il n'était pas comme ça, qu'il lui donne un coup de poing ! Mais non. Il avait été très gentil avec elle, il lui avait prêté un mouchoir et l'avait invité à aller dîner en lui offrant son bras, alors qu'il devait très bien savoir que la réputation des espions était au plus bas ces temps-ci. Quel gentleman ! Et Elena n'avait pas l'intention de s'en plaindre. Tout son chagrin s'était envolé grâce à lui ; Elena se sentait même plutôt heureuse tout à coup, mais mieux valait ne pas trop le montrer au cas où Gabriel croirait qu'elle profitait de la situation.
Elle se tamponna les yeux à l'aide du mouchoir que lui avait offert Gabriel en tâchant de n'en utiliser qu'une infime partie, le lui rendit et lui adressa un sourire, sincère mais pas trop chaleureux quand même, et conserva une certaine tristesse dans le regard. Vu qu'un instant plutôt elle était totalement effondrée, il fallait qu'elle garde un minimum de crédibilité. Elle ne devait en aucun cas montrer que c'était sa simple compagnie qui avait réussi à lui faire oublier momentanément ses problèmes et à lui redonner le sourire. Elle aurait eu l'air trop louche.
-Merci, lui dit-elle doucement. Merci beaucoup.
La brune ne savait pas grand chose sur les dépressifs mais elle était certaine qu'ils n'étaient pas de nature très causante ; elle aurait donc intérêt à se contenter de phrases brèves tout au plus durant un certain temps. C'était difficile car étant auprès de Gabriel, Elena avait très envie de sourire jusqu'aux oreilles comme une gamine, mais elle tiendrait bon.
Après une légère hésitation, la jeune femme attrapa son bras. Elle se sentait mal à l'aise, comme si elle n'avait pas le droit de faire ça, mais en même temps merveilleusement bien. Après tout, ils ne s'étaient vus que très rarement, ne s'étaient presque jamais parlés et se connaissaient à peine, mais Elena avait l'impression que c'était tout l'inverse. Peut-être était-elle folle, une illuminée qui s'inventait une autre réalité dans sa tête. Ou alors elle ressentait quelque chose qui la faisait penser différemment, mais elle n'osait même pas envisager cette possibilité. Ce serait bien trop compliqué, sûrement pas réciproque, une certaine personne n'apprécierait pas du tout et elle n'avait pas envie d'être malheureuse parce qu'elle n'était qu'une imbécile.
Ils marchèrent pendant un bon moment, en silence. Elena, pensive, n'avait même pas fait attention à quand ils avaient quitté le château et s'efforçait toujours d'avoir l'air d'humeur maussade. Elle devait très bien y arriver, même trop bien, car un passant qui la croisa lança à une femme à ses côtés :
-Vous voyez, madame, comme je vous l'avais dit, les cas de constipation sont de plus en plus fréquents dans notre belle capitale ! Un vrai fléau... On voit que le froid s'est installé sur Archenland.
Elena retint un commentaire et fit plutôt en sorte de se détendre un peu. De toute façon, ce n'était pas plus mal, il ne fallait pas non plus que Gabriel pense que sa présence l'ennuyait. Et s'il la prenait pour fille toujours de mauvaise humeur, elle n'aurait pas l'air agréable du tout et il serait pressé de la quitter... Quelle chance elle avait eu que ce passant la traite de constipée pour la faire réaliser sa bêtise avant qu'il arrive malheur ! Il était temps qu'Elena se reprenne, dites donc.
-Vous êtes vraiment gentil, dit tout à coup l'espionne d'un air admiratif. C'est assez dur de rencontrer des gens gentils, de nos jours. Je ne veux pas dire que les gens sont tous devenus méchants, mais ils sont souvent renfermés. C'est rare que quelqu'un se montre aimable avec un inconnu, par timidité peut-être, ou par peur de l'étranger. Enfin nous, nous nous connaissons, pas trop mais un peu quand même, mais tout le monde ne se montrerait pas aussi agréable devant une connaissance qui vous bouscule subitement puis se met à pleurer. Merci. Je vous l'ai déjà dit tout à l'heure, mais merci.
Elena retourna ensuite son attention vers la route, se sentant rougir. Elle était gênée rien qu'en ouvrant la bouche, maintenant. C'était vraiment lamentable. Mais est-ce qu'elle n'en avait pas fait un peu trop ? Il allait peut-être la prendre pour une niaise ! Et puis il l'avait invité à dîner, un simple merci n'allait pas suffire !
-Oh, à ce propos, reprit-elle en fouillant précipitamment dans ses poches pour en sortir sa bourse remplie de quelques pièces, je ne vais pas vous laisser payer le repas alors que vous m'avez déjà bien aidé. Je m'en charge.
Elle lui adressa un sourire pour appuyer ses paroles puis rangea sa bourse dans sa poche. Ils étaient arrivés dans le centre-ville d'Anvard. Il n'y avait plus beaucoup de monde dehors à cette heure comme la nuit tombait et qu'il faisait froid, et que de plus la plupart des gens étaient en train de manger. Cela arrangeait bien Elena, car même si elle était intérieurement très fière de s'afficher au bras de Gabriel, elle se serait sentie très mal à l'aise si quelqu'un de sa connaissance – enfin surtout sa famille puisqu'elle n'était pas très sociable et connaissait peu de monde – les voyait et s'imaginait des choses, comme le ferait sûrement sa mère par exemple. Pourtant il n'y avait absolument rien entre eux, Gabriel l'avait juste invité à dîner parce qu'elle avait l'air d'une dépressive à tête de constipée, rien de plus. Est-ce que c'était ça qu'on appelait « charité » ? Elena essaya d'échapper à ses pensées négatives en imaginant la tête qu'aurait fait Amanda si elle les avait vus, héhéhé :trolldance:, mais cela ne fit que lui rappeler ses problèmes et elle se remit à se morfondre.
Un court instant plus tard, Elena vit Gabriel pousser la porte d'un endroit et les faire entrer à l'intérieur. Ils étaient arrivés à destination sans qu'elle y fasse attention, et maintenant ils étaient entrés dans une auberge sympathique que l'espionne connaissait comme étant le refuge de son père quand il se disputait avec sa mère. L'ambiance qui y régnait était chaleureuse et il flottait dans l'air une odeur d'alcool émanant du bar, juste en face d'eux, où étaient entassés une bonne douzaine d'hommes saouls et reconnus dans la région comme des épaves. A leur gauche étaient alignées plusieurs tables, la plupart occupées par des gens en train de manger ou de boire, tous discutant avec entrain. De nature timide, Elena évitait habituellement ce genre d'endroits, mais la bonne humeur des gens ici était si communicative qu'elle se sentait obligée de sourire aussi. Elle suivit Gabriel pour s'installer à une table libre un peu plus loin et se mit en face de lui. Un peu gênée, elle attendait qu'un serveur arrive car elle ne savait vraiment pas quoi dire pour engager la conversation. Elle se sentait d'autant plus mal qu'elle n'avait pas envie de plomber le moral de Gabriel avec sa grise mine, surtout qu'il n'avait déjà pas l'air d'aller très bien tout à l'heure et le voir triste était la dernière chose dont avait envie Elena. Il fallait qu'elle fasse un effort.
-Nous nous parlons depuis un moment mais je ne pense pas que vous connaissiez mon nom... Je m'appelle Elena Val Deledriel. Et vous, vous êtes Gabriel. Je suis désolée mais je ne connais pas votre nom – enfin de toute façon, le prénom c'est le plus important... Enfin ce n'est pas qu'il ne m'intéresse pas, votre nom, au contraire ! Enfin pas tellement mais si quand même ! … Vous pouvez me le dire si vous le voulez, mais vous n'êtes pas obligé, bien sûr.
Nom d'une jupe de Momo ! Elle n'arrêtait pas de bafouiller, c'était lamentable. Elena essayait de ne pas céder au stress qui la prenait, mais elle était certaine que la panique se lisait sur son visage. Allez, une tentative pour rattraper le coup...
-Je suis désolée, est-ce que cela vous dérangerait si on se disait « tu » ? Je sais que ce n'est pas très poli, je ne suis pas très douée en bonnes manières comme vous avez pu le constater, mais peut-être que nous serions plus à l'aise... Enfin je veux dire que j'ai toujours pensé que le vouvoiement, c'était pour s'adresser à une personne qu'on ne connaît pas ou qui est plus « noble » que soi. Vous êtes sûrement plus noble que moi, mais bon, euh... Je ne sais pas trop comment m'exprimer. Bref. C'est comme vous préférez, Gabriel.
Elena baissa les yeux vers la table en se mordant la langue, encore plus gênée qu'à ses paroles précédentes, et se dit qu'elle avait vraiment besoin de prendre des leçons en contact humain quelque part. L'isolement ne lui avait vraiment pas réussit. Elle devait vraiment avoir l'air ridicule, et si Gabriel n'avait pas été si gentil, il aurait sûrement été agacé. Et en plus elle ne faisait que se rabaisser elle-même et n'avait aucune confiance en elle, se dévalorisant sans cesse comme une pleurnicharde. Elle demanderait dès le lendemain à sa mère de l'envoyer au couvent. En attendant, il ne fallait pas qu'elle mette Gabriel mal à l'aise. Le pauvre, il avait été vraiment gentil avec elle et elle n'avait même pas essayé de le réconforter lui alors qu'il semblait très triste. L'air enfin sérieux mais avec un sourire chaleureux, Elena leva les yeux et croisa son regard afin de faire la chose la plus intelligente qu'elle pourrait faire ce soir : essayer de l'aider.
-Je suis désolée encore une fois, j'avais oublié de vous redemander pourquoi vous alliez mal tout à l'heure. Vous m'avez fait beaucoup de bien en me parlant gentiment et en m'invitant à dîner, alors maintenant c'est à mon tour de vous aider. Si vous voulez m'en parler, je serais là pour vous écouter. Sinon, parlons d'autre chose, il n'y a pas de problèmes, ça peut ne pas me regarder. Par exemple, le temps est vraiment mauvais aujourd'hui.
Elena espérait vraiment ne pas avoir manqué une occasion de se taire comme il en était souvent le cas, mais plutôt qu'elle pourrait aider Gabriel à aller mieux en attendant que le serveur arrive.
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Sujet: Re: I'll never be the same, if we ever meet again. Jeu 24 Jan - 2:03
« I'll never be the same, if we ever meet again. »
Tandis que nous avancions, la jeune femme me remercia et me parla du fait que les gens n'avaient pas pour habitude d'aider les autres. Tout particulièrement ceux qui les bousculaient et étaient maladroits, et je pensais même déceler une part de honte dans sa voix. Les espions étaient assez mal vus ici depuis quelques mois et elle ne devait pas échapper à la règle. Néanmoins, à mes yeux les espions n'avaient pas pu agir comme ils le devaient. C'était impossible. Personne ne pouvait se douter qu'un roi apprécierait prendre sa revanche sur les autres peuples un soir de fête dans notre pays autrefois encore si neutre, sur le dos de son dragon. Les dégâts avaient été importants mais depuis tout avait été réparé. Fort heureusement, les archenlandais étaient tous très solidaires, surtout depuis ces dernières années. J'avais peine à penser que la guerre et les évènements horribles qui nous étaient arrivés nous avaient tous rapprochés.
Nous étions le seul peuple à avoir subis cela. Les narniens avaient subis plusieurs traumatismes, certes, mais le leur était différent du nôtre. J'aimais énormément cette terre et pour rien au monde je n'en partirais. Même si la contrée était à feu et à sang, envahie par les telmarins et que tous les gens auxquels je tenais n'étaient plus. Je resterai ici jusqu'à ma mort. Quelle qu'elle soit, et le temps qu'il faudra. Je n'étais pas impatient de mourir, bien au contraire. J'adorais la vie, je la croquais à pleines dents. J'avais un métier des plus humbles et utiles aux yeux de la protection archenlandaise et je n'avais pas à me plaindre de moi-même malgré tout. Je m'aimais tel que j'étais, j'avais une grande confiance en moi et je ferai toujours tout pour protéger ma famille, mes amis et mon pays. Tous ses habitants étaient importants à mes yeux. Même les ingrats qui osaient se moquer des espions. Je n'acceptai pas leurs remarques ni leurs comportements, non. Mais je pouvais toujours leur adresser la parole pour les faire taire. Je savais qu'ils le feraient.
Car j'avais réussi à inculquer le respect à mes semblables et nul homme autre que mon ennemi n'osait me défier ou me regarder de travers. Je n'étais pas le roi, fort heureusement et bien évidemment. J'étais juste un chevalier humble qui avait un amour inconsidéré pour sa patrie et ceux qu'elle nourrissait. Néanmoins, lorsque Elena reprit la parole et me montra sa bourse pour me faire comprendre qu'elle paierait le dîner ce soir, je ne dis rien. Je lui adressais un sourire sans lui dire le fond de ma pensée. Si elle pensait payer, elle tomberait de haut. Il en était absolument hors de question... Je paierais son repas et le mien, car je l'avais invitée d'une part, et d'autre part car je ne laisserai jamais une femme payer quoi que ce soit à ma place. Ce n'était pas aux femmes de faire ce genre de chose. Je n'étais pas du tout sexiste, bien au contraire. Je ne voyais justement pas pourquoi elle devait se sentir redevable envers moi en cherchant à me rembourser en quelques sortes ma gentillesse.
Celle-ci m'était naturelle et gratuite si cela l'intéressait tant que ça. Mais je ne dis mot et me gardais d'ouvrir un grand débat avec elle pour éviter toute dispute ou malentendu. Nous arrivâmes d'ailleurs enfin à la taverne et j'ouvris la porte à la jeune femme, la laissant passer devant moi avant de refermer la porte et de la suivre à une table près d'une fenêtre. La chaleur ambiante nous réchaufferait sans doutes suffisamment pour que nous n'ayons pas trop froid, et la nourriture nous requinquerait encore un peu plus encore. Je pris donc place face à l'archenlandaise qui se présenta plus ou moins officiellement à moi. Elle me révéla ainsi son nom en me disant connaître le mien. Je l'avais vu parler avec Amanda lors de la fête et j'avais également parlé avec elle cette fois-là. De plus nous nous voyions probablement au château et nous avions probablement des amis ou connaissances communes.
Cela ne m'étonna donc pas qu'elle sache quel était mon prénom. Mais je ne répondis pas de suite non plus, car le temps que je songe à ce que j'allais répondre à mon interlocutrice, elle reprit la parole en demandant une requête. Pouvions-nous nous vouvoyer ? Quelque part, cela m'aurait peut-être mit mal à l'aise dans les circonstances où je ne la connaissais pas à proprement parler comme il fallait... Mais d'un autre côté, je savais qui elle était tout de même, et elle me connaissait peut-être plus que je ne le pensais. Et puis ce serait sans doutes plus chaleureux et convivial de nous tutoyer. Aussi je lui adressais un sourire à nouveau en voyant son air gêné et en remarquant qu'elle semblait paniquer, bien que cette situation me fasse surtout rire. J'eus un peu de mal à le cacher mais ce n'était pas quelque chose de honteux. C'était mignon.
« Hum, je ne sais pas à vrai dire... Mais puisque tu le demandes si gentiment et que tu regorges de bons arguments, je ne peux que te dire oui je présume. » je marquais une pause en prenant un air un peu plus sérieux mais toujours assez décontracté. « Mon nom est Selaven Kaelon. C'est un nom typiquement archenlandais, tout comme le tien à ce qu'il semblerait. Néanmoins, je doute que je sois plus noble que toi. Aux cœurs nobles le juste titre n'existe pas... Et je n'ai aucun titre de noblesse autre que celui que le roi m'a donné. Je viens d'une famille issue des fermes reculées du pays à vrai dire. Et toi, d'où viens tu ? »
Je vis alors le tavernier nous faire signe qu'il allait arriver à notre table après une commande à une table un peu plus éloignée de la nôtre, et je lui adressais un signe de tête en guise de remerciement. Je venais souvent ici afin de me reposer entre deux missions ou le soir parfois. Je venais habituellement avec des gardes ou des chevaliers, mais également avec des femmes quelques fois. Je ne pouvais pas le nier, malgré tout j'étais un homme et la compagnie des femmes me faisait le plus grand bien. Il ne se passait jamais rien de très sérieux entre elles et moi, mais cela elles le savaient pertinemment. Elles avaient toujours un peu d'espoir que je leur offre mon cœur en échange du leur, mais je le réservais à la perle rare. Peut-être paraissais-je trop niais aux yeux de certains hommes, mais qu'en avais-je à faire ? De plus, personne ne m'avait jamais manqué de respect ou ne s'était amusé à rire de moi en ces termes. Ma vie privée ne regardait que moi après tout, bien qu'entre nous autres, nous parlions parfois de nos aventures et de certaines amourettes. Je possédais d'ailleurs quelques amis fiancés ou parents qui avaient droit à des permissions supplémentaires afin d'être auprès de leurs familles de temps à autre. Cela leur faisait le plus grand bien et je ne pouvais que les comprendre. Lorsque je retrouvais ma ferme, mes animaux et mes parents j'étais toujours aussi fier d'avoir été issu dans ce milieu rural. J'adorais ma vie ici, dans la capitale... Mais j'étais né là-bas.
« Je suis ravi d'avoir pu te changer légèrement les idées en tous cas. Sache que je ne porte aucun jugement sur toi de plus, et que de toutes manières, je ne compte pas en porter. Je suis ainsi avec tout le monde... à Archenland tout du moins. » Mes problèmes ? Elle n'avait apparemment pas manqué mon air attristé de tout à l'heure alors. « Quant à mon humeur, elle est assez maussade en effet. Lors de la fête, on a enlevé deux êtres qui m'étaient chers, et j'ai peine à imaginer ce qui a bien pu leur arriver durant ces derniers mois... J'attends néanmoins la visite du roi narnien ici afin d'en savoir plus sur les missions de secourisme au château de Telmar. » Je marquais une pause, et finissais avant que le tavernier n'arrive à notre table. « Mais passons d'abord commande, après nous parlerons. »
Je lançai un regard au menu que me donna le tavernier et regardais un instant ce que je pouvais commander avant de d'abord réfléchir à mon besoin de manger. Il était clair que je n'étais pas affamé ni assoiffé. Néanmoins, je ne dirais pas non à une bonne assiette bien garnie et à une coupe bien pleine, je devais le reconnaître. Aussi finis-je par relever les yeux vers Elena, et voyant qu'elle n'avait pas fini de regarder le menu, je parlais le premier. « Bonsoir Roger. Je prendrais ton poulet rôti avec de la sauce accompagné de quelques herbes et épices de la région... Puis pourquoi pas une bouteille de vin. » Je lui rendis enfin le menu puis laissais la jeune femme commander à son tour, puis attendis que le tavernier ne parte avec nos commandes qu'il donna au cuisinier. Je reposais mon regard sur mon interlocutrice et vis du coin de l’œil que la neige commençait à tomber sur la place de la capitale. Néanmoins, je préférais la vue de la belle avec ce si beau jeu de lumières sur elle. Il y avait un contraste d'ombres dues à la nuit et de clartés dues à la lumière des bougies, mettant ses longs cheveux noirs, sa peau blanche et ses lèvres rouges en valeur. Il n'y avait pas à dire, Elena était vraiment une très belle femme. Peut-être peu sûre d'elle, mais une somptueuse femme quand même. En y réfléchissant bien, elle et Amanda étaient deux contraires. L'une était brune et l'autre était blonde. L'une avait un caractère plus sûr, serein et séducteur avec un côté sauvage qu'elle tentait tant bien que mal de cacher tandis que l'autre était plus calme, moins sûre d'elle mais avec une petite touche énigmatique bien qu'elle ne devait pas s'en rendre compte pour toute une bourse d'or telmarine.
« Et toi, pourquoi pleurais-tu tout à l'heure ? Si tu veux m'en parler, tu le peux. Et ne songes même pas à me dire que tu ne désires pas me déranger avec cela. Si telle est ton excuse, sache que tu n'en as pas besoin si jamais tu ne tiens pas à en parler. Il te suffira de parler de la chute des flocons de neige au dehors, ou bien encore de l'odeur d'alcool émanant du bar. Ou bien encore de la beauté et de la douceur que tu dégages et que tu ignores sans doutes. Oui, tu peux choisir de m'en parler ou de changer de sujet, je ne t'en voudrais pas. »