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 A darkness comes at dawn

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Soren Eshbaan
Soren Eshbaan
Calormène
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MessageSujet: A darkness comes at dawn   A darkness comes at dawn Icon_minitimeJeu 1 Nov - 20:40

Je sortais à peine d'un réunion qui durait depuis plusieurs heures. Ces derniers temps, les tarkaans qui faisaient partie du conseil insistaient pour définir un plan, une solution, depuis la fête qui avait mal tourné à Anvard. Des ambassadeurs d'Archenland et de Narnia étaient venus, tandis que certains de Calormen étaient partis là-bas, afin d'établir un compromis. Je détestais tout ça. Lorsque la guerre s'était finie, après mon ascension au trône, je n'avais eu de cesse que de me rappeler que je devais garder mon royaume de côté, afin de le reconstruire petit à petit. Certes, je devais une fière chandelle à Narnia et Archenland, mais j'avais aussi ramené plus ou moins la paix en retour. Pour moi, Calormen ne devait plus être impliqué dans aucun conflit avant plusieurs années. Et pourtant...

Yoren était toujours en vie, bien qu'exilé. Il était un danger encore aujourd'hui, je le savais, bien que j'essayais de ne pas y penser. Mes plus proches amis et tarkaans ne cessaient de me le répeter... Quant à la fête, Edwin avait clairement annoncé son intention de se venger pour cet exil, et bien qu'il s'en soit pris à la reine Susan, je craignais une attaque sur Calormen. Sans parler de la capture d'Anémone, bien que la plupart des gens ne se soucient pas de l'enlèvement d'une simple esclave. Malgré moi, je me devais d'aider le roi Edmund et la reine Lucy, ainsi que le roi Jace. Nous étions alliés et amis, et étant concerné par le conflit, je n'avais pas le choix.

Fatigué et de mauvaise humeur, je parcourais les couloirs du palais sans faire attention aux courtisans. C'était mauvais, je le savais ; être proche des tarkaans ou de n'importe qui d'autre assurait la confiance. Je voulais qu'on me connaisse comme pacifique et attentionné, non pas comme un tyran à l'image de mon frère. Je savais qu'en ces temps, le peuple se voulait rassuré, car certains étaient persuadés que j'avais en réalité apporté la malchance à l'empire, et qu'il serait détruit et enflammé par Edwin et ses Telmarins.
Il était tôt, très tôt, aucun rayon de soleil ne traversait les fenêtres du palais encore. Pourtant, l'agitation commençait tout juste ici, ainsi que dans la ville. Les gardes changeaient de tour de rôle ; les esclaves envahissaient les couloirs afin de répondre aux attentes de leur maître ou pour préparer le palais à la douce journée qui venait. J'en vis d'ailleurs une, à quelques mètres de moi, qui ne semblait pas assez occupée. Je la reconnus : il s'agissait d'une esclave très têtue que beaucoup au palais n'appréciaient pas. Mais peu importe, elle ferait ce que je lui demanderai.

« Viens par là. » lui dis-je en lui faisant signe, lorsque je passai à côté d'elle.

Certes, il ne s'agissait pas de mon esclave, elle appartenait au palais, ou du moins à celui qui gérait tous les esclaves du palais. Mais étant le Tisroc, elle se devait de m'obéir tout de même. Je n'allais pas lui demander la lune non plus... Je m'arrêtai et la fixai un instant. Elle me jeta un regard de défi, de provocation, comme à chaque fois que je la croisai. Oh non, elle n'était pas heureuse ici, comme tous les esclaves évidemment. Mais elle était différente dans le sens où elle était la seule à véritablement oser le montrer. J'aurais été amusé par cette réaction si à côté, je ne savais pas qu'elle avait été l'une des esclaves personnelles de Yoren, et probablement plus.

« Va me chercher quelque chose aux cuisines, et apporte le moi. Je serai dans mes appartements. »

Je ne pris pas le temps d'observer sa réaction, je partis donc en direction de mes appartements. Les gardes me laissèrent bien entendu passer, et je me retrouvai seul dans la pièce qui servait de salon. Dans la chambre à côté se trouvait Melody ; un coup d’œil en entrouvrant la porte de séparation suffit à me confirmer qu'elle dormait profondément. Je préférai la laisser ainsi, tranquille. Elle était enceinte et a peu de temps du terme, il valait donc mieux qu'elle dorme et ne soit pas dérangée. Dans quelques heures, je pourrai venir la voir et lui parler, sachant qu'elle me reprocherait mon absence de la nuit à cause de la réunion du conseil. Je finis par fermer la porte doucement, et m'allongeai tranquillement sur un divan en attendant le retour de la jeune esclave.
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MessageSujet: Re: A darkness comes at dawn   A darkness comes at dawn Icon_minitimeMer 21 Nov - 21:51

Elle ne savait pas pourquoi elle était toujours là... C’était comme si une petite voix dans sa tête lui interdisait formellement d’en finir une bonne fois pour toutes – car elle ne se faisait pas d’illusion, sa vie était misérable et elle assumait parfaitement ce fait. Cette petite voix, en lui enjoignant de rester par le plus grand des miracles en vie, lui soufflait également qu’il devait forcément y avoir un petit espoir, un maigre espoir de se sortir de tout cela et de commencer une nouvelle vie, loin d’ici, loin de Tashbaan et sans doute aussi loin de Calormen. Comme Calormen était un pays où l’esclavage était d’actualité, si elle voulait quitter sa vie et en commencer une nouvelle, il lui fallait quitter sa condition d’esclave ; il lui fallait quitter le territoire. Elle en rêvait avec appréhension cela dit.
Cela devait faire quatre années qu’Elisha vivait cette situation. Pour quelqu’un de son âge, quatre ans c’était relativement énorme. Tout ce temps, elle était passée d’un maître à un autre, tombant finalement entre les mains du Tisroc en lui-même, devenant rapidement son esclave personnelle, avant qu’il ne soit envoyé en exil et qu’elle ne devienne finalement propriété du palais royal, où elle vagabondait presque toute la journée en se délectant du luxe qu’elle pouvait encore atteindre.
Aujourd’hui n’était donc pas une journée extraordinaire. Elle s’était levée très tôt, avant tout le monde, en même temps que les autres esclaves auxquels elle ne prêtait généralement pas la moindre attention. D’un geste quasiment automatique, elle avait commencé à préparer le château pour les heures à venir, lentement mais sûrement. En toute vérité, elle mettait rarement le cœur à l’ouvrage, se plaisant plus à se promener dans le domaine, clamant haut et fort qu’elle détestait vivre ici. Non : qu’elle détestait vivre ici en tant qu’esclave.

Oui, décidément, aujourd’hui n’était pas une journée extraordinaire. Du moins, Elisha ne s’attendait pas à ce que le contraire se passe, ni même qu’un évènement de faible ampleur vienne perturber son train-train habituel. Et pourtant, ce fut le cas, malgré elle il fallait l’admettre. Occupée à... ne rien faire justement, puisqu’elle prenait un malin plaisir à ne faire que ce qu’on lui demandait – n’était-ce donc pas à cela qu’elle servait ? – elle pivota simplement la tête lorsqu’un jeune homme l’interpella au milieu d’un des nombreux couloirs du palais. Et pas n’importe quel jeune homme : il s’agissait en effet de Soren Eshbaan, jadis Tisroc actuel et frère de Yoren Eshbaan. Yoren Eshbaan qui n’était autre que le dernier maître en date d’Elisha.
Elle esquissa un petit sourire au coin, presqu’invisible. Son mépris se lut clairement dans ses prunelles chocolat. Pas seulement du mépris, mais aussi de la provocation. Un regard noir dont elle avait le secret. Un regard qui criait qu’elle n’avait que faire de Soren, qu’elle n’avait que faire d’eux tous, qu’elle n’avait que faire de ce qu’ils lui voulaient. Un regard qui criait qu’elle était une esclave, certes, mais qu’elle assumait le fait de ne pas aimer l’être. Contrairement à ses congénères qui craignaient la maltraitance s’ils s’opposaient à leur maître, Elisha était la première à dire « non » et à prouver de toutes les façons qui soient qu’elle n’appartenait en réalité à personne. Audacieuse, d’accord, mais aussi prudente : ce serait bien idiot d’en finir morte.

« Va me chercher quelque chose aux cuisines, et apporte le moi. Je serai dans mes appartements. »

Sans un mot, elle s’inclina par politesse – ou par hypocrisie, choisissez le terme qui vous semble le plus valable. Dès qu’il lui tourna le dos, lui faussant compagnie, elle releva fièrement le menton et perdit son petit sourire feint. Elle aurait tant aimé désobéir mais, malgré cette envie de liberté, elle se pliait aux ordres, surtout lorsqu’il s’agissait de ceux de l’autorité la plus haute du pays – c’est-à-dire du Tisroc. Après tout, elle ne pouvait pas trop risquer.
Comme demandé, elle se dirigea à pas rapides vers les cuisines. Sans trop importuner les personnes qui s’y affairaient, elle demanda à ce qu’on lui donne quelque chose pour le Tisroc. Toutefois, comme lui-même n’était pas là et que personne n’était prêt à la dénoncer, elle n’utilisa aucune forme de politesse ou de respect normalement utilisée pour parler d’Eshbaan. Elle parvint toutefois à obtenir quelque chose digne du Roi de Calormen, sur un plateau. Sans vouloir en savoir plus – le contenu, notamment – elle quitta les lieux aussi vite qu’elle était arrivée et traversa pour la énième fois les longs et spacieux couloirs du palais. Bien entendu, elle croisa bon nombre d’autres esclaves, mais aussi des riches vivants ici. Ah ce qu’elle pouvait les haïr, tous, autant qu’ils étaient... Ils avaient tout et continuaient à se plaindre de leur petite vie misérable... En toute honnêteté, si elle le pouvait, elle en tuerait bien quelques-uns... Ou pire, elle leur infligerait ce qu’on infligeait aux gens de sa catégorie... Mais justement, elle ne le pouvait pas. Et jusqu’ici, elle s’en abstenait bien.
Elle arriva enfin devant la porte des appartements du Tisroc, devant laquelle elle se stoppa, ré-agençant correctement le plateau qu’elle tenait, ainsi que sa tenue. Elle inspira un coup, plaqua un sourire faux sur son visage et, après avoir toqué pour avertir de sa présence, ouvrit la porte et entra. Elle découvrit Soren tranquillement allongé sur un canapé, se la coulant douce – comme toujours, songea-t-elle. Sans lui prêter plus d’attention que cela, elle déposa le plateau sur une petite table puis se redressa dignement. Alors quelque chose la frappa : ainsi plus grande que lui – puisqu’il était allongé – elle se sentait supérieure... et ça faisait du bien. Même si ça ne serait que de courte durée.

« Souhaiteriez-vous autre chose ? demanda-t-elle, un sourcil haussé. »

Un « Maître », « Tisroc », ou quelconque formulation du genre aurait bien entendu dû être ajoutée à la fin de cette phrase mais Elisha n’en avait ni l’envie ni l’hypocrisie à l’instant même. Le faux sourire, c’était déjà lui demander beaucoup, tout comme ce ton compatissant alors qu’elle n’avait strictement aucune compassion envers cet homme.
Ce manque de compassion lui fit lever le menton et, ne cachant pas sa fourberie cette fois, elle fronça légèrement les sourcils et remarqua doucement :

« J’ai cru comprendre qu’Anémone ne reviendrait pas avant longtemps... »

L’enlèvement d’Anémone ? Bien sûr qu’elle en avait entendu parler et bien sûr que cela lui faisait quelque chose. Comme elle, Anémone était une esclave. Mais elle était aussi comme une amie pour elle... Pas une amie, mais comme une amie. Il y avait cette... jalousie, de son côté. Une jalousie parfois trop présente.
Et, aussi, Elisha voyait ce petit lien entre Anémone et Soren. Alors si elle pouvait riposter contre ceux qui lui menaient une vie impossible en amenant le sujet « Anémone », pourquoi pas, toutes les piques étaient permises.
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Soren Eshbaan
Soren Eshbaan
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MessageSujet: Re: A darkness comes at dawn   A darkness comes at dawn Icon_minitimeSam 22 Déc - 14:36

Je n'eus pas à attendre longtemps. Je ne prêtai aucune attention au masque hypocrite que revêtais la jeune esclave, et piochai un grain de raisin ferme et juteux. Le plateau était garni de différents fruits, de succulents gâteaux et divers aliments digne d'un bon petit déjeuner copieux. Je pouvais me reposer et manger tranquillement, en évitant de me soucier des problèmes économiques et politiques de Calormen. La vie de Prince avait été tellement simple, j'avais l'impression que ce n'était plus qu'un vague souvenir. Ces dernières années, j'avais fait tout ce que Yoren me demandait, et sans le vouloir, j'étais devenu comme lui. Le regard désespéré de ma sœur en voyant celui que j'étais devenu et la rencontre de Melody m'avaient convaincu que je m'étais éloigné de celui que mon défunt père aurait voulu que je sois. Aujourd'hui, je tentais à tout prix de lui ressembler, et à chaque décision, je me posais une unique question : "Père, qu'aurais-tu fait ?". Tu aurais été plus simple si mon frère n'avait pas été aussi assoiffé de pouvoir...

Je remerciai l'esclave d'un geste, lui indiquant ensuite qu'elle pouvait partir et que je n'avais besoin de rien de la même manière. Elle m'interpella par sa manière de ne faire preuve d'aucune politesse en dehors du simple et obligatoire vouvoiement. Quelqu'un comme mon frère n'aurait jamais laissé passer ce manque de respect qui apparaissait presque comme une insulte. Mais je ne comptais pas faire frapper les esclaves pour leur parole, rares étaient ceux qui n'étaient pas muets déjà. Cette esclave était, de plus, particulière. Elle avait toujours refusé d'obéir aux règles, et pourtant, elle était ici, destinée à faire les corvées du palais et de ses habitants chaque jour, chaque nuit, depuis plusieurs années. Elle me montra à nouveau son manque de discipline en me posant une question au lieu de partir. Mais une question intéressante, si bien que je ne pus que lui répondre.

« Pour le moment, il semblerait que ce soit le cas, en effet. »

Anémone, cet esclave qui avait su me toucher et faire grandir en moi un sentiment de compassion envers elle et ses camarades esclaves, était mon esclave personnelle, mais avait été enlevée par les Telmarins. Pour quelle raison ? Tash seul le sait. Des rumeurs d'une liaison entre elle et moi avaient parcouru le palais, mais qu'est-ce qui intéressait Edwin là-dedans ? Aucun sentiment amoureux, seulement une amitié. Je tenais à Anémone, mais si je tentais avant tout de la récupérer, c'était pour montrer que chaque habitant de Calormen serait sauvé des griffes des Telmarins, et que si la guerre était inévitable, alors je participerai afin de ramener enfin la paix. Mais c'était illusoire et presque utopique...
La question de la jeune esclave présente devant moi m'intrigua soudainement. Je la savais amie avec Anémone pour les avoir déjà vu ensemble. Et pourtant, depuis toujours, je me méfiais d'elle. Elle avait été l'esclave de mon frère, et elle avait simplement eu de la chance de ne pas être envoyée dans des endroits bien pires que le palais, comme les autres esclaves du précédent souverain.

« Mais tu n'as pas besoin de moi pour le savoir. Elisha, je me trompe ? » dis-je en me mettant en position assise sur le canapé. « Mon frère te manque, n'est-ce pas ? Après tout, les choses étaient plus simples pour toi avec lui. » ajoutai-je sans réfléchir, un léger sourire ironique sur les lèvres.

Oh oui, Elisha avait l'air misérable aujourd'hui, comparé au temps où régnait mon frère. A cette époque, elle le suivait partout, et elle ne faisait pas que le servir... Yoren dépensait inutilement l'argent de la couronne pour rendre sa petite esclave la plus belle possible. Il était vrai que sa beauté était enchanteresse, et vêtue comme une noble, elle ne ressemblait plus à une esclave. Bien sûr, mon frère savait faire la différence entre une esclave et une tarkheena, mais Elisha avait bien dû s'habituer à cette belle vie paisible aux côtés du Tisroc. A présent, elle était au même plan que les pitoyables esclaves qui arrivaient de toutes les provinces de l'empire.

« Que veux-tu ? Tu n'es pas restée ici à me parler d'Anémone pour rien. Exprime-toi, pour une fois que je t'en donne le droit. »

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