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 La Bataille de Beruna

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MessageSujet: La Bataille de Beruna   La Bataille de Beruna Icon_minitimeMer 21 Juil - 14:17

  • Aujourd'hui c'était le grand jour. Les troupes étaient prêtes à combattre, plus déterminées que jamais. Il nous fallait à tout prix gagner cette guerre pour chasser les Telmarins hors de Narnia pour de bon. Je redoutais cette bataille depuis si longtemps et pourtant, elle s'avérait inévitable. Pour la première fois de ma vie, j'avais peur. Peur des conséquences qu'allaient engendrer cette bataille. Ce serait mon dernier combat à Narnia, je le savais... Les pertes qu'il allait causer allaient être considérables, autant matérielles que mentales. Des morts, du sang, le chaos allait trôner durant cette maudite bataille. Mais au fond, est ce que quelqu'un peut me dire à quoi sert une guerre ? Après Elle, seul le son des Requiem trônera sur le Monde de Narnia...

    Je sentis une pression contre mon torse encore nu. Je me retournai et souris. Rosalie... je pense que c'est pour elle que je suis encore vivant aujourd'hui. Elle a su trouver les mots pour me rendre plus fort et m'aider à faire face à la dangereuse situation qui s'était peu à peu installée au fil des jours. Plus le temps s'écoulait, plus la tension entre Narnia et Telmar grandissait. Mais ce n'est pas seulement pour elle que je vis aujourd'hui, j'en dirais des bêtises... Je la pris dans mes bras avant de m'agenouiller à ses pieds et poser un léger baiser sur le ventre arrondi de ma bien aimée. Je me relevai pour poser mes lèvres sur sa bouche cette fois ci. Enceinte, oui, elle était bel et bien enceinte depuis déjà 6 mois. Le temps passe terriblement vite n'est ce pas ?

    6 mois... cela faisait déjà 6 mois qu'elle n'était plus retournée à Telmar, son pays d'origine. En effet, elle y était recherchée... Mais à Narnia, elle ne risquait rien. Elle mettrait au monde un dauphin, garçon d'après les médecins. Je n'en étais pas peu fier, imaginez un peu, un nouveau Prince de Narnia allait naître ! Un héritier du trône qui prendra soin et aimera nos terres comme nous l'avons fait avant lui... J'étais persuadé qu'il mènerait sa tâche à bien comme son père ainsi que son oncle Edmund et ses tantes Susan et Lucy... Mais ne faisons pas de prévisions, il fallait commencer par le commencement, à savoir gagner cette fichue bataille. Et ce n'est pas dans ma tenue actuelle qu'on y parvient !

    Je m'absentai un long moment durant lequel je revêtis mon armure. Ma vieille armure dans laquelle j'ai combattu jusqu'à présent. Elle ne m'est toujours pas petite, preuve que je n'ai pas beaucoup changé ces dernières années. Je me souviens encore de la bataille contre la Sorcière Blanche et celle contre Miraz... Mais la plus rude que cette tenue aie enduré est sans doute celle contre Saphyr, l'Empereur des Îles Solitaires qui convoite mon trône depuis des années ainsi que son indépendance. Il avait déployé les grands moyens et étaient même en supériorité numérique mais à force de jouer avec le feu, ce cher Saphyr s'est brûlé les ailes et a perdu... tout perdu d'ailleurs. A présent, ce n'est qu'un esclave parmi d'autres, banni dans une île perdue dans l'océan oriental. Peut être Caspian subira-t-il le même sort ? Ou moi même, qui sait ?

    - Roi Peter, Roi Peter ! L'Armée est au devant de Cair Paravel. Ils vous acclament, ils vous réclament ! Il faut partir à présent.


    Voila, le moment que je redoutais tant était enfin arrivé. Au fond de moi, j'en étais affreusement soulagé. Je croisai dans le couloir mes frères et soeurs. Je leur demandai s'ils étaient prêts d'un ton assez nerveux mais n'obtins que des murmures en guise de réponse. Ils semblaient être aussi anxieux que moi... Comme le veut la tradition, les quatre Rois et Reines de Narnia doivent ouvrir la marche en direction du Gué de Beruna, lieu où se font toutes les batailles. J'étais sur mon cheval blanc, Marcial, à ma gauche se tenait Lucy, ma petite soeur. Je l'aimais énormément et la protègerai coûte que coûte. A ma droite, Edmund. Malgré quelques différent qui nous opposent, il reste mon frère et le restera à jamais... Quant à Susan, elle n'avait pas fière allure. Je levai les yeux au ciel, son aventure avec Caspian, notre ennemi, avait laissé des traces... Aux côtés de mon frère, le Prince Corin d'Archenland. Ces deux là étaient meilleurs amis et le resteraient pour toujours. Entre eux, c'était à la vie à la mort... De plus, leur alliance est redoutable sur un champ de bataille, aussi bagarreurs l'un que l'autre ! A la droite de Susan se trouvait le Roi Cor d'Archenland. Il ne semblait pas s'entendre avec son frère et paraissait plutôt réticent à ce combat...

    - Peter !
    - Rosalie ? Mais qu'est ce que tu fais là ? Tu ne vas pas combattre dans cet état ? Rentre au chateau je t'en prie.
    - Non, je ne veux pas. Je resterai loin des combats mais... je veux voir Telmar tomber.

    Elle était complètement folle ou quoi ? Elle était enceinte ! Cependant, je ne pouvais pas lui refuser le fait d'assister à la chute de Telmar, de son cousin même. Je l'aidai à monter sur un cheval non loin de moi. Elle était avec les femmes de généraux narniens voulant assister à la bataille mais ne combattant pas. Or, j'avais un mauvais pressentiment... Rose était beaucoup plus fragile que toutes les autres et puis c'était sa première bataille... Elle était habillée en civil en plus, vêtue d'une longue robe de soie blanche. Enfin, je ne devais ni penser à elle ni à l'enfant qu'elle portait sinon je ne pourrai pas me concentrer.

    Nous étions à présent sur le gué de Beruna. Face à nous, un amas humain, armé de fer et de chevaux menée par un homme sur un cheval brun. Caspian... Il me semblait fier et confiant tout en étant tout de même un peu nerveux. Ses soldats étaient calmes et concentrés. Malgré tout ce que je pus lui reprocher il était un véritable guerrier et tout le monde savait qu'en ce moment, il était en forme. Du côté Est du gué, des hommes enragés émettant des cris barbares dans une autre langue. Au devant d'eux, sur un pur sang arabe couleur caramel, le Tisroc, aussi effrayant que dans mes pires cauchemards. Il avait les yeux entourés de noirs, si bien que même à une forte distance, il avait le don de vous mettre la chair de poule.

    Nous étions enfin prêts. Un de mes généraux, un centaure, me fit un signe de tête. De ma bouche allait sortir deux mots. Seulement deux mots mais avec une force incroyable. Deux mots qui allaient déclencher une apocalypse, une bataille, un champ de morts et de sang... C'était le début de la fin. Je me retournai pour regarder mon armée, ma belle armée Narnienne ainsi que les troupes Archenlandaises. Je posai ensuite mon regard sur Corin qui m'adressa un sourire. Puis sur son frère Cor, plus réservé, concentré sur la bataille ainsi que sur Susan qui jetait un regard noir au Roi de Telmar et Edmund qui semblait être quelque peu impressionné par les cris Calormènes tout en ayant très envie de les calmer... Enfin, je posai mes yeux sur ma jeune soeur Lucy, que je pris dans mes bras et posai un baiser sur son front. Elle saurait se défendre, je le savais. Pour finir, je me retournai et regardai Rosalie, un long moment... Elle était trop loin de moi pour que je ne l'embrasse mais mon seul regard témoignait de mon amour envers elle... Je lui adressai un dernier sourire avant de regarder son ventre, notre futur enfant.

    Voila, j'avais passé en revue tout le monde. Je levai mon épée avant de crier......

    - POUR NARNIA !!!!

    Le carnage allait commencer.
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MessageSujet: Re: La Bataille de Beruna   La Bataille de Beruna Icon_minitimeSam 31 Juil - 16:29

  • Si il y a bien un jour où j'aurai aimé ne pas me réveiller c'était bien celui là. Pourquoi ? Parce que je n'étais pas du tout en forme. J'avais terriblement mal à la tête, peut être le stress... Sans doute. Ah mais oui, vous devez vous demander pourquoi est ce que je suis tant angoissée... La raison est pourtant bien simple. Savez-vous qu'une guerre est en cours dans notre royaume opposant les Telmarins aux Narniens et les Archenlandais aux Calormènes ? Vous devez mieux comprendre pourquoi je suis tant angoissée. En effet, s'il y a quelque chose que je redoute par dessus tout, ce sont bien les forces telmarines, et je sais de quoi je parle... J'ai en effet côtoyé les soldats de Telmar durant toute ma vie au château.

    Je suis en effet issue des terres Telmarines, plus particulièrement d'une des cousines de la mère de Caspian, le roi de cette contrée. J'ai donc toujours vécu à la cour telmarine au milieu des meors anti narniennes. C'est un ami narnien qui m'a fait découvrir son pays, pays dont je suis littéralement tombée amoureuse. Les couleurs, la faune et la flore sont exceptionnelles. J'ai donc pris d'amitié les narniens ainsi que leurs coutumes. J'ai bien tenté de faire entendre raison à Caspian, lui disant qu'une guerre n'était pas la bonne solution mais il n'a rien voulu savoir. Je perdais de plus en plus de crédibilité auprès de la cour, voila pourquoi le Roi me donna une seconde chance. Il fallait que je me rachète et pour ce, rien de tel qu'une petite mission : ramener Peter Pevensie à Telmar, user de mon charme pour le capturer... tel était le mot d'ordre.

    Je partis donc de Telmar avec la mission en tête bien qu'à contre coeur. Je regardai une dernière fois mon frère Matt, telmarin endurcit. En vérité, c'était pour lui que je le faisais, que je me sacrifiais en quelques sortes. Je n'avais aucune envie de porter atteinte au roi suprême de narnia mais pour son honneur, pour lui prouver que je lui serai fidèle et loyale jusqu'au bout, j'avais décidé de le faire. J'étais motivée pour ne pas décevoir mon frère, en effet, il était tout pour moi, ma seule famille mais aussi mon confident. Je ne suis plus rien sans lui, j'espère qu'il le comprendra. Et quoi que ce que j'ai pu faire de bien ou de mal à ses yeux, je l'aime toujours autant, il prendra toujours une énorme place dans mon coeur, éternellement.

    Me voici donc dans la forêt à la limite des frontières entre Narnia et Telmar. Je ne sais pas du tout dans quoi je m'engage. Je suis totalement perdue et... m'endort. A mon réveil, une bien drôle de surprise ! Peter Pevensie était lui même devant moi. Imaginez un peu la surprise ! De fil en aiguille, nous avons appris à faire connaissance et j'utilisais le mieux que je pouvais mon charme pour l'avoir à ma merci. Mais voila, j'avais tout de même une conscience et plus le jeune Roi s'occupait de moi, plus je l'appréciais. Un soir, alors que j'étais dans ma chambre, c'était la pleine lune. Je me postai sur mon balcon et constatai que Peter était juste en dessous de moi, dans le parc. Il ne m'avait pas vu... je suis certaine que j'ai passé une bonne heure à le regarder... C'est ce soir là que je me suis rendue compte que... je l'aimais. J'aimais mon propre ennemi.

    Je sentis la pression de la bouche de mon fiancé, mon futur époux sur ma tempe. Je redescendis sur terre et le regardai d'un regard doux et amoureux. Il baisa ensuite mon ventre, à l'intérieur duquel se tenait un petit embryon, notre futur enfant. Un garçon d'après les médecins. J'étais persuadée que ce serait un très grand roi. Peter se changea, j'en fis de même. Je savais qu'un cortège pour les femmes des généraux ou des Rois était prévu. Je me vêtis donc d'une grande robe blanche et d'un collier rouge avec des roses du château, signe de paix mais aussi d'amour. Je ne raterai cette guerre pour rien au monde. Il fallait que je voie la chutte de Telmar, celle de mon cousin, mais il fallait aussi que je vois Matt. Je ne l'avais pas revu depuis le début de ma grossesse. Depuis que je lui ai annoncé que je resterai à Narnia, depuis que je fus bannie de Telmar.

    - Peter !
    - Rosalie ? Mais qu'est ce que tu fais là ? Tu ne vas pas combattre dans cet état ? Rentre au chateau je t'en prie.
    - Non, je ne veux pas. Je resterai loin des combats mais... je veux voir Telmar tomber.

    C'est ainsi que j'arrivai sur le champ de bataille. Le Roi Suprême posa son regard sur moi, sur mon ventre dix longues secondes. Mais ce n'était pas assez... à la suite de ce regard, il déclara la guerre. Aussitôt, tout s'accéléra autour de moi, les catapultes se mirent en fonctionnement et les archers aussi. Les narniens étaient plutôt sur la défensive et j'étais certain que la stratégie avait été mise en place par le Roi Edmund et son ami Corin. Nous ne pouvions pas perdre cette bataille, c'était obligatoire, pas avec ces deux alliés de taille ! Bien que jeunes, ils maniaient à la perfection l'épée. Je repérai les deux amis qui avaient autour d'eux une bonne poignée de Telmarins. Edmund et Corin ne se séparaient pas... pour le moment.

    Mon regard se porta ensuite sur un général des archers ordonnant à ses hommes de pointer vers l'armée telmarine. Je retins mon souffle, les premières lignes allaient en prendre un coup. Premier lancé, je vis le Tisroc sur son chameau éviter une flèche de justesse. Je vis également Caspian sur son cheval qui baissait sa tête pour parler à quelqu'un. Ils étaient exposés, quels ignares ces deux là... mais je n'irai pas pleurer la mort de mon cousin. Je souris légèrement, sourire qui s'effaça quand je vis le visage du jeune homme à qui parlait Caspian. C'était... mon frère... Il fallait que j'y aille et rapidement, il fallait que je le sauve ! J'entendis le général des archers commander à ses soldats des flèches empoisonnées. Le tir aurait lieu dans trente secondes. Le compte à rebours allait commencer...

    Je détachai les liens qui m'attachaient à notre carrosse et me jetai dans la bataille. J'étais parfaitement inconsciente avec ma robe blanche et mon gros ventre mais il fallait que je le prévienne, que je le pousse de là. J'entendis alors les voix des généraux disant "armés" "40.39.38"... Le compte à rebours était lancé. Je n'avais pas le temps de me retourner mais je sentis un cheval se mettre à mes trousses. C'était le cheval de Peter. Il me suivait... mais quel inconscient ! Je n'avais pas besoin de lui ! Il fallait qu'il défende les siens ! Je ne me retournai pas, courant de plus en plus vite. "20-19.18" Ces nombres résonnaient dans ma tête... ce n'était pas des secondes, j'avais l'impression que la voix du général accélérait... "10.9.8" Voila, Matt était devant moi... il ne me restait plus qu'à... "lancez !!" Je me retournai, non... j'étais si proche du but... Une pluie de flèche prit place dans le ciel. Je voyais Matt, distrait par Caspian qui ne voyait pas la mort lui tendre les bras...

    - MAAAAATT !!!!!

    Je me jetai sur lui, les larmes coulant à flot. Je savais ce que je faisais, j'assumais mon geste. Je laissais ma vie à Dieu en échange de la sienne... Lorsque mon frère se retourna c'était déjà trop tard. Je le percutai avec force, force à laquelle se rajouta celle de la flèche m'atteignant en pleine hanche. Je n'en avais plus pour longtemps...

    - Matt... je t'aime... essaye de me comprendre. Mais je l'aime aussi...

    Je n'avais toujours pas perdu connaissance, luttant pour rester en vie encore quelques minutes. J'étais une meurtrière... je laissais ma vie mais privais mon bébé de la sienne. Comment mon frère de sang allait-il réagit face à cette situation ? Combien de temps me restait-il ? Deux- trois minutes ? ...
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Matías Ernelio
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MessageSujet: Re: La Bataille de Beruna   La Bataille de Beruna Icon_minitimeMer 11 Aoû - 11:20

    Jamais je n'aurais pensé me sentir aussi étrange, ces temps-ci. Je brûlais d'une forte fièvre - façon de parler - à l'approche de la guerre. Je n'y pouvais rien, j'avais été élevé, entouré depuis ma naissance par des personnes qui étaient fières de leurs origines telmarines. Moi aussi je l'étais, même si mon père... enfin n'en parlons pas, je ne l'avais pas connu après tout. Ce qui était plutôt bizarre puisque j'avais une sœur. Une sœur qui ne me ressemblait pas au final, mais que j'aimais. Quant à ma mère, justement, elle est morte à la naissance de Rosalie. Presque deux ans maintenant après la "victoire" des Narniens sur Telmar, j'avais cette fois été entouré de soldats surtout qui se rappelaient de l'époque où notre peuple dominait. Pas que de soldats d'ailleurs. A cette époque-là justement, j'avais franchement, mais vraiment, eu honte de Caspian. C'était à cause de lui que Telmar était devenu inférieur. Mais il s'était rattrapé. A mon avis, jamais il n'avait prévu un plan pour faire le gentil, puis ré-attaquer les Narniens plus tard. Il avait juste changé d'avis.

    Disons que je faisais parti de sa famille, du côté de ma mère, c'était d'ailleurs pour cela que je vivais au château. Mais la seule famille que j'avais réellement, c'était Rosalie. Rosalie qui m'avait abandonné pour les Narniens. Rosalie qui, au lieu de tuer l'abruti de roi, l'aimait, et était partie pour lui. Caspian m'avait interdit de pénétrer en territoire ennemi pour aller la récupérer. Et surtout, il avait banni ma sœur pour son changement définitif de camp. Et à présent, cela faisait six mois, six longs mois que je ne l'avais pas vu. Et là, au début d'une bataille qui sera sûrement la plus grande, j'étais en haut des troupes telmarines, quelques rangs derrière la rangée où Caspian se trouvait. Oui, j'étais content, fier d'être dans cette guerre. Mais Rosalie me manquait, j'avais peur pour elle. Si elle avait été avec moi, je lui aurais dit de ne pas se battre. Aurait-elle pensé à cela, et se trouvait-elle en sécurité, loin de la guerre ? Si elle était à Cair Paravel, c'était une mauvaise idée, très mauvaise. Caspian avait peut-être prévu d'attaquer la château directement, en fonction du déroulement des batailles. Je n'avais aucune envie de voir Rose en face de moi, dans le camp des ennemis, ce serait pire que tout...

    Un soldat, que je ne connaissais pas, se trouva alors à côté de moi, et me sortit de mes pensées en me priant de le suivre, car mon roi souhaitait me voir. Je ne me faisais pas d'illusion, je n'étais pas plus important que cela dans l'armée. Toutefois, je savais très bien me battre, me défendre, comme si j'étais né pour cela. De grands généraux reconnaissaient bien leurs défaites contre moi. J'étais seulement important dans la société à vrai dire. Le fait de faire parti de la famille royale aidait, mais aussi, lorsqu'on a une grande détermination et une sorte de don pour que les gens nous suivent, c'était simple de se faire remarquer. Sûrement la raison pour laquelle je ne me faisais pas jeté, et que j'étais maintenant appelé par Caspian. Non mais qu'est ce que je racontais ? Me faire jeté ? N'importe quoi. Les rangs devant moi étaient plutôt serrés, m'empêchant donc de passer avec mon cheval. Je descendis en le confiant au soldat qui était venu, et me dirigeai vers mon cousin. A vrai dire, on était cousins éloignés, mais à ce qu'il paraissait, il n'y en avait plus beaucoup de vivants dans cette famille.

    Caspian regardait longuement l'armée ennemie, en face de lui, lorsque j'arrivai à sa gauche. Je suivis son regard puis l'observai en silence, attendant qu'il parle le premier. C'était ainsi, la parole revenait à celui qui avait demandé quelqu'un, nous n'avions pas à dire « vous vouliez me voir ? » ou autre. Enfin dans mon cas, j'aurais utilisé le tutoiement. J'étais à son commandement, mais je n'étais pas totalement un de ses soldats. C'était plutôt compliqué, mais nous nous comprenions. Après une dizaine de secondes, il tourna enfin la tête vers moi, la baissa, et me fixa longuement. Il me demanda alors mon avis sur l'armée d'en face. Je rejetai un coup d'œil dans cette direction, plus attentif. Il fallait reconnaître qu'Archeland avait une armée assez importante. Mais de notre côté, nous avions aussi les Calormènes, forts, puissants, avec un chef impitoyable. Si j'avais choisi, j'aurais préféré être avec le Tisroc plutôt qu'avec le Roi de Telmar, mais bon. Il fallait que je reste fidèle à mon peuple, à l'endroit où j'avais grandi, vécu. A peine eus-je dit ce que je pensais qu'en face, le Roi Peter, me semble-t-il, déclara réellement le début de la guerre. Pour une fois, c'était les Narniens qui commençaient quelque chose, et non les Telmarins.

    « On ferait mieux de reculer, pour ma part je n'ai pas l'intention de me protéger de ces flèches pendant toute la bataille ! » dis-je en voyant les archers du camp d'en face attaquer.

    Je regardai alors Caspian qui semblait réfléchir. Je ne savais pas ce qu'il allait décider, mais je n'allais pas l'attendre trois heures ! Il finit par tourner la tête vers moi, lorsque soudain, il me sembla entendre mon prénom. Non, ce n'était même pas cela, c'était un hurlement de désespoir. Je commençai à observer tout autour de moi. Je ne voyais que des soldats qui avançaient vers le milieu du front pour se battre. Quelque chose entra alors dans mon champ de vision, puis me percuta brusquement. Au même moment, de nouvelles flèches, lancées de plus près, et plus fortement, arrivaient vers nous. Je levai mon bras, tenant mon bouclier, afin de me protéger - j'entendis d'ailleurs deux flèches le percuter - puis regardai la chose, ou plutôt la personne qui m'avait foncé dessus. C'était ma soeur. Mes yeux s'agrandirent, ma bouche aussi. Je voulus sortir plusieurs mots, mais rien ne vint. Plusieurs réactions arrivèrent. Surprise, peur, grande joie, à nouveau la surprise, et pour finir, une énorme peur. Enorme peur pour le bâton vers sa hanche. Une flèche.

    Mes doigts agrippèrent Rosalie, sentant qu'elle allait tomber. J'eus l'impression que quelqu'un me parlait, mais je ne l'entendais pas. J'étais pétrifié en voyant le visage de ma sœur en larmes. J'avais toujours eu l'impression d'être impuissance face à cela. Je redevenais l'enfant qui tenait une fillette dans ses bras en tentant de la consoler, de la rassurer, mais qui au final pleurer aussi. Je retins cependant les larmes qui menaçaient de couler de mes yeux, me baissai afin de prendre ma sœur dans mes bras pour l'emmener plus loin, mais y renonçai en entendant un gémissement. Je jetai rapidement un regard autour de moi - tout le monde bougeait maintenant. Les soldats avançaient, même Caspian était parti en avant. La famille comptait pour lui...tu parles ! Enfin bon, je me fichais totalement de lui. Toutefois, en tenant toujours Rose, je reculai lentement et doucement, puis je la fis s'allonger et me mis près d'elle.

    Il me semblait que quelqu'un criait cette fois le prénom de ma sœur, mais je n'en étais pas sûr. Peut-être était-ce mon imagination qui, à force de répéter les mêmes pensées, la même peur, me faisait entendre des voix. Je devenais fou de la voir comme ça. Blessée, souffrante, triste. Non, il y avait un moyen de la remettre en état, il y avait forcément un moyen. Et puis, ce n'était qu'une petite blessure non ? Je baissai la tête et soulevai sa robe sans aucune gêne. La flèche s'était enlevée d'elle-même, mais non, ce n'était pas une petite plaie. A peine eus-je mis les doigts dessus qu'ils furent trempés de sang. C'est alors qu'ils rencontrèrent autre chose. Autre chose que je n'avais pas remarqué avant. Je soulevai un peu plus la robe, doucement. J'associai ce que je voyais avec le temps, les causes du départ de Rosalie. Ma sœur était bannie depuis six mois... et je la voyais maintenant avec un gros ventre. Elle était...enceinte. Et elle était amoureuse de ce fichu roi. Je relevai les yeux vers elle, nos regards se croisèrent. J'avais tout compris, oui.

    « Pourquoi... Pourquoi es-tu venue ?! »

    Je criais presque. Je parlais du fait qu'elle était venue pour...me sauver, j'en étais conscient. Elle se sacrifiait à ma place... Je me moquais de ce bébé, ma sœur perdait la vie rapidement, à ma place. Il fallait... lui trouver un médecin. Il devait bien y en avoir non ? Même chez ces foutus Narniens. Quitte à aller là-bas pour la soigner, je le ferais. Je regardai à nouveau la blessure, et vis une espèce d'épais liquide verdâtre, presque noir, dessus. Je touchai doucement puis observai cette substance jusqu'à ce que je sente, après quelques secondes, une brûlure sur mes doigts. Je les essuyai sur l'herbe en frottant pour que cette brûlure disparaisse. Mais c'était quoi ce truc ?! Mon regard dériva sur les autres flèches qui n'avaient pas atteintes de cible, et qui se trouvaient au sol. Le même liquide sortait de chaque pointe. Peu à peu, je compris. Je pris la main de ma sœur en la serrant plus de mon autre main.

    « Flèches empoisonnées... c'est ça ? »

    Il n'y avait pas vraiment besoin de poser la question. Oui, il y avait du poison, et ce truc se propageait vite, très vite dans les veines de Rosalie. Elle eut une sorte de hoquet, indiquant que maintenant, elle avait vraiment du mal à respirer. A la vue des larmes qui continuaient de couler, je ne pus me retenir aussi. Non... Elle n'allait pas me faire ça, elle ne pouvait pas ! Quelqu'un, derrière moi, me percuta, et malgré la difficulté apparente que j'eus d'abord, je sortis mon épée et donnai un violent coup au soldat. C'était un Telmarin, mais peu importe. Je lâchai mon épée, les doigts tremblants, puis écartai lentement des mèches de cheveux sur le visage de Rose. Oui, j'étais pratiquement le contraire de ce qu'elle était, mais j'étais relié à elle. Toute ma vie dépendait d'elle. Le but que je m'étais fixé n'était pas de savoir me battre, d'être respecté, d'être connu. Non, c'était de protéger l'unique personne de ma famille, celle dont je ne pouvais pas me passer.

    « Rose... Je t'en prie, ne me fais pas ça... »

    Ma main qui tenait toujours la sienne se serra d'avantage, comme pour appuyer mes paroles. A nouveau, j'entendis le prénom de ma sœur, et là, j'étais sûr que ce n'était pas moi. Je me forçai à lever la tête, et vis... Non mais en plus il était là lui ? Le fameux roi Peter, sur son cheval, était près de nous, criait «ROSALIE» de toutes ses forces, et était piégé par un groupe d'une vingtaine de Telmarins. Je regardai un instant le combat qu'il essayait de mener. Il arrivait à tuer des soldats facilement, mais les deux généraux, eux aussi sur des chevaux, lui donnaient du fil à retordre. Puis finalement, l'un des deux tomba au sol ; une tête roula plus loin. La haine revint en moi. Rosalie avait beau être venue pour me sauver, elle mourrait à cause des Narniens. A cause de lui ! La voix de ma sœur me parvint, et en baissant la tête, je sus qu'elle était au courant de ce que j'avais en tête. Malgré cette haine, cette colère, jamais je ne pourrai tuer ce roi. Pas en sachant que Rose serait blessée. Au bout d'un moment, je crus discerner... un sourire sur ses lèvres. Ce sourire me redonna du courage, de la force, mais pour combien de temps ?

    Ma main libre hésita un instant, puis se posa doucement sur le ventre de ma sœur. Ce bébé, je n'aurais rien pu faire contre... Mais ainsi, j'aurais été en quelque sorte réuni à Narnia, aux rois et reines. Toutefois, tant que ma sœur aurait été heureuse, j'aurais tout passé. Parce que c'était son bonheur que je voulais, bien sûr. Et là, deux personnes mourraient à la fois. J'avais envie d'être égoïste, de ne pas penser que Peter, lui, perdait à la fois sa...petite amie, peut-être plus, et son bébé, son héritier. Rose avait des amis auxquels elle tenait beaucoup, eux aussi auraient mal. Au fond, je pensais à tout ce monde, mais je n'en avais pas envie. Toute ma vie reposait sur Rosalie. Sans elle, plus de vie. Je m'efforçai de contrôler les larmes qui coulaient sur mon visage, sans la quitter des yeux. Je n'avais pas le droit d'être en colère, pas maintenant. Je savais parfaitement que tout ressortirait plus tard.

    « Je te pardonne. Je sais que tu l'aimes vraiment... »

    Un sourire réussit à étirer ses lèvres. Elle leva son bras, et réussit à poser sa main sur ma joue. Malgré la légère chaleur de l'air, sa peau était gelée. La mienne l'était aussi, mais pas autant, à cause du choc encore, de mon cœur que je ne sentais qu'à peine. Comme dès qu'elle m'avait percuté, elle me redit avec difficulté qu'elle m'aimait, qu'elle était désolée. Là, je commençai à réellement craquer. Si je ne souhaitais pas continuer de voir son visage, ses yeux, autant que je le pouvais - je savais déjà la fin de l'histoire -, j'aurais pété un câble, sans connaître les actions que je ferais. Ma sœur allait mourir pour me protéger... Mais à quoi ça allait servir bon sang ?! Je ne pouvais pas vivre sans Rosalie, sans savoir qu'elle, elle était en vie, même loin. Non, c'était impossible.

    « Je t'aime Rose... Je t'en supplie, ne m'abandonne pas... »

    Sa main glissa sur ma joue, retomba mollement sur elle. Mes yeux s'agrandirent sur le moment, mais Rosalie... ne bougea plus. Sa tête bascula sur le côté, ne me regardant plus. Je la secouai doucement au début, puis plus violemment, et finis par m'effondrer sur la corps de ma sœur, les larmes coulant à flot sur mon visage. Je n'entendais plus rien autour de moi, j'étais comme sourd au milieu de la guerre. Je risquais à tout moment de me faire tuer si quelqu'un s'intéressait un temps soit peu à moi ; eh bien tant mieux ! Mais au lieu de cela, quelqu'un trébucha sur moi. Je ne cherchai même pas à savoir le camp du soldat, je saisis mon épée tombée à côté de moi et tranchai la gorge de l'inconnu. Je regardai ensuite mon arme où coulait le sang de cette personne. Au point où j'en étais, je pouvais bien me tuer maintenant... Un coup dans le cœur, bien profondément, et je mourrais brutalement, sans tellement souffrir. Je rejoindrais Rosalie.

    Mais non, il fallait que je venge Rose. Au moins que je fasse ça pour elle. Je n'allais pas tuer la cause de tout cela, le Roi Peter. Je ne savais même pas où il était, alors que je l'avais aperçu. Non, c'était les Narniens qui avaient lancés ces flèches mortelles. La colère remonta en moi, pris possession de mon corps, me fis oublier ma tristesse, mon désespoir. Je finis par essayer mes yeux d'un geste rageur, puis passai mes bras sous Rosalie pour la porter, après m'être relevé. Je regardai autour de moi, et finalement marchai droit devant moi, vers les Narniens... Ils ne dirent rien en voyant un Telmarin débarquer au milieu. Je me dirigeai vers un endroit où il y avait des blessés...et des morts. Sans un mot, je déposai ma sœur près d'une personne bien vivante, une femme, qui essayait de soigner comme elle pouvait. Elle dut reconnaître Rosalie, mais je lui dis avant tout que c'était déjà fini. Avant que la femme ait pu me regarder, je partis, toujours droit devant. En fait, je n'allais pas rester au milieu de cette bataille, j'allais faire mieux. J'allais à Narnia, pour venger ma sœur.

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MessageSujet: Re: La Bataille de Beruna   La Bataille de Beruna Icon_minitimeMar 31 Aoû - 15:25

  • La grande bataille de Beruna était programmée pour aujourd'hui. Pour tout dire, j'avais peur. Je ne combattais pour personne, l'issue de cette guerre entre Telmar et Narnia m'indifférait quelque peu mais ce qui m'intéressait vraiment, à moi, c'était le fait que Calormen n'aie pas accès à la parcelle d'Archenland. Je connaissais parfaitement bien les intentions de mon frère, il désirait cette contrée là pour avoir un pied à terre avec Narnia et ainsi l'envahir plus facilement. Il suivrait cette idée, j'en étais certaine, ce stratagème ayant été utilisé quelques années plus tôt mais qui a échoué. Il est vrai que l'armée calormène n'était pas bien préparée à cette invasion, et heureusement que le Roi Lune d'Archenland avait une excellente armée pour parer son château et empêcher l'invasion du Tisroc et de son peuple.

    Aujourd'hui, les choses avaient bien changées. Yoren s'était incrusté dans un conflit entre Telmar et Narnia, obligeant Archenland à s'allier avec les Pevensie pour ainsi avoir l'excuse de se battre contre Archenland et envahir le royaume. Lorsque j'avais appris que l'empire de mon frère entrait en guerre, j'ai immédiatement compris quelles étaient ses intentions. Elles me paraissaient en effet claires et limpides... Et tout le monde sait que ce que Yoren veut, il l'obtient. Il ne connait pas l'échec, c'est sa nature. Cette détermination et cette persévérance font d'ailleurs de lui l'un des meilleurs Tisrocs de la lignée des Eshbaan. Cependant, s'il se rangeait du côté du bien et de la paix, sa grandeur serait comblée. Je le lui ai plusieurs fois fait entendre mais il me rétorque toujours quelque chose du genre "les Calormènes ont une réputation et un honneur, celui de la barbarie. C'est un peuple respecté et craint à travers les océans..." Yoren avait-il donc choisi le Mal pour une question d'honneur ?

    Moi, Crystal Eshbaan,fille du Tisroc Abel, je me dois de préserver mon empire d'une erreur grossière dictée par la soif de grandeur d'un Tisroc trop ambitieux pour porter atteinte à la paix et la tranquillité de tous ses sujets. Ma mère me disait autrefois que j'étais le portrait craché de mon père, que je lui ressemblais autant physiquement que moralement. Nous avions les mêmes valeurs et défendions les mêmes idées mais voila, Yoren est l'ainé. Je suis une femme et le petit dernier Soren s'est vu barré la route du trône par son frère. Un cours de circonstances qui voudra la perte de Calormen, j'en suis certaine. Et il y a ici une seule personne qui est capable de le raisonner, moi. Je suis consciente des risques que j'encours en me confondant au coeur de la bataille mais je dois empêcher ce maudit massacre... Il faut que je parle à Yoren, coûte que coûte.

    Face à moi, les deux camps de faisant face. A ma gauche, Calormen et Telmar et à ma droite, Archenland et Narnia. En effet, je n'étais pas encore dans les combats, observant la scène, seule, du haut d'une colline. Le silence était le seul Roi dans le gué de Beruna mais j'avais le mauvais sentiment que ça ne durerait pas. Je perçus alors un éléphant sacré d'un des temples de tashbaan. Je maudis mon frère, il n'avait pas le droit de toucher à cet éléphant ! Il était sacré par les Dieux... Mais en même temps, il se considérait comme un des prophètes de nos Dieux. Il venait d'enfreindre une des règles les plus respectées de Calormen. Ainsi, il s'attirerait els foudres du peuple calormène s'il ne revenait pas victorieux de la bataille. Un dilemme s'offrait à moi. Si j'empêchais mon frère de gagner cette guerre, sa tête serait coupée sur la place centrale de Tashbaan et son honneur bafoué. Or, il était mon frère...

    Je fermai les yeux, indécise quand soudain, j'entendis le Roid e Narnia, Peter Pevensie, déclarer la guerre haut et fort. C'étaient les narniens qui attaquaient. C'était assez rare mais au fond, je ne pouvais pas m'empêcher de me dire qu'ils n'attaquaient pas; non, ils défendaient leur territoire, nuance. Ce champ de bataille a vu bien des combats mais j'avais me pressentiment que cette bataille serait symbolisée par le sang. Lorsque l'on en parlerait plus tard, le mot qui nous viendrait à la bouche serait celui de mort ou de sang. Il fallait empêcher ce massacre... Je sentis une main sur mon épaule. Qui donc m'avait suivi ? Je me retournai et vis Chris, celui que j'aimais. Mes yeux se remplirent de larmes. Il ne faisait pas parti de la bataille, moi non plus, mais je devais y aller, lui pas. Peut être que je ne reviendrai jamais à narnia... Peut être que je ne mettrai jamais au monde le petit embryon qui grossissait de plus en plus dans mon ventre ? Ca ne se voyait pas encore mais je le sentais...

    Mon armure ne cachait pas mes intentions et ça, Chris le remarqua. Il tenta de me raisonner, me demandant de ne pas me mêler aux combats, pour lui, pour notre futur enfant, pour... nous. Il me le demandait si intensément que je ne pouvais pas lui refuser cette faveur mais en même temps, je ne pouvais pas m'empêcher de repenser à toutes ces vies pouvant être évitées. Mon armure était très spéciale, c'était le moins qu'on puisse dire. Enfin spéciale... pour un telmarin ça l'était, je comprenais pourquoi mon amoureux me regardait avec cet air là. Elle se composait d'un pantalon de soie souple et d'un haut couleur crème, le noir étant réservé au tisroc. Mes yeux étaient entourés de noir et un diadème se tenait sur ma tête. Mon diadème de princesse calormène que je n'avais pas remis depuis très longtemps. Ce diadème était mon immunité, en effet, tout calormène doit savoir reconnaitre ce diadème, ainsi, je ne serai pas tuée pendant la bataille.

    Je dois m'en aller Chris. Je peux raisonner mon frère et rompre l'alliance avec les telmarins. Ainsi, des vies seront épargnées. Je t'aime Chris, si tu savais comment...

    Il m'attira alors contre lui et nos lèvres se scellèrent. Ce baiser dura très longtemps et l'intensité qui s'en dégagea était jusqu'alors inconnue dans notre couple. Je n'avais pas envie de le quitter mais je devais. Je tentais de me retirer de ses liens mais il m'en empêcha me retenant encore contre lui. Je profitai donc d'un moment d'inattention pour dévaler la colline et retrouver les calormènes. Je fus bien vite au coeur des rangs orientaux. Un soldat s'avança vers moi dans le but de me tuer mais avant qu'il n'en ai même eu l'occasion, je hottai mon épée de son fourreau et le désarmai. Surpris par tant de rapidité et d'agilité, il posa son regard sur ma tête et vit le diadème avant de s'agenouiller. Je le relevai lui demandant de quitter les lieux ou se défendre mais de ne pas perdre temps avec ces manières! Il ne se fit pas prier mais répéta à tous ceux qui l'entouraient qu'il avait vu la princesse Eshbaan. Je pressai le pas, ne voulant pas être au coeur de cette rumeur.

    Mais voila, j'entendis de plus en plus de personnes se retourner à mon passage. Une fois au coeur de l'armée calormène, une personne me tira par la manche et me demanda si je connaissais la nouvelle rumeur. Je le regardai dans les yeux un petit moment avec autorité avant de passer mon chemin. Ils feraient mieux de se concentrer un peu plus dans les combats ! J'arrivai enfin au lieu indiqué par le jeune soldat mais il n'y avait personne. Si, au loin on devinait un éléphant avec quelqu'un sur le dos qui écrasait tout ce qui se trouvait sur son passage. Alors que je me concentrai à regarder ce cinéma, quelqu'un me poussa avant de s'excuser. Je le regardai quand je compris qui m'avait bousculé. Il était devenu grand, plus grand que moi à présent, ses cheveux étaient plus longs et ses yeux plus éclatants. Un très bel homme... Je restai là sans rien faire pendant quelques secondes puis finalement me jetai dans ses bras.

    Soren... C'est bien toi ? Oh, tu m'as tellement manqué.

    Je m'écartai ensuite, il m'attira plus en arrière, loin des combats. Il ne comprenait pas ? Je sentais la pression de la main de mon jeune frère sur mon bras, comme pour m'empêcher d'entrer au coeur des combats. Je savais qu'il était devenu un très grand stratagème de l'armée, peut être est-ce la raison qui le poussa à me déclarer sur un ton hautain que j'allais tout gâcher, que j'étais folle de m'être laissé entraîner là dedans, que j'allais me faire tuer... Je le regardai longuement avant de me débattre et lui déclarer :

    Soren, tu sais autant que moi que la guerre ne résoudra rien. Vous foncez droi au massacre. Le Roi Edmund et le Prince Corin ont eux aussi mis une tactique très fine et redoutable à en croire la rumeur. Ecoute moi, il faut résonner notre frère, laisse moi passer je t'en prie.
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Amanda Lynn
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MessageSujet: Re: La Bataille de Beruna   La Bataille de Beruna Icon_minitimeMar 31 Aoû - 19:20

    ♠ En venant dans ce monde, je ne pensais pas devoir me battre. Une guerre, c’est quelque chose d’horrible. Evidemment, je ne me suis jamais retrouvé dans la situation de me retrouver dans l’une, mais là…Les étendards étaient déjà levés dans chaque camp. Ce regroupement de personne me faisait penser étrangement à une fourmilière. Je ne me sentais pas bien. Je ne voyais pas Justin, ni mes amis. J’étais seule. Les gens poussaient, je ne pouvais pas supporter d’être ici. Je me faufilai à travers la foule afin de respirer un peu.
    Je m’étais souvent demandé comme j’allais mourir, et la plus part du temps, je me demandai où, quand, comment. J’avais un peu peur. Je ne voulais pas périr dans cette bataille. Le roi Peter déclara finalement la guerre. Et je profitai de ce moment d’inattention pour m’éclipser du champ de bataille. Seulement, plus je m’éloignais, et plus je culpabilisais. D’habitude, j’étais une fille courageuse, mais là, je perdais tout mes moyens. En fait, je ne voulais pas mourir sans avoir revu Justin et Crystal. L’amour de ma vie, et ma meilleure amie. Si Aslan le pouvait, il m’aurait donné l’occasion de revoir mes autres amis. Les larmes me montaient aux yeux, je me sentais si lâche, mais même si je ne pouvais point mourir dans la dignité, je reverrai au moins ceux que j’aime.

    Au fond, l’issu de cette guerre m’importait peu. Après tout, ce n’était pas mon monde. Certes, réflexion égoïste de ma part, surtout que depuis que j’étais ici, beaucoup de gens étaient entrés dans ma vie. Mais je ne me sens pas pour l’instant de me joindre dans une bataille qui a pour but le pouvoir. Je ne connais pas les intentions des rois de Narnia, ni celui d’Archeland, mais je sais que Yoren et Caspian ont des mauvaises intentions.
    Alors que je levai par hasard la tête vers les collines, j’aperçus en haut deux personnes qui m’étaient familière : Crystal et Chris. Il fallait que je parle à Crystal. Remontant la pente, je montai de mon mieux vers le chemin qui mène à la colline où étaient mes deux amis. Alors que j’arrivai à proximité d’eux, Crystal partit en direction des troupes Carlomen. Mais que faisait-elle ? Elle était folle ?! Je me mis à courir comme une tarée, le plus vite que je pouvais. Je passais à côté de Chris sans le regarder. Lui par contre, me regarda avec un air étrange, il devait se dire lui aussi que j’étais folle. Eh oui mon vieux.
    Je me dirigeais à mon tour vers la pente qu’avait dévalé Crystal, et la descendit également. Me cachant derrière un rocher, je fis gaffe de ne pas me faire repérer. J’allais de rocher en rocher, et atteint finalement les troupes Carlomens sans me faire voir. Mais je n’eu pas le temps de souffler que je du repartir à la poursuite de Crystal.

    Je poussais les gens sur mon passage, je crus bien un instant qu’on allait m’arrêter pour me demander ce que je faisais comme cirque. Bah, qu’ils le fassent, je leur arracherais de toute manière leurs boyaux à main nu. Très barbare devrais je dire.
    Alors que je continuais ma chasse à la Crystal, j’aperçus cette dernière pas loin de moi. Seulement, en essayant de me frayer un passage, je fus poussé, et tomba par terre sous le choc. Bien sur, personne ne m’aida à me relever, et je causais un léger ralentissement pour ceux derrière moi. Je réussis tout de même à me remettre sur les jambes. Malheureusement, j’avais perdu la trace de mon amie. C’était fini. J’allais, tête baissé, envahis par une grand tristesse et déception, à l'écart du combat. ♣

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MessageSujet: Re: La Bataille de Beruna   La Bataille de Beruna Icon_minitimeMar 5 Oct - 19:27

    Jane était la sœur ainée de Jessica. Elles avaient presque toujours été ensemble en Angleterre. Elles avaient toutes les deux supporté le fait de grandir sans leur mère, et avec leur « méchante belle-mère » qui était encore pire que celles qu’on trouve dans les histoires. Celle-là les avait rendues impuissantes face à la naïveté de leur père, qui pensait que sa nouvelle femme était généreuse et charmante, sincère et polie. Certes, elle était polie ; mais ce n’était que de l’hypocrisie, du mensonge et des coups dans le dos. Elle se servait de lui pour l’argent, c’est tout. Sinon, elle le méprisait complètement, elle le pensait naïf – ce qui était vrai, mais seulement par affection –, idiot par sa naïveté, aveugle d’esprit et n’aimait pas sa gentillesse qu’elle pensait « inutile ». Cette femme n’aimait pas non plus la précédente, qui était morte à la naissance de Jessica. Elle n’était pas amoureuse de Mr Harris et pourtant elle était jalouse. Là, vous vous dites que, peut-être, elle l’aimait un peu, non ? Eh bien ce n’était pas le cas. C’était juste que l’on voyait bien que Mr Harris aimait toujours sa première femme, qui avait été l’amour de sa vie ; et il portait peu d’attention à la méchante belle-mère. Mais bon, ce n’était pas le pire souci de cette dernière, puisqu’elle n’avait qu’à demander et le pauvre homme pouvait lui offrir n’importe quoi.
    Puis la guerre avait éclaté, et Mr Harris était mort au front. Sa femme avait profité de l’héritage, et avait envoyé les deux sœurs loin dans un internat, d’où elles se retrouvèrent à Narnia. Malheureusement, elles ne se revirent jamais ; l’une était quelque part, l’autre ailleurs, et quand Jane aurait pu la rencontrer pour la première fois depuis longtemps, Jessica était morte. Morte comme sa mère. En fin de compte, les quatre membres de la famille Harris ne furent jamais réunis.
    Quand elle était petite, à la naissance de Jessica, elle s’était dit que sa mère allait mourir (en fait, elle ignorait que le sang à l’accouchement était naturel, à cette époque). Et elle s’était aussi dit que son père allait mourir à la guerre – en même temps, là-bas, c’était ce qui nous arrivait. Puis elle s’était douté que Jessica ne devait plus être en vie avant que Ryan le lui confirme. Et, quand elle rencontra ce dernier, elle avait eu l’idée qu’elle risquait de mourir aussi, dans cette guerre.
    Mais rien ne le lui garantissait. Elle se disait que la vie pouvait bien choisir de ne pas la faire mourir de sorte qu’elle vive avec la pensée des êtres qu’elle avait perdue. C’est ce qui arrive en général ; ça serait trop facile de mourir dans ces situations.
    Cependant, ce à quoi elle n’avait pas pensé était que de toute manière, elle serait heureuse avec William. Et chez les Harris, on n’est jamais heureux bien longtemps. Elle ne pensa pas non plus que c’était Elisa, sa nièce, qui vivrait seule sans liens par le sang. Si elle s’était rendue compte – et elle s’en rendra compte, lors de son dernier souffle – de cet oubli, Jane penserait qu’elle était égoïste. Ses dernières pensées seront William, Elisa, le reste de sa famille, et croire à son égoïsme. Mais pour l’instant, elle l’ignorait complètement.
    Il y avait la guerre de partout. Il y avait toujours des disputes, toujours des provocateurs, toujours des chercheurs d’embrouilles et de pouvoir. Jane se disait que c’était sûrement l’instinct humain. Et si l’on ne voulait pas que les gens qu’on aime, qui sont de notre camp, meurent, on devait se battre aussi. C’est triste à dire, mais la paix ne peut pas vaincre la guerre ; la confirmation de cette vérité pourrait être la situation de la Chine et le Tibet, par exemple.
    Jane n’aimait pas la guerre. Elle se battait justement pour défendre, se défendre, défendre les autres. Pas par vengeance ou colère. De quoi pourrait-elle se venger dans un monde qui n’est pas le sien, de toute manière. (Ouah ça rime) Et pour aller faire la guerre, elle avait été très têtue sur ce point. On lui avait dit de ne pas y aller ; elle s’était même disputée avec William, à un moment. Mais elle l’avait décidé, c’est tout. Quand on lui disait « Tu risques de te faire tuer ! » elle répondait « Au moins ça sera pour une bonne raison ». Et quand on rétorquait ensuite « Mais tu as envie de mourir ? » elle disait « Bien sûr que non ; je ne suis pas égoïste. » Elle aurait dû penser à ça avant de mourir ; ça l’aurait peut-être persuadée qu’en effet, elle n’était pas égoïste.
    Autre chose, qui rend la mort de Jane logique ; elle n’avait pas vraiment d’ennemis. En fait, la plupart du temps, les gens aimaient bien Jane. Et cette logique, la logique de « ceux qui doivent mourir et ceux qui vivent », dans les histoires ou dans la réalité parfois, veut que les gens aimés meurent. C’est vrai, les méchants ne meurent pas ; soit ils reviennent, soit l’inventeur de l’histoire voulait vraiment en finir avec lui.
    Alors Jane était là. Là, tout de suite, quelques temps après cette longue réflexion sur « Ce n’est pas si injuste que ça si elle meurt », Jane était là, sur le champ de bataille. Elle se battait. William était plus loin ; et Alice, aussi.
    Elle se battait, mais au lieu d’être dans l’action, elle réfléchissait en même temps. Ses pensées n’étaient pas précises, c’était plus comme ce à quoi on pense lorsque l’on est distrait, dans les nuages. Elle se disait qu’elle préférait rester en vie, mais mourir ne lui faisait pas vraiment peur (tant mieux, dites-vous). Non pas que Jane était du genre suicidaire, même pas du tout. Mais mourir n’était pas la pire des choses, après tout ça arrive à tout le monde ; et dans les hôpitaux, dans la vraie vie, des gens meurent et revivent une deuxième fois d’une minute à l’autre grâce aux chariots de réanimation. Sauf que là, il n’y avait rien.
    Tout à coup, Jane prit conscience de la personne en face d’elle contre qui elle se battait. C’était comme si elle se réveillait, comme si elle n’était plus en train de penser et que l’adrénaline faisait effet, la laissant découvrir une femme nez à nez avec elle. Puis derrière, elle aperçut William, qui se battait aussi. Et comme ça, comme par « magie », en le regardant, elle se rendit compte de tout ce qu’elle perdrait si elle mourrait. Elle avait sûrement encore des choses à faire dans sa vie, ce ne devait pas être encore la fin, elle était jeune, il lui fallait plus de temps pour pouvoir remplir le reste de son existence. Non, il ne fallait pas qu’elle meurt. Pas maintenant. Pas encore.
    Ses pensées se bousculaient dans le flot de l’action. Elle ne pouvait pas abandonner William. Il n’avait pas besoin de perdre encore quelqu’un. Et Elisa non plus. Pourquoi n’avait-elle pas pensée à Elisa plus tôt ? Un coup d’épée venant de l’adversaire – heureusement, elle l’évita. Non, elle voulait encore passer du temps avec William. Autre coup d’épée esquivé. Et la famille Harris serait définitivement éteinte. Elle allait mourir comme son père ? Encore un coup d’épée, proche du bras. La pauvre Elisa, elle n’aura plus de famille par le sang ? Elle n’y avait pas pensée. Egoïste. Elle était égoïste. Elle croisa son regard avec William. Elle pensa, comme pour lui demander « je suis égoïste ? ». Dernier coup d’épée. Jane sentit l’arme coincée dans sa poitrine. Elle s’écroula. C’était fini.
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MessageSujet: Re: La Bataille de Beruna   La Bataille de Beruna Icon_minitimeVen 8 Oct - 20:38

    Je ne sais pas pourquoi, ni comment c'est arrivé. Mais au fond de moi, j'ai toujours su - je le savais. Je n'étais pas une véritable fille dans ma tête. Mon esprit était ailleurs, je m'étais toujours comparées aux garçons, désormais aux hommes. Je ne nie pas mon côté intérieurement caché de garçon manqué après tout. Il était donc normal que depuis ma naissance je me sois tout de suite mieux entendue avec les garçons. Il était donc logique que je sois devenue, que je sois née bisexuelle. Aaron fut mon premier véritable meilleur ami. Je le considérais comme la personne la plus importante qui puisse être à mes yeux. Mais il avait disparu ensuite. Il y avait aussi William, mon meilleur ami également, mais aussi mon grand-frère, c'est ainsi que je le considère en tous cas.

    Il est une bonne partie de moi, il est l'une des seules personnes que j'aime encore dans ce monde pourri. Puis il y a Ange, que j'ai en partie connu grâce à William, oui, car figurez-vous qu'eux-mêmes sont meilleurs amis. Ange, il me semble que ce fut le premier homme que j'eus réelement aimé... Oui, car j'ai eu un « flirt » avec Aaron il y a environ deux ou trois ans, et je ne sais pas trop si je l'aimais, ou si c'était un jeu. Je suis sortis ensuite avec Ange pendant quelques mois, jusqu'à ce que je crois qu'il m'ai trompée. Pendant quelques temps j'étais restée seule, ou alors je ne parlais pas de mes sentiments, oui, car malgré moi je l'aimais encore. Puis nous avons finis par ressortir ensemble, puis par coucher ensemble.

    Il se trouve que j'avais eu des doutes sur lui, mais de toutes façons, ça ne changeait rien à ma situation aujourd'hui. Puis au bout d'un moment, nous nous sommes disputés après plusieurs discutions autour des relations de mon petit-ami. Je suis jalouse, et possessive. Ange était à moi, c'était mon homme, le mien. Mais visiblement, certaines personnes s'en moquaient éperdument - des filles bien entendu. Moi j'étais solitaire et ne cherchait pas des conquêtes à tous prix, donc aucun homme ne me désirait, donc évidemment, Ange ne pouvait pas comprendre ma jalousie. Puis finalement, nous avons encore rompus, et j'ai été plus en colère que triste à vrai dire. Je devenais encore plus froide que je ne l'étais déjà.

    Puis un soir, j'en ai eu marre, et je suis partie dans Anvard, les idées noires rôdant dans ma tête. Je ne voyais pas de raisons évidentes d'être encore là. Puis j'ai vu Aaron, là, en face de moi. Je n'avais pas les idées claires, et l'hypothèse qu'Aaron soit revenu me semblait évidente seulement car j'avais envie de le voir. Je n'ai donc pas hésiter à aller le voir, je n'ai pourtant rien dit. Je voulais juste le toucher, le sentir, le ressentir... Si j'avais su que - si j'avais été consciente que je n'aurais peut-être pas du faire ça, je me demande si je l'aurais tout de même fait. Oui, je le reconnais, cette nuit-là, j'ai coucher avec Tom. J'étais a demi-consciente que ce n'était pas Aaron, mais cependant ça ne l'a pas empêcher de faire ça avec moi.

    Tout ça pour dire que ça fait désormais deux mois. Deux mois que je suis enceinte, et que j'ignore totalement de qui. Deux mois que je ne suis plus avec Ange, et que j'ai coucher avec les deux. Aujourd'hui, c'est peut-être le jour - le dernier jour de ma vie, ou de celle de quelqu'un que j'aimais. Je le pressentais, je le sentais très mal. J'avais du me faire faire une tenue sur mesure pour éviter que mon ventre soit touché. Oui, car en fait, je ne savais pas du tout quoi penser de cette situation tout bonnement pourrie. Mais justement, la guerre, ça me défoulerait - ou me fatiguerait aussi. J'étais donc vêtue d'une cotte de maille en haut, avec un voile assez épais de couleur blanche au dessus, ainsi on ne voyait pas la cotte de maille, elle-même blanche.

    Puis j'avais une longue jupe, blanche également. Oui, c'était voyant, mais c'était blanc ou rouge pétant, alors bon. Puis je portais des ballerines blanches également, avec des lacets remontant le long de mes jambes - et j'avais les cheveux lâchés. Je m'étais regardée dans le miroir un instant, contemplant ma blancheur - non pas ma tenue; mais mon teint. J'étais blanche de nature, certes. Mais j'étais encore plus pâle que d'habitude. Normal, j'étais enceinte et j'avais des nausées, et j'avais besoin de sommeil. Pourtant, aussi têtue que je puisse être, je partais me battre. Puis vint le moment précis auquel je vous parle. Oui, car ce ne sont que mes souvenirs, pensées, avis, sentiments, vécus dont je viens de parler. Mais là tout de suite, je suis en train de me battre à l'épée avec un calormène.

    Puis c'est au moment où je réussis à le tué que je vis un visage familier face à moi, un peu plus loin. Elle avait les cheveux blonds et un air pensif, comme si elle avait prédit sa mort - comme si plus aucune chose n'avait eu de sens pour elle pendant quelques instants. Je tombais ensuite à terre - je faillis tomber sur le ventre mais mes mains m'avaient sauver la mise. Je me relevais et me découvris blessée par un telmarin qui avait toucher mon bras. Je réussis à le toucher au ventre, mais je ne fis pas grand chose. Puis je tournais un instant avec lui en rond, épée contre épée, comme si on était dans un face à face - on était dans un face à face. Il attaqua le premier et je réussis à esquiver le coup en me protégeant avec mon épée.

    Résultat, l'homme recula et il me fixa un instant de haut en bas. « Non pas que je doute que vous puissiez me tuer mais.. Je ne veux pas mourir ici. J'ai une femme et trois enfants, si je meurs, ils n'auront plus rien... » C'est alors que je ressentis que ce que je faisais, la guerre ainsi donc, c'était cruel - voire inhumain. On tuait des gens qui menaient un combat qui n'était même pas le leur. On détruisait des vies. On détruisait des familles... « Je suis enceinte et j'ignore encore qui est le père de ce.. bébé. Si je meurs ici, je ne le saurais jamais, et deux vies mourront dans un seul corps. » Ainsi donc, nous comprîmes que nous devrions cesser le feu, et partir. Comme si partir d'une guerre était simple... Puis je tournais le regard et repérais le visage familier que j'avais aperçu, ce visage, c'était celui de Jane. Elle semblait avoir eu une petite étincelle dans ses yeux, comme si elle avait compris qu'elle ne devait pas mourir.

    Puis là, je sentis une présence derrière moi, qui n'attendait qu'une chose : que je me tourne vers elle. « Tu es enceinte ? C'est maman qui va être contente... En plus tu ignores qui est le père ? Je pensais pas que tu étais ce genre de fille. En fait, je n'ai jamais réellement penser que tu sois quelqu'un de si " gentils " que ça. » C'est alors que je me tournais lentement et dévisageais le visage de mon demi-frère. Je vis son épée pointée vers moi, puis soudain, j'eus comme l'impression que la scène passait au ralenti autour de moi. Comme si je n'entendais plus rien, que c'était le silence complet. Je me tournais de nouveau lentement... Puis je compris. Une rouquine, telmarine visiblement, venait de planter son épée dans le coeur de la personne qui était tout pour lui...

    Lui, c'est le garçon que j'aime surement le plus au monde. Lui, c'est William. L'homme qui venait de voir sa belle perdre vie devant ses yeux. Je n'entendais même pas les cris et les autres sons autour de moi. J'avais les yeux grands écarquiller, puis ma vision se troubla. Je ne bougeais pas, mais mon demi-frère se chargea de me faire faire un demi-tour pour que je le regarde lui. Alors, j'entendis le bruit des canons, j'entendis le cris des gens sur le point de mourir, je vis des hommes tomber à terre, j'entendais les personnes en colère. Je fixais alors le garçon face à moi, sans comprendre pourquoi son épée restait pointée sur moi. « Mêles toi de tes trafics avec les narniens, Bryan... Je te rappelle quand même que maman ne s'est jamais occupée de toi. N'oublies pas que moi, je t'ai élevé, et seule. Qu'est-ce-que tu comptes faire ? Me tuer ? Ça va t'apporter quoi ? »

    « Te tuer n'est qu'un acte. En fait, juste avant que tu ne meure, je tenais à te préciser quelque chose... Mes petits trafics narniens, comme tu les appellent, sont fais car ils doivent être fais. Tu ne sais nullement ce que j'ai subis pour faire subir ça aux gens de Telmar ! Alors j'aimerais aussi te demander une chose, Alice... Qu'est-ce-que ça t'as fais quand tu as tué ce telmarin ? » « Tuer n'est qu'un acte, c'est toi qui l'a dit. Tuer quelqu'un en sang, torturé, par des abrutis de narniens et d'archelandais, c'est différent... » « Bon, je reformule autrement... Tu ressens quoi là tout de suite ? Maintenant que tu sais que le type que tu as tué, un type en sang, à moitié mort, souffrant... C'était Georges Earons ? »

    C'est alors que je rouvris de grands yeux, abasourdie. Non... C'était impossible. Je n'avais pas pu... Mais pourtant, ça semblait évident maintenant qu'il le disait. Non... Mais en fait, si. Je fixais Bryan un instant puis je le vis lever son épée jusqu'à mon ventre, avec envie - bien que je ne comprenais pas du tout son geste, et il ramena son bras en arrière, prêt à planter son épée dans mon ventre. Mon seul réflexe fut alors un réflexe assez étrange. Je me suis tournée pour voir si Jane était encore à terre. Elle y était encore, elle saignait. Je sentis une grosse boule dans ma gorge et je fermais les yeux quelques secondes, puis je tournais ensuite la tête et vit Bryan s'écrouler à terre.

    J'ouvris de nouveau de grands yeux et serrais les dents. Il.. était mort ? Le pire, ce fut lorsque je croisais le regard de son assassin. Un regard plein de colère, de haine, de répugnance, de tristesse, d'énervement, d'envies de meurtres. William venait de voir la fille qu'il aimait mourir, mais en plus de ça il venait d'entendre que sa meilleure amie, sa petite soeur, avait tuer son cousin... & Je pouvais prendre comme une vengeance la mort de mon demi-frère. C'est alors lorsque je commençais à avancer vers lui, que je finis par tomber à genoux près de Bryan et que je finis par pleurer.
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MessageSujet: Re: La Bataille de Beruna   La Bataille de Beruna Icon_minitimeSam 9 Oct - 15:36

    Ce n’est pas une histoire particulièrement drôle. Même pas du tout. Mais côté humour noir, elle serait bien placée dans un classement. Malgré tout, il ne faut pas oublié qu’avec toute la tristesse de la vie du personnage, ce dernier a tout de même connu des instants agréables ; et c’est à ça qu’il se rattache. C’est comme ça qu’il tient le coup, mêlé avec la peur d’abandonner et le désir d’autodestruction, peut-être. Enfin voilà, tout ça pour dire que ce n’est pas une histoire particulièrement drôle. Même pas du tout.

    Un jour, un petit garçon perdit l’amour de son père. Ou alors juste le peu d’affection qu’il lui portait. Mais ce petit garçon l’ignorait ; il ne pouvait pas encore imaginer toutes les horreurs et les injustices du monde. Et il était trop gentil et innocent pour le croire si on le lui disait, de toute façon.
    Puis le petit garçon perdit sa mère. Le parent qu’il préférait, et qui s’occupait le plus de lui, vint à mourir. La seule personne qui aurait pu le consoler à cet instant, c’était cette même personne qui était la source de son chagrin. La seule personne qui lui expliquerait. Mais non, elle n’était plus là. Ce jour là, sans s’y attendre, il apprit après son réveil que sa mère était morte et que le jour précédent avait été la dernière fois qu’il l’avait vu. Et personne ne lui expliqua ce qu’il s’était passé. Et personne ne le consola. Son père resta indifférent. Et le petit garçon, ne voulant pas croire à une cruauté venant de son père, pensa que c’était une manière de cacher ses sentiments. Il se disait « il a du mal à le montrer, mais papa est gentil ».
    Puis le petit garçon grandit. Il devint un jeune adolescent. Et à ce moment là, ce qu’il perdit, c’était lui-même. Sa mère n’était plus là pour le garder dans « le droit chemin », et son père se débrouilla pour le rendre arrogant, narcissique, un vrai « fils à papa riche ». Tout ce qui lui restait comme parent, il s’y accrochait et changea complètement. Il en oublia son cousin, qui avait été son meilleur ami ; ils restèrent amis, malgré sa fierté démesurée, mais au bout d’un moment, le comportement de ce garçon alla trop loin, et ils se disputèrent. Ils furent par la suite en froid pendant un certain temps.

    Un jour, un adolescent perdit son père. Le même petit garçon cité précédemment, mais plus vieux. Il se rendit compte de la vraie nature de son père ; et pour une fois, il ne se mentit pas à lui-même pour le pardonner. Il prit conscience – ou plutôt, il eut la confirmation – que son père ne l’aimait pas. Tout ce qu’il avait dit depuis la mort de sa mère, des phrases comme « je suis fier de toi », c’était plutôt « je suis fier de ta réussite, je suis fier que tu ne me fasses pas honte, j’aime ton narcissisme et ta naïveté ». D’ailleurs, jamais il ne lui dit un « je t’aime ».
    Le jeune adolescent en prit un coup. C’était un mélange de différentes sensations, toutes aussi horribles les unes que les autres. D’une part, il y avait l’effet que toutes vos peurs et vos mauvais pressentiments se révélaient être exacts. Ses cauchemars prenaient vie. Ensuite, apprendre que la chose à laquelle vous vous rattachez n’est pas ce que vous croyez ; cette personne que vous pensez ou voulez connaître est totalement différente, et vous vous sentez trahi. Aussi, il y avait le sentiment de ne pas mériter d’être aimé ; ceux qui vous aiment meurent, sont en colère après vous ou tout simplement ne vous aiment pas. Il y avait également la prise en compte de s’être perdu et de s’apercevoir que vous êtes devenu une mauvaise personne. Puis, pour finir, votre père ne vous aime pas et, de plus, c’est lui qui a tué votre mère pour s’en tirer dans des escroqueries. Apparemment, c’était le jeune homme qui devait se faire tuer, mais sa mère avait voulu prendre sa place pour qu’il reste en vie. Et après tout ça, il perdit l’estime de lui-même.
    Le jeune homme partit. Il s’enfuit loin, pour ne pas se faire rattraper par son père. Et c’est là qu’il perdit son état d’être humain à plein temps, quand, après une attaque, une morsure, il se transforma toutes les nuits de pleine lune en monstre.
    Vu qu’on liste tout ce que ce jeune homme a perdu, aussi dire qu’il perdit son cousin quand on lui apprit, chez ses oncles et tantes, qu’il était mort assassiné, alors qu’il voulait se faire pardonner de son comportement. A ce moment là, il décida de retourner chez lui pour se rendre à son père, qu’il le tue une bonne fois pour toute. Mais en chemin, il rencontra quelqu’un. Une fille. Il n’y avait rien d’amoureux entre eux. Ils devinrent plutôt meilleurs amis, comme un frère et une sœur. Alors du coup, il n’alla pas voir son père. Il avait une raison de rester en vie. Et il en eut quelques autres au cours du temps. Par exemple, cette autre fille, dont il tomba amoureux. Et qui, un jour, devint sa petite amie, et avec qui il aurait pu avoir un futur, si, lors de cette bataille, il ne l’avait pas perdu elle aussi.

    William venait de tuer deux personnes. La meurtrière de Jane, pour commencer ; puis le frère d’Alice. Alice, qui était sensée être sa meilleure amie, et qui avait tué son cousin. Alice qui avait faillit se faire tuer par son frère avant que William ne le tue avant. Puis Jane, que, après avoir lancé un regard horriblement effrayant à Alice, William avait portée plus loin. Il ne voulait pas qu’elle se fasse piétiner. Il l’allongea. Elle avait les yeux fermés. Heureusement ; il aurait eu du mal à voir ses yeux sans vie. Car oui, c’était certain : elle était morte. Alors, il retourna sur ses pas, croisa Alice sans lui adresser la parole ou ni même la regarder, et prit son épée. Elle sanglotait, mais il la laissa pleurer. Il était en colère. Il était même fou de rage.
    Il partit sans se soucier de se faire attaquer, sans protéger ses arrières, sans se battre contre quelqu’un. Il voulait juste s’éloigner. Il voulait ne plus avoir ce flot de paroles et d’images dans la tête. Il voulait arrêter de penser au dernier regard de Jane, à son corps inerte posé à l’abri, au sang qui s’écoulait de sa poitrine et qui tachait ses vêtements. Il voulait arrêter d’entendre la voix de Bryan dans sa tête, arrêter d’entendre « Le type que tu as tué... C'était Georges Earons » dit à Alice.
    C’est bon. Pour lui, c’était bon ; c’était sûr, il avait tout perdu.
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Soren Eshbaan
Soren Eshbaan
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MessageSujet: Re: La Bataille de Beruna   La Bataille de Beruna Icon_minitimeDim 10 Oct - 11:19

    Nous y voici donc, à Beruna. Tant de batailles, de guerres s'étaient déroulées ici. Des milliers de vies perdues. Chacune de ces vies a servi à défendre un peuple, ou plusieurs du même côté, pour finalement qu'il y ait un gagnant et un perdant. Ce lieu était presque sacré, il inspirait autant le respect que la crainte. Qui voudrait marcher ici en sachant que la terre était gorgée de sang, était remplie d'os de cadavres déjà décomposés ? Mais il y a aussi l'envie de parcourir cette longue plaine en connaissant toute l'histoire qui y était incrustée. Et aujourd'hui, une nouvelle guerre allait marquer l'histoire. L'histoire de quatre différents peuples, partagés en deux camps. Il serait trop facile de dire qu'il y avait le bien et le mal. Non, ces deux termes sont mélangés dans tout ce que nous pouvons être, dans ce que nous pouvons découvrir. Il y a juste deux camps se battant pour différents buts. Chaque dirigeant d'un peuple veut quelque chose d'unique pour son avenir, mais il se peut que ces choses aient des ressemblances avec celles d'un autre pays.

    C'est ainsi qu'aujourd'hui, d'un côté du gué de Beruna se trouvent, mélangés, les Narniens et les Archelandais. Je ne suis allé à Narnia qu'une seule fois dans les dix sept ans qui ont composés ma vie, et je dois avouer que j'ai réellement aimé ce pays. Mais pourtant, je ne suis pas de ce côté-là. J'ai également visité Archeland de nombreuses fois, étant donné que ce pays est "voisin" de celui où je vis. Il n'y a qu'un long et sec désert qui sert de large frontière. Enfin en réalité, il appartient à la terre où j'habite. La véritable frontière est le fleuve s'écoulant horizontalement - sur une carte - au sud d'Archeland. Et de l'autre côté, dans mon camp, se trouvent en premier les Telmarins, et en arrière les Calormènes. Ces derniers étant dirigés par le Tisroc Yoren Eshbaan. Je m'appelle Soren Eshbaan, et je suis Prince de Calormen. Actuellement, je me trouve à côté de mon frère aîné, et j'observe depuis une dizaine de minutes le gué de Beruna.

    Yoren, lui, donnait des ordres de temps à autre. Il avait d'ailleurs voulu me faire partir vers l'arrière de notre armée pour la contrôler, mais j'avais réussi à le convaincre de rester où j'étais. De un, je voulais tout voir. Tout comme lui, je n'avais jamais fait de guerre. Les seules choses que j'avais accompli en son nom étaient des missions, la plupart du temps pour retrouver des personnes ou en tuer certaines. J'y allais seul ou accompagné de quelques soldats, bien qu'ils ne servaient pas à grand chose à côté de moi. Non là, je souhaitais être réellement présent. Je devais reconnaître que Yoren s'en tirait remarquablement bien dans son rôle de Tisroc et de chef de l'armée. Je me souvenais parfaitement de l'époque où mon père occupait ce poste. Bien sûr...c'était totalement différent. Mon frère a fait en sorte de rechanger la réputation de Calormen, de reprendre l'ancienne, celle que mon père avait banni. Les Calormènes étaient des barbares. Notre rêve ? Avoir Archeland et surtout Narnia, ce grand royaume du nord. Et d'ailleurs, j'étais proche de ces terres maintenant.

    Je me fichais autant d'être considéré comme tel ou de changer pour ne plus passer pour l'un des méchants de l'histoire. Tant que je n'étais pas opposé à ma famille et aussi au peuple Calormène. Enfin ma famille... Il fallait compter surtout sur mon frère. A côté, j'ai aussi une sœur, plus grande que moi elle aussi, mais plus petite que Yoren, qui était une...traitresse. Non, je ne voulais pas penser à Crystal. Mais j'aimerais vraiment la retrouver dans cette bataille, si toutefois elle était là. Surement dans le camp des Narniens... Si je réussissais à la trouver, je la ramènerais d'abord dans mon camp, et il est clair qu'elle ne repartira pas. De plus, Yoren la voulait aussi, mais c'était une autre histoire ça. Non, moi je souhaitais surtout des explications. Et je souhaitais au fond de moi la retrouver parce que c'était ma sœur...même si je la détestais.

    Je sortis soudain de mes pensées en entendant mon frère m'appeler. Je vis qu'autour de moi, toute l'armée se mettait en mouvement. Les soldats qui avaient été deux mètres derrière moi juste avant se trouvaient désormais à une dizaine de mètres devant, épées sorties, rythme rapide. Toutes ces personnes, je n'en connaissais pas le quart, mais ils allaient se battre pour notre peuple, pour défendre ce que nous étions et ce que nous voulions avoir. Ces milliers d'hommes allaient se battre jusqu'au bout comme je le ferai, seulement moi, j'allais éviter de me faire tuer. Oh non, je n'en avais pas fini avec ma vie. Je tournai la tête vers Yoren, acquiesçai bien qu'il ne m'ait rien vraiment dit, puis avançai. J'étais sur un cheval, je me dois de le préciser. D'abord au pas, je fis monter mon cheval vers une petite colline pas loin, en contournant des combats déjà. Les Narniens et les Archelandais avaient marché très vite, il fallait le reconnaître.

    Je regardai toute la plaine jusqu'au bout, où je distinguais le reste de l'armée ennemie qui ne bougeait pas. Je me retournai d'un coup sur la selle pour observer ce qu'il y avait derrière moi. Il y avait l'air d'y avoir un sacré désordre. Mais avant d'avoir pu reprendre les rennes de mon cheval pour faire demi tour avec lui et aller là-bas, je perçus un mouvement rapide à ma gauche, de l'autre côté. Je ne pus rien faire, mais en revanche, je sentis et entendis le bruit d'une grande et lourde épée sur mon armure, à l'endroit de mon bras gauche. La lame ripa le long de mon avant-bras, mais rien ne se passa. J'avais une armure de prince, de très bonne qualité donc, que voulez-vous ? Toutefois, le coup m'avait fait sûrement un bel hématome. Peu importe. Je vis alors l'homme qui m'attaquait. Haha, attaquer un prince !

    Pendant une bonne heure, dans laquelle je dus descendre de mon cheval et l'abandonner, je me mélangeai aux combats, avançant sans arrêt, tuant dès que je subissais une attaque. Oh non, aucun homme qui tenta de m'avoir ne réussit à m'atteindre gravement. Je restai cependant près de l'armée calormène. Et c'est ainsi que j'entendis une grosse rumeur. Evidemment, les soldats me reconnurent et s'empressèrent de m'en parler. Même des Narniens reconnaitraient mon titre, celui de mon frère bien sûr, et celui de ma sœur... Et justement, c'était elle l'objet de cette rumeur, comme quoi elle arriverait en plein milieu des Calormènes, avec la tenue adaptée. Je répliquai à chaque soldat qui me dit cela de se concentrer, de se retourner lorsque des ennemis arrivaient vers eux, mais je ne fis rien de plus. Non, je marchai en direction de l'endroit où se trouvait apparemment Crystal. Une dernière personne m'indiqua ma sœur en chair et en os, à une vingtaine de mètres de moi. Je m'arrêtai quelques secondes pour la fixer de loin.

    La première chose que je ressentis fut la joie. Depuis plus de...trois ans je ne l'avais pas vu. Inutile de préciser comment j'avais vécu les premières semaines sans elle avec qui je parlais tous les jours. Je n'avais que quatorze ans à l'époque, et elle quinze. Parfois, j'avais eu l'impression qu'elle était ma petite sœur, alors que c'était l'inverse. Eh bien là c'était à nouveau mon sentiment. Je la redécouvrais... Elle n'avait pas tellement changé. Mais il y avait quelque chose de différent sur son visage, de profil. J'aurais pu passer dix minutes à l'observer ainsi si une soudaine horde de l'armée ennemie n'était pas arrivée en hurlant, armes en avant. Je levai immédiatement mon cimeterre, puis me tournai de tous les côtés. Je bloquai une grande dague, ou épée de taille moyenne, avec ma propre arme. Mon bouclier me servit également pour repousser une autre personne.

    De ma main gauche - puisque j'étais gaucher, je tenais mon sabre de ce côté-ci -, je me débrouillai pour faire ripper les deux lames, puis la mienne s'enfonça juste après entre les côtes de mon ennemi. Quant à l'autre, je me contentai de le pousser à terre et partis un peu plus loin. Je regardai de tous les côtés. Rien à faire, je ne voyais plus Crystal. Je me tournai lorsqu'un nouvel ennemi m'attaqua, et lui tranchai la main portant son arme avant qu'il ne put la lever. J'observai ensuite tout le monde autour de moi, à nouveau, sans me préoccuper du mutilé. Les combats s'étaient calmés d'un coup. Enfin, pas mon combat puisque le mutilé, qui avait un air d'Archelandais, tenta de me planter un couteau en pleine jambe. Je reculai d'un bond, et me pris quelqu'un. Je m'étais pris beaucoup de personnes, mais j'avais eu droit à des excuses à chaque fois. Mais ce que j'avais senti sur ma nuque libre, ainsi que sur mes doigts à un bref moment, c'était de longs cheveux doux. Je m'excusai immédiatement, puis me retournai...et restai figé sur place.

    « Soren... C'est bien toi ? Oh, tu m'as tellement manqué. »

    Alors là, je ne vous raconte même pas la réelle surprise que j'eus. En l'espace d'une demi seconde, je me retrouvai avec ma sœur dans les bras. Après cette paralysie momentanée, je réagis, et entourai Crystal également de mes bras. Mais je ne restai pas longtemps ainsi. Nous étions en plein milieu de combats, d'une bataille, d'une guerre... Je regardai de tous les côtés, puis reculai en entraînant ma sœur avec moi, environ vingt mètres plus loin, où tout semblait un peu plus calme. Mais la tempête peut très bien venir après le calme. Je repris mes esprits en essayant de ne pas repenser au passé, ni aux émotions que je ressentais. Je l'observai intensément une dizaine de secondes puis reculai d'un pas.

    « Je ne sais pas ce que tu fais ici, mais sors vite de tout cela ! Tu risques de te faire tuer, tout sera gâché, et je doute que Yoren aime ceci. »

    Je posai mes mains sur ses deux bras, en continuant de la fixer de la même manière. Oh non, elle ne devait pas se faire tuer... Elle savait battre, et était douée pour se défendre, mais un coup par derrière, et tout est fini. Il était clair que je n'allais pas la laisser se faire entraîner dans tout cela. Je pressai plus mes mains sur ses bras, puis elle se débattit d'un coup en rétorquant que cette guerre ne résoudra rien, et qu'il fallait résonner Yoren. Haha, résonner Yoren, bien sûr... Crystal et lui étaient autant têtus, ça c'était clair. Sauf que Yoren avait le pouvoir, en tant que frère aîné, et surtout en tant que Tisroc... Il l'avait bien bannie après tout. En parlant de ça, il était hors de question que je la perde de vue, je voulais toujours comprendre moi. Et j'aurai des explications, quoi qu'il arrive. Je continuai de regarder Crystal puis finis par baisser les yeux.

    « Tu n'as pas changé... Tu crois que je n'ai rien tenté depuis que cette guerre a été déclarée ? Bien sûr, il ne m'a certainement pas écouté. Mais il a confiance en ce qu'il fait, et j'ai confiance en lui. Passe si tu le souhaites Crystal, mais tu te battras pour rien. »

    Evidemment...elle continua. Au moment où elle voulut parler, trois hommes arrivèrent vers nous. Du moins, ce fut moi qui les vis, et j'arrêtai donc Crystal d'un geste avant qu'elle ne prononce un mot. Ces hommes étaient au palais de Tashbaan, et Yoren sortait rarement sans eux. Seul un homme manquait, le Tarkaan Toshkaan, meilleur ami de mon frère, mais également général des armées. C'était sans doute pour cette dernière raison qu'il n'était pas ici. Il se trouvait probablement avec mon frère, ou commandait une partie de l'armée plus loin. Je compris presque immédiatement les intentions des trois hommes. Je regardai à nouveau Crystal. En tenue de princesse Calormène, avec le diadème qui lui allait si bien, et sa présence à mes côtés, elle ne pouvait que se faire repérer. Oh oui, je pense que Yoren l'avait très bien vu.

    Mais Crystal ne voulait-elle pas aller voir Yoren justement ? A mon avis, elle savait très bien les intentions de notre frère à propos d'elle. Il lui avait envoyé de nombreuses lettres, et de mon côté, qu'est ce qu'il en avait parlé ! Si elle se mettait en route pour retrouver Yoren, accompagné de ces trois Tarkaans, elle n'allait pas en sortir... Mais au moins, elle reviendrait dans son pays, sur sa terre, avec sa famille. Et moi, j'aurais mes explications. Pour lui accorder le pardon, par rapport à notre père...Non, je ne pourrai pas. Mais qu'elle me dise tout me suffirait. Enfin, juste ses "motivations". Yoren m'avait déjà raconté le reste. Je me tournai vers les trois hommes et m'avançai vers eux. Crystal avait déjà fait un demi-tour pour les regarder. Je croisai son regard brièvement.

    « On dirait que tes vœux sont exaucés, tu vas pouvoir voir notre frère sans problème...» Les tarkaans étaient encore à une dizaine de mètres. Je regardai à nouveau Crystal sans me détourner d'elle ensuite. « Si tu souhaites encore avoir de la liberté, repars immédiatement. »
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