|
|
| Ces distances nous éloignent et nous ramènent, à nos différences. | |
| Auteur | Message |
---|
Edwin G. Petterson Nordique || Élu || Admin ∞ messages : 514 ∞ double-compte : Vitani (calormène) | Sujet: Ces distances nous éloignent et nous ramènent, à nos différences. Dim 20 Mar - 15:05 | |
| C'était aux alentours de dix-sept heures que je terminais enfin le livre de ce célèbre auteur calormène, Tisha Metrevän. « Ce soir, c'est le grand jour. » était une œuvre évoquant une invocation imaginaire, concernant le grand dieu Tash, dieu des pays du désert. Je devais m'informer à ce sujet, et grâce à cette lecture, j'avais quelques idées de la façon dont pourrait tourner une invocation désormais... Du moins, d'un point de vue imaginaire. Je refermais mon livre, me levais, et allais le déposer sur l'étagère correspondante aux ouvrages que Yoren m'avait prêter, puis j'allais faire un tour dans les cuisines, afin de savoir ce que faisait les cuisinières. Lorsqu'elles me virent, elles se levèrent toutes de table, et s'inclinèrent devant moi. Bon, elles étaient en train de parler, juste avant de me voir arriver... Mais elles comprirent assez vite qu'il valait mieux pour elle de se mettre à la tâche sur le champs. Je les saluais d'un signe de tête, accompagné d'un regard pénétrant, puis elles restèrent figées sur place quelques secondes avant de se mettre au travail.
J'avais comme un pouvoir hypnotisant, un certain charme qui faisait de moi un roi incontestable. Je n'étais point un roi légitime, certes. Et alors ? Caspian n'aurait de toutes manières rien fait de bien pour son royaume. Il y avait bien d'autres héritiers, je le sais. Les Deane par exemple, qui avaient pris la fuite quelque part, probablement à Narnia. Tiens, eux d'ailleurs.. J'avais un excellent pressentiment quant à nos retrouvailles. Je n'avais vu que Selenia, ayant été tous deux espions de Caspian X auparavant. Mais je savais que nos retrouvailles seraient certainement... émouvantes. Si je retrouvais, ne serait-ce que l'un d'eux, il se retrouverait prisonnier de mon château, et j'aurais le pouvoir total sur leur famille. Quant aux autres héritiers... Il y avait bien Matt également, qui était au château. Mais... J'avais bien soupçonné un élan de colère dans ses yeux, lorsqu'il a su que j'avais pris le trône telmarin.
Quant à sa sœur... Aux dernières nouvelles, elle ne semblait plus des nôtres. Je ne l'avais apprit qu'après la guerre, à peu près trois semaines plus tard. Sa disparition m'avait profondément touché au fond de moi, chose qui ne m'arrivait que rarement. Mais Rosalie, elle avait été l'une de mes premières véritables amies ici. Oui, quelle situation comique... J'étais le seul qui avait été capable de vraiment m'emparer de la place de roi de Telmar, mais j'étais né en Archenland. Donc techniquement, après la guerre, avec Yoren, j'avais tous les droits sur cette terre. D'ailleurs, on aurait pu croire que la plupart des telmarins m'auraient refusé, détesté, rejeté... mais rien de tout cela n'était arrivé. Ils avaient tout de suite appréciés mon initiative, mon assurance, ma complète confiance en moi et mes décisions. J'étais en quelques sortes un nouvel espoir pour mon pays.
« Votre majesté. » Leonardo, mon messager, s'inclina devant moi, me sortant de ma rêverie. Que me voulait-il encore ? J'étais occupé moi ! Enfin... Je comptais faire quelque chose. « J'ai des nouvelles concernant le royaume. Le professeur d'équitation, un certain Katarãr demande à vous voir. Il semblerait que ce soit une urgence. »
« Leonardo. Très bien, j'y vais de ce pas. » J'inclinais légèrement la tête, puis repartais, le sachant figé quelques instants, avant d'avoir de nouveau les idées claires.
Me dirigeant vers ma chambre, je cherchais quels vêtements mettre. Au bout de quelques minutes à chercher, je pris un pull de velours gris, un pantalon noir, puis j'enfilais mes bottes grises également. Oui, un roi ne se vêtit pas de n'importe quelle façon. Une fois mes vêtements enfilés, je passais devant un miroir, m'arrêtais, reculais, et vérifiais que mes cheveux étaient bien en place. Ils étaient assez courts, mais pas trop. Je passais une main dans mes cheveux pour les coiffer convenablement, puis je partais chercher mon épée que je mis dans le fourreau de ma ceinture. Je saluais quelques hommes et femmes qui travaillent au palais, puis sortis du château, en direction du terrain d'entrainement des cavaliers. Sur mon chemin, je croisais quelques telmarins qui s'inclinèrent en me voyant, des femmes qui gloussaient en me voyant passer devant elle, et des enfants qui restaient figés après mon passage.
Je souriais aux passants, puis aperçus une de mes amantes accompagnée de son fiancé. Ils s'inclinèrent devant moi, bien qu'elle semblait gênée, et je pris un malin plaisir à discuter très vaguement avec son fiancé, histoire de savoir quand est-ce-qu'ils comptaient se marier. Après quoi, je partais en les saluant d'un léger signe de tête, et trouvais Paolo Katarãr, le professeur d'équitation. Il était en train de sermonner un adolescent qui venait de tomber de son cheval, car sa scelle était mal mise. Je gardais mon sourire en le regardant agir comme un excellent professeur, puis je regardais l'adolescent remonter sur son cheval après avoir apprit comment mettre sa scelle convenablement, et je le regardais repartir au galop. Paolo se retourna, puis vint vers moi avec un grand sourire, avant de me serrer la main. Il se positionna finalement à côté de moi, afin d'avoir un œil sur son cours.
« Sire, j'ai d'excellentes nouvelles à vous annoncer. Voilà, comme vous savez, j'entraine de jeunes telmarins, et ils se trouvent que beaucoup d'entre eux sont très doués, et dans les combats d'entrainement avec leurs professeurs d'armes, il semblerait qu'ils soient de vrais prodiges. De plus, il paraitrait que le peuple vous apprécie particulièrement, vous n'avez donc aucun souci à vous faire. »
« Je suis persuadé que les professeurs d'armes, et toi-même, vous faites un excellent travail. Il nous faudra de bons soldats et de bons cavaliers de toutes façons, plus le pays est puissant, plus nous aurons de chances d'avoir la capitale narnienne. Quant au fait que le peuple m'aime, je ne me fais aucun souci là-dessus... Telmar mérite d'avoir un roi confiant et sûr de lui, Caspian a trop fait d'erreurs dans le passé... »
« Je n'en doute pas une seule seconde. Telmar avait bien besoin d'un roi comme vous... »
Sur ce, il me fit une révérence, et je le saluais, puis partais vers les écuries, afin d'aller faire un tour quelque part, loin de la capitale. Pourquoi ? J'avais besoin de m'aérer l'esprit, de trouver des techniques infaillibles, qui nous ferait définitivement gagner la guerre. Notre empire à Yoren et à moi serait immense... Anéantir le règne d'Edmund, Susan et Lucy, c'était notre mission désormais. Bien que moi... je devais aussi me débarrasser des Deane. Caspian ne reviendrait jamais sur le trône, mais eux ils étaient les prochains héritiers directs... Je savais que je devais au moins en avoir un. Si j'en avais un, je lui arracherais des informations, je ferais du chantage aux deux autres, je pourrais même le tuer ou le torturer. Les deux autres désireraient se venger, et là, ils viendraient me trouver au château. Je n'aurais plus qu'à m'occuper de leurs cas, et j'aurais anéantit une autre part d'héritiers...
De toutes façons, Justin le plus âgé devait probablement être le plus protecteur. Si je le capturais lui, les autres fonceraient tête baissée le sauver, sans réfléchir, comme deux ahuris. Mais Selenia était rusée et discrète, donc je pourrais aussi la capturer. Max ferait surement quelque chose de stupide, qui obligerait Justin à venir avec lui pour la sauver. Mais si je capturais Max, je touchais au benjamin, et le plus stupide. Il me dirait tout sur ses frère et sœur, et ce serait beaucoup plus simple. Mais s'ils étaient à Narnia, je les trouverais probablement... J'avais des gardes patrouillant les rues narniennes, ainsi que des espions fiables. Si l'un d'eux en voyait un, il le capturerait. Quoi qu'il en soit... Je n'avais aucun héritage telmarin moi. Enfin, j'avais mes grands-parents, oui... Mais hormis eux, je n'avais rien.
Le peuple ne le savait peut-être pas, mais à mon avis, la plupart le savait. De toutes façons, je ne mentais pas. J'étais franc avec mon peuple, et ils savaient que j'étais honnête lorsque je leur promettais un avenir meilleur et sans soucis, une fois que Narnia serait à nous. De plus, ils se sentaient plus en sécurité avec moi, mais... je savais que ce n'était pas le cas de tout le monde. Ils avaient peur de maintes choses ; que je me fasse tué et que quelqu'un fasse comme moi, prendre la place du roi, ou bien encore que je fasse venir la guerre chez nous. Il y a une question qui mérite d'être posée parfois... Mieux vaut être craint, ou aimé, lorsque l'on dirige un royaume ? Un empire ? Je n'eus pas le temps de me concentrer plus sur cette question, car j'étais figé sur place. Alors que je venais juste de passer par la porte menant à l'écurie, j'aperçus une jeune femme près d'un cheval.
Elle était de taille moyenne, plus petite que moi. Ses cheveux étaient longs, mais pas trop, et sa chevelure aux reflets du soleil passants par la porte, étaient châtains. Je n'étais pas certain... Il me semblait la connaître, mais j'étais presque sûr que ce n'était pas la fille que je pensais. Je m'approchais lentement, en réalisant peu à peu qu'il s'agissait bien d'elle. Non... J'avais appris sa disparition, on m'avait dit qu'elle avait été tuée... C'était impossible que ce soit elle... Pourtant, elle était bel et bien présente, là, devant mes yeux. Lorsque je fus à une vingtaine de centimètres d'elle, elle se retourna. Je restais figé sur place, perdant mon sourire, réalisant. Comment ce pouvait-il qu'elle soit en vie ? Elle avait survécut ? Que lui était-il alors arrivé ? Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais j'étais inquiet. Avais-je mal compris ?
Pourtant je ne la voyais plus au château... Après m'être assuré que ce soit bien elle, j'avançais d'un pas rapide vers elle et la serrait contre moi. Rosalie, elle était là, elle vivait, elle... je devais avouer que je l'appréciais. C'était une amie d'enfance en fait. Mais nous avions un peu cessés de nous parler lorsque je suis devenu l'espion de Caspian. Il était son cousin, mais pourtant je ne savais pas pourquoi elle s'était mise en colère contre moi. Je n'avais jamais eu de réponse, mais je tenais toujours autant à elle. Enfin, ce n'était peut-être pas son cas, il était possible qu'elle m'en veuille toujours, ou qu'elle m'en veuille encore plus, en sachant que j'étais devenu le roi... Si elle le savait. Au bout de quelques instants, je la relâchais, puis posais une de mes mains sur ma hanche, et l'autre sur mon front.
« Rosalie... Je ne rêve pas, c'est bien toi ? Que... Comment as-tu... »
Je soufflais en clignant des yeux, en me rendant compte que je devais garder l'esprit clair. Je tournais la tête vers un cheval, qui se trouvait être le mien, d'ailleurs, puis je le vis pencher sa tête vers moi. Je lui caressais alors le museau, tandis qu'il regardait Rosalie. Je continuais de le caresser, en reposant mon regard sur celui de la jeune femme. Je gardais les yeux rivés sur elle, impatient de savoir ce qui se passait. J'étais perdu, et plus très sur de moi soudain. Non, elle n'avait pas de sœur jumelle, donc ce n'était pas ça. J'avais probablement mal comprit alors, ou bien... Les gens l'ont cru morte, alors qu'elle ne l'était pas. Enfin... J'espérais que je saurais très bientôt ce qui s'était déroulé. Je détachais difficilement mon regard de Rose, puis j'ouvrais la porte retenant mon cheval, et je le sortais, en allant chercher sa scelle. Je fus assez rapide, et tandis que j'installais cette dernière, je m'adressais à Rosalie, sans la regarder. Je n'avais pas envie de rester planté là, à la regarder, en ayant l'air d'un idiot.
« Je vais faire un tour, histoire de sortir un peu de Telmar... Si tu veux m'accompagner, nous pourrions parler. Peut-être, si tu le souhaites... Rattraper le temps perdu. »
Je finis d'installer la scelle, puis je regardais finalement la jeune femme. C'était plus fort que moi. Je regardais les chevaux autour de nous, puis finit par ajouter : « Puis, si tu acceptes ma proposition, je peux te faire monter sur mon cheval. » Je posais une main sur la crinière noire de Pandõr, en la regardant avec sérieux. J'avais envie de savoir ce que j'ignorais depuis notre « dispute » qui datait d'environ... un ou deux ans. C'était du temps perdu en soit, vis-à-vis de notre amitié, et même si elle le refusait, je comptais bien le rattraper. On ne dit pas aussi facilement non à un Petterson. Enfin... Si elle avait vraiment voulue ne plus me parler, c'était son choix, et je ne la forcerais pas non plus.
|
| | |
Invité Invité | Sujet: Re: Ces distances nous éloignent et nous ramènent, à nos différences. Lun 21 Mar - 22:59 | |
| « Choisis ton camp. Fais un choix Rosalie. »
Ce sont les derniers mots que j’ai entendu dans mon rêve. Ces paroles ont été prononcées par Aslan. Enfin, quand je dis prononcées, rappelons qu’il s’agit avant tout d’un rêve ! Un songe certes mais qui me paraissait si réel… Ce serait à s’y perdre ! Je me suis d’ailleurs égarée depuis quelques temps entre la vie et la mort. Les médecins du château n’ont pas su trouver de nom à un tel phénomène. Ils ont simplement dit que suite à ma blessure et au poison coulant dans mes veines, je m’étais endormie. Un sommeil profond et intense dont seul le Grand Lion Aslan avait le pouvoir de me réveiller. Et dire cela n’est pas sans poids si l’on sait qu’à Telmar on considère ces croyances comme fausses et inutiles. Les Telmarins sont des personnes rationnelles, scientifiques bien que pouvant être philosophes, n’admettant pas de religion. Ce peuple n’est pas celui de Narnia croyant au Dieu Aslan ou encore celui de Calormen vouant un culte au Dieu Tash. Un miracle… oui, ce mot était bien approprié à la situation. J’avais survécu in-extrémis après plus de trois mois dans les antres du pays d’Aslan.
Oh mais j’oubliais, vous ne savez même pas ce qui m’est arrivé ! Je vais vous le raconter de ce pas Lors de la célèbre bataille de Beruna opposant Narniens et Archenlandais aux Calormènes et Telmarins, je fis le choix de me rallier à mes frères, le peuple de Telmar. J’étais en effet originaire de cette ville, l’ancien roi Caspian étant un cousin éloigné. Vous devez vous dire que j’ai été conditionnée pour haïr, détester tout peuple issu de la création d’Aslan. Mais voyez-vous, je n’ai pas ce point de vue. Ce grand Mage a certes créé cette terre aussi convoitée par Caspian mais il a aussi créé les nôtres ! Telmar, Archenland, Narnia, peut être pas Calormen, mais ces trois contrées sont unies par le lien de fraternité. Nous avions des ancêtres communs, nous sommes des frères ! Qu’Est-ce que les Narniens ont de plus ou de moins que nous, Telmarins ? Ils sont pareils… Mais l’ancien roi, aveuglé par son désir de maîtriser le monde ne pouvait pas ouvrir ses yeux juste devant soi pour m’écouter. Je ne pouvais donc m’empêcher de croire que cette guerre entre tous ces royaumes était inutile. Les narniens et les archenlandais n’étaient pas mauvais comme l’on avait pu me le certifier depuis mon enfance, j’en étais certaine. Mon cœur était donc partagé entre Narnia et Telmar au moment de la bataille… Ce dilemme m’a d’ailleurs coûté… non pas tout de suite, vous le saurez plus tard. Je disais donc qu’à mon avis, Caspian avait fait une grave erreur en engageant une guerre contre les forces narniennes et archenlandaises. Ce n’est pourtant pas faute de ne pas l’avoir mis en garde ! Après tout, je n’étais que sa cousine, sa petite Rose, l’enfant avec qui il s’amusait étant plus jeune. Je représentais l’innocence, je n’avais à ses yeux aucune importance. Il est vrai que Caspian était quelqu’un de très orgueilleux et prétentieux. S’il avait décidé quelque chose, il allait jusqu’à bout. Ce trait de caractère lui a permis d’accéder au trône, il a également causé sa perte. Quelle naïveté… quelle bêtise qu’un Homme peut commettre en se pensant invincible… Tout Homme a ses faiblesses, retenez-le bien.
Bien, maintenant que j’ai posé le cadre, je vais pouvoir vous raconter comment j’en suis arrivé à un point aussi préoccupant que j’ai bien failli en perdre la vie. Comme je l’ai dit plus haut, j’étais très indécise concernant le camp que j’allais choisir. Je ne choisis donc pas, rejoignant les troupes des archers Telmarins simplement par intérêt. Ce que je voulais en vérité c’était être sur le champ de Bataille pour résonner Caspian. J’étais persuadée que tout était encore possible, la guerre pouvait être évitée ! Mais quelle erreur n’ai-je pas commise… Bien sûr que non, la guerre ne pouvait pas s’arrêter. De plus, Caspian n’était pas le seul à convoiter les terres narniennes. Il avait en effet scellé un traité de paix et d’alliance avec ces barbares de Calormènes et son Tisroc, Yoren Eshbaan. Celui là, je ne pouvais pas l’encadrer ! J’étais persuadée qu’il était en partie responsable d’un tel revirement de la situation. Seul, il ne serait pas arrivé à vaincre les armées archenlandaises et narniennes. Quel homme machiavélique… Mais fermons la parenthèse. Avec du recul, je ne peux pas m’empêcher de croire que j’ai bien agi. En me précipitant vers mon cousin, je me suis rapprochée de la première ligne donc de mon frère Matt. Un peu après l’assaut donné par le roi Peter, les archers adverses commencèrent à bombarder nos rangs de flèches empoisonnées. Caspian me protégeait avec son bouclier me réprimandant toute fois, soulignant ma bêtise et mon impulsivité. Jamais il n’avait levé la voix sur moi… Occupée à soutenir le regard de mon cousin, je ne pris pas réellement conscience de la gravité de la situation.
« Pauvres premières lignes… Ils tombent comme des pièces d’échec sur un échiquier… Finalement Rosalie, tu m’auras rendu service sinon, je serai déjà là-bas et peut être mort, qui sait ? »
Les premières lignes ? Une pluie de flèches ? Matt !!! Mon cœur ne fit qu’un bon. Comment Caspian pouvait-il me remercier de l’avoir permis de regarder tomber un par un ses soldats ? Ma main partit toute seule, je le giflai. Je n’eus pas le temps de regretter mon geste, je m’emparai de son bouclier pour m’enfoncer dans la bataille, me protégeant des flèches le mieux que je pouvais. Les premières lignes n’étaient plus qu’à quelques mètres. Soudain, mon grand frère apparut à mes yeux. Il était seul, légèrement en retrait, et se battait contre des ennemis. Il était encore plus impressionnant qu’avec des épées de bois… Il était vraiment doué… Mais pas le temps d’observer la situation plus longtemps. Lors d’un de ses combats, il avait laissé son bouclier à terre. Il était donc à découvert ! L’effroi s’empara de mon corps quand je vis les armées narniennes et arche landaises revenir à la charge avec ces maudites flèches. Il était en danger…
« Matt !!! Protège toi !!! »
D’un geste habile, je lui lançai mon bouclier, ou plutôt devrais-je dire celui de Caspian… En faisant ce geste, je savais ce que j’encourrais moi-même. En donnant le bouclier à mon frère, je me retrouvais à découvert. Mais qu’importe, si j’avais de la chance… Or je n’en eus pas. Ce qui devait arriver arriva, une flèche empoisonnée me transperça l’épaule. Matt, protégé par le bouclier vint près de moi. Je le revois encore m’aider à m’allonger sur le sol et verser quelques larmes. Mais qu’y a-t-il de plus beau que de se sacrifier pour la personne que l’on aime le plus au monde ? Finalement, ce malheureux concours de circonstance avait permis à mon frère de vivre et ça, c’était le plus important. Ce sentiment atténuait la douleur qui me cisaillait l’épaule. Était-ce le poison ou la blessure ? Je ne préférais pas y penser, me concentrant sur les yeux de Matt. Je désirais m’éteindre en emportant dans ma tombe le regard du jeune homme.
« Rosalie non s’il te plait… » « Promets moi Matt… promets moi de… promets moi de vivre. » « Ros… » « Jure le moi Matt ! Jure le, je t’en prie… » « Je… je te le jure. »
Ce sont les dernières paroles que j’entendis avant de plonger dans les abymes. Il me jurait qu’il allait vivre… Je savais qu’il n’allait pas rompre cet engagement. Ma mort ne serait donc pas vaine. J’avais sombré pour une noble cause… Sans doute est-ce la raison pour laquelle je suis en vie aujourd’hui qui sait ? Beaucoup de phénomènes sont inexplicables. Mais celui-ci, ma renaissance en quelque sorte, fait parti de ceux à qui l’on doit la vie. Personne ne saura mieux que quelqu’un ayant frôlé la mort à quel point la vie est précieuse. Je ne sais pas à qui je dois le fait de respirer de nouveau aujourd’hui mais je ne lui serais jamais assez reconnaissante. Sans doute un coup d’Aslan ? C’est lui qui m’a envoyé ce rêve durant ma période de « sommeil ». Il existe… La seule chose que je peux faire est de respecter ce qu’il m’a demandé. Choisir mon camp…
Mais le passé est le passé. Je poussai un profond soupir avant de rouvrir mes yeux. J’étais bel et bien vivante, cela faisait maintenant près d’une semaine. M’allonger dans l’herbe du parc de Telmar et rêvasser était l’une de mes principales occupations étant plus jeune. M’égarer à l’intérieur de moi-même… Pourtant, je ne me connaissais pas mieux ! Je me relevai partiellement, à moitié endormie, scrutant ce qui se trouvait autour de moi. Matt, mon frère aîné était à mes côtés et dormait. Depuis cet « accident », il ne me lâchait plus d’une semelle. C’était donc quelque peu envahissant. Je l’adorais mais en même temps… Je n’étais pas une petite fille ! Je poussai de nouveau un soupir avant de sourire. Il était tout de même canon mon grand frère. Après tous ces évènements, je ne lui avais même pas demandé s’il avait trouvé l’amour. Nous avions surtout parlé de moi, je n’avais pas eu l’occasion de le redécouvrir. Il faudrait donc que je songe à rattraper le temps perdu.
Mon attention s porta alors vers un homme à cheval. Les chevaux !! Je ne les avais plus revu depuis l’accident ! L’équitation était ma passion. Je n’étais d’ailleurs pas mauvaise je dois l’avouer. Profitant du moment d’inattention de mon frère, je filai à l’anglaise pour me rendre dans les écuries. Je rencontrai un palefrenier, encore une personne que je ne connaissais pas, qui me salua cependant. Je lui adressai un sourire lui demandant si je pouvais caresser ces adorables animaux. Il acquiesça, je m’avançai donc vers les boxes. Rapidement, je fus captivée par un cheval très grand, d’une très belle robe, si douce que l’on aurait dit de la soie. Il avait l’air quelque peu têtu et sauvage aux premiers abords mais à force de persévérer, ce cheval s’était avéré être l’un des plus tendres et doux que je n’avais jamais connu.
« Vous êtes magnifique Monsieur le Cheval. Le savez-vous ? Cependant vous ne manquez pas de caractère… »
Je souris, caressant de plus belle la bête. Elle était vraiment merveilleuse. Pourtant, je sentis une agitation la secouer. Je tentai de la calmer puis daignai me retourner pour connaitre la source d’un tel excitement. Devant moi se tenait un jeune homme. Je scrutai un moment la silhouette qui ne m’était pas inconnue. Même plus que ça, je l’aurais reconnue entre toutes. Des courbes fines et précises, aucun trait ne ressortant plus que l’autre, le tout étant parfaitement bien dessiné. La perfection existe ? Il faut croire que oui ! Lorsque le jeune homme fit un pas en avant, le soleil éclaira son visage.
« Edwin ? Je… »
Je n’eus pas le temps d’en dire plus, il m’attira dans ses bras. Au début, j’étais crispée puis finalement me laissai faire. J’enfouis ma tête dans sa poitrine comme je le faisais avant, lorsque j’étais plus jeune. Je humais cette odeur qui lui était propre, une odeur qui au fond… m’avait beaucoup manqué. Je fermai les yeux comme pour de nouveau m’évader, m’égarer entre les bras de celui qui avait été pour moi l’un de mes plus proches amis auparavant. Edwin et moi c’est une histoire d’amitié qui remonte à très longtemps, alors que nous n’étions que des enfants. Ses grands parents étaient telmarins, lui archenlandais. Cependant cette différence d’origine ne dérangea pas nos relations presque fraternelles. Nous n’avions plus de secrets l’un pour l’autre. Je confiais à Edwin ce que j’avais peur de dire à Matt, il ne me connaissait peut être pas aussi bien que mon frère mais ça s’en approchait du moins. Un lien très fort s’était tissé entre nous puis s’était peu à peu disloqué, en partie à cause de moi et mes idées. Je n’approuvais pas les choix de mon ami d’enfance, notamment celui de se plier aux ordres de Caspian en acceptant d’être son espion. Une grosse dispute avait d’ailleurs éclaté, me permettant de lui dire ses quatre vérités. Edwin avait tenté de me raisonner, mais aussi de comprendre pourquoi je réagissais de la sorte. Il m’avait d’ailleurs balancé à la figure le nom de mon frère Matt ainsi que celui de mon propre cousin, Caspian. Grave erreur… je me suis braquée et depuis, ne lui ai plus parlé. Avec du recul, je sais pourquoi je me suis énervée contre lui et non contre mon frère. Je pensais connaitre Edwin, je pensais qu’il avait un bon fond et le voir se rallier avec Caspian m’avait rendu dingue. Jalousie ? Peut être… Quoi qu’il en soit, il est bête de dire qu’il faut avoir frôler la mort pour retrouver, redécouvrir une des personnes qui a le plus compté pendant votre vie. Je me détachai de l’étreinte d’Edwin, ce dernier me demandant si c’était bien moi. C’est vrai qu’il était très occupé en ce moment, il ne pouvait pas avoir eu vent de mon « réveil ». Edwin était en effet devenu le Roi de Telmar, je ne sais comment d’ailleurs. Voyant que je marquai un temps d’hésitation, il comprit que je ne désirais pas parler de ce que j’avais vécu dans les écuries mais plutôt dans un endroit tranquille. Si bien qu’il me proposa une ballade à cheval ! Un sourire s’afficha sur mon visage, il me connaissait toujours aussi bien…
« J’accepte ta proposition ! » puis j’ajoutai dans un murmure « Je ne préfère pas parler de ce qu’il m’est arrivé ici, trouvons un endroit plus… tranquille si ça ne te gêne pas. »
Comme pour se plier à ma demande, il acquiesça avant de m’aider à monter sur le cheval, qui était le sien d’ailleurs. Il y monta puis me tendis une main pour m’aider à grimper. Je la saisis, prête à ne plus la lâcher. Maintenant que j’avais retrouvé Edwin, que j’avais été consciente de l’erreur faite en le rejetant, je n’avais plus envie de briser ce lien, symbolisé par nos mains jointes. Pourtant, il le fallait sinon le jeune roi ne pouvait pas manœuvrer. Il me demanda si j’étais prête. Cela faisait un moment que je n’étais plus montée sur un cheval mais avec mon ami d’enfance, je me sentais en sécurité. Je lui murmurai un petit « oui » puis Edwin commanda à son cheval de sortir des écuries.
Une fois sur la route, à l’extérieur du château, je ne pus m’empêcher de me pencher vers lui et de lui dire
« Tu sais Edwin, je pense que l’on a beaucoup à se dire. Je te dois également une explication pour la… dispute. Mais avant tout il faut que tu saches quelque chose de très important. Tu es et tu resteras un es piliers de ma vie. Je m’en veux d’ailleurs de t’avoir délaissé de cette façon, aussi puérile soit-elle, mais au moins… ça m’a permis de prendre conscience à quel point un vide en moi ne pouvait être comblé que par ta présence. Tu m’as beaucoup manqué Edwin… »
|
| | |
Edwin G. Petterson Nordique || Élu || Admin ∞ messages : 514 ∞ double-compte : Vitani (calormène) | Sujet: Re: Ces distances nous éloignent et nous ramènent, à nos différences. Mar 22 Mar - 23:18 | |
| Ne désirant pas parler de ce qui lui était arrivé ici, elle accepta ma proposition. Ce qui signifiait donc, qu'elle allait m'expliquer, et m'avait pardonné. Après tout, elle était obligée de me pardonner. J'avais un don, le don de contrôler les décisions des gens. Je ne m'en rendais pas toujours compte d'ailleurs... Mais je n'avais pas utilisé mon don avec elle. Elle avait accepté cela seule. J'approuvais donc d'un signe de tête, puis je posais ma main sur la tête de Pandõr, montais, puis me positionnais comme il fallait. Une fois bien installé, je tendis ma main à Rosalie, qui la saisit et je l'aidais à monter derrière moi. Je remarquais qu'elle avait l'air de ne pas vouloir lâcher ma main, ce qui me fit légèrement rire. Rosalie avait conservé cette douceur dans ses gestes qui n'était pas le genre de douceur que l'on retrouvait chez toutes les autres femmes. Justement, elle, c'était Rose, et elle n'était pas n'importe qui. Après tout, on ne choisit pas toujours ses amis. Nous, on s'était en quelques sortes choisis, et on s'était plutôt bien trouvés.
Une fois installée, je manœuvrer mon cheval afin de le faire partir tranquillement, au trot. Je le dirigeais hors du camp d'entrainement, en regardant au passage les adolescents et enfants qui s'entrainaient. Voilà, c'est ça... Entrainez-vous, vous deviendrez d'excellents soldats plus tard, les enfants. Tandis que je tournais la tête, afin de guider Pandõr vers la capitale, je sentis Rosalie se pencher près de moi, et je l'écoutais, sans rien dire aussitôt. Elle s'excusait pour notre dispute ? Ça alors... Qui l'eut cru ? Dans un sens, je ne me sentais nullement fautif pour cette dispute. Ce qui s'était passé ? Je dirais juste qu'elle s'était emportée pour je ne sais quelle raison, car je rejoignais Caspian. Mais... D'après ce qu'elle venait de dire, je pouvais parier qu'elle allait m'expliquer la raison véritable de cette dispute. Certes, elle datait.
Mais à cause de celle-ci, je n'avais plus vu une amie à laquelle je tenais. Vous savez, il est dur de se disputer avec quelqu'un que l'on connait depuis que l'on est tout jeune. Pourtant, ce n'était pas dans ma nature de m'entendre comme ça, aussi bien avec quelqu'un. Bon... Il fallait dire que Rose avait su m'accepter tel que j'étais, et peut-être est-ce l'une des raisons pour lesquelles nous étions amis. J'espérais d'ailleurs que nous allions bel et bien le rester.. La perdre de nouveau serait trop douloureux. Dernièrement, j'avais été fort occupé avec Telmar, et Telormen également, et j'avoue ne pas avoir eu la tête à me soucier de mes relations, quelles qu'elles soient. Cependant, ses paroles me firent du bien, car elles se révélaient pleines de vérité et elles étaient néanmoins touchantes, lorsque l'on connait Rosalie. Et je savais qu'elle ne grossissait pas la réalité pour faire croire ce qu'elle voulait à n'importe qui. De toutes façons, j'étais loin d'être n'importe qui...
« Je suis ravi que tu veuilles parler également, je crois que nous avons chacun, beaucoup de choses à dire à l'autre. Tu m'as également manqué, Rosalie. C'était assez étrange de n'avoir personne à qui se confier depuis ces derniers mois. Du moins... Quelqu'un qui me connaisse plutôt bien. »
Je ne répondais pas à tout ce qu'elle avait dit cependant, car je refusais d'afficher trop en avant mes pensées ou mes sentiments. Il était hors de question que je me livre à qui que ce soit aussi facilement... Mes parents n'en avaient pas même ce privilège, c'est vous dire. Mes parents... Ils n'étaient pas spécialement d'accord avec ma prise de pouvoir. Ils étaient archelandais de la tète aux pieds, et malgré mon sang telmarin, ils se refusaient à ce que je fasse ça, à leurs yeux c'était comme renoncer à ses origines, à son véritable héritage. Ils ne comprenaient donc rien... C'était ce que je désirais. Le pouvoir. Un royaume. Une vie à m'occuper des conflits, être au centre de tous les intérêts, plaire aux gens, être aimé, être craint. J'avais tant de désirs inassouvis encore... Je n'étais cependant pas comme les autres hommes. J'étais différent... Mais dans quel sens ? A vous de le découvrir.
Je ne suis pas là pour vous balancer toute la vérité à mon sujet, je ne suis pas un interprète non plus. Enfin à ce propos, de toutes façons, Caspian ne pouvait plus gouverner, comme je l'ai déjà dit. Puis, si je n'avais pas été un bon roi, quelqu'un m'aurait déjà viré du trône... Mais voilà. C'était là la vraie source des choses. Personne ne m'avait viré, personne ne me virerait. Pourquoi ? Parce que j'étais un bon roi, non pas pour me vanter, mais j'agissais pour le bien de mon peuple. J'étais un roi exigeant, mais pas non plus dictateur... Ce que l'avenir me réservait désormais, je n'en avais aucune idée cependant. Qui vivras verra, comme on dit si bien... Je remarquais que Pandõr était désormais sortit de la capitale. Non mais il allait si lentement que ça ? C'était quoi ça encore ? Je tournais légèrement la tête sur le côté, sans quitter le chemin des yeux. « Accroches-toi bien à moi... » on allait accélérer le rythme, donc. Je pris les commandes du cheval, puis je lui fis comprendre qu'il pouvait aller plus vite.
Non, mais il appelait ça vite ? Allez, au galop, Pandõr, et ne te moques pas de moi, tu es un cheval fort, puissant, rapide ! Ben voilà, c'était pas compliqué. Me tenant bien à celui-ci, je vérifiais que Rosalie me tenait bien, et je fus ravi, et quelques peu rassuré qu'elle soit assez bien accroché à moi. Au bout d'une bonne dizaine de minutes, nous arrivâmes à la lisière de la forêt, et je fus assez soulagé, car nous pourrions enfin briser ce silence. En fait, j'avais préféré éviter de parler durant ces dernières minutes, car je préférais voir les gens à qui je parlais, quand j'avais quelque chose à leur dire, où qu'ils avaient quelque chose à me dire. Je fis signe à mon cheval de ralentir alors, ce qu'il eut un peu de mal à faire. Non mais il voulait vraiment me faire passer pour un homme incompétent devant Rosalie. Ou alors, il avait été jaloux de voir qu'elle et moi on s'appréciait. C'est étrange à dire, mais Pandõr n'est pas un cheval comme les autres.
En effet, il est facilement jaloux des gens qui peuvent me parler. C'est mon cheval depuis environ un an à vrai dire, et il a toujours été un peu méfiant vis-à-vis de certaines personnes. Dans le cas présent, j'avais comme l'impression qu'il avait un penchant pour Rosalie. Non mais qu'est-ce-que je dis moi ? C'est un cheval ! Enfin... Les animaux de Narnia parlaient bien. Qui sait... Peut-être que mon cheval n'était pas un pur sang telmarin ? Nous arrivâmes finalement près d'une rivière, car j'entendis le courant de l'eau non très loin de nous. L'avantage, c'est qu'ici, personne ne pourrait nous entendre parler, et nous serions tranquilles. Je remarquais au passage, que des fleurs poussaient un peu partout, ainsi que d'hautes herbes et leur couleur verte faisait très légèrement sourire. Je ne m'émerveillais pas devant ce genre de choses, non plus, mais il fallait reconnaître que ça avait du charme. Une fois près de la rivière, je remarquais que nous nous trouvions dans une clairière, et je décidais de faire signe à Pandõr de s'arrêter.
J'attendis que Rosalie lâche ma taille, puis je passais ma jambe de l'autre côté du cheval avant de descendre. Je tendis ensuite la main à Rosalie, qui la prit enfin, puis je l'aidais à descendre. Une fois descendue, je du reconnaître avoir eu du mal à la lâcher, mais il le fallait. Je préférais attacher Pandõr à un arbre, ce cheval était beau, ce cheval était fort... mais qu'est-ce-qu'il était con désobéissant, par moments. Une fois que j'eus attaché la bête, je sentis son regard suppliant de le relâcher, puis dès que j'eus tourné le dos, je sentis son regard noir peser sur mes épaules. Me tournant d'un coup sec, il se sentit assez stupide, et ne fit aucun commentaire. Hum, oui, c'était un cheval. Je crois que je devrais retourner voir Rosalie, elle en vaut largement plus le détour. Mais... C'était Pandõr qui nous ramènerait, alors je devais être indulgent avec lui aussi. M'approchant de mon amie, je posais ma main dans son dos, et lui fis signe de s'asseoir près de la rivière, dans l'herbe. Tant qu'à faire, autant se mettre à l'aise en s'asseyant. Je pris place après qu'elle se soit assit, puis je pris enfin la parole.
« J'espère que cet endroit est à ta convenance, même si je dois dire que j'ignorais qu'il existait... Donc, tu voulais me parler de cette fameuse dispute ? Je veux bien que l'on en parle. Mais j'aimerais, si tu acceptes, que tu me racontes ensuite ce qui t'es arrivée cette année... »
|
| | |
Invité Invité | Sujet: Re: Ces distances nous éloignent et nous ramènent, à nos différences. Jeu 31 Mar - 22:04 | |
| - Après lui avoir déclaré qu’il me manquait, que j’étais heureuse de le retrouver, je n’obtins aucune réponse. Je n’en fus pourtant pas bien inquiétée. Il est vrai que j’avais passé beaucoup de temps sans avoir vu mon ami. Pourtant, je sentais qu’il n’avait pas beaucoup changé, du moins concernant ses réactions. Le petit garçon, l’adolescent que je connaissais, détestais afficher ses sentiments. J’étais persuadée que c’était encore le cas et puis… qui ne dit rien consent comme dirait le proverbe ! Je me souviens encore de ce temps passé. Je ne le regrette pourtant pas, les choses étaient pires avant.
Le Roi Miraz gouvernait avant mon cousin. Je n’ai plus aucun souvenir mais mon frère s’en rappelle, lui. C’est sous son règne qu’il avait intégré l’école des Armes du château. Il me racontait alors à quel point il était exigent, manipulateur. Il n’hésitait pas à faire des promesses en l’air comme par exemple « je vous promets que votre famille recevra une pension complémentaire à la mensuelle si vous devenez de très bons soldats. » Matt était sans aucun doute l’un des meilleurs d’entre eux, il a voué toute son existence à l’armée telmarine et jamais nous n’avons vu de pension. Ce n’est pas pour l’argent que je dis ça, au contraire, je m’en moque, mais c’est pour le geste et pour vous montrer à quel point cet homme étais mauvais. On le disait également sans cœur, condamné par les Dieux à ne plus aimer à cause de tous les méfaits qu’il avait commis. Même le Tisroc de cette époque là, le grand père de l’actuel n’était pas aussi cruel, et c’est dire ! Le monde à ces temps là était vraiment affreux. Dans les regards, on ne voyait que la peur, l’insécurité… Même à Narnia, la Sorcière Blanche était au pouvoir… Vous voyez donc à quel point cela devait être terrifiant que de vivre dans un tel contexte ! Seul le Roi Lune d’Archenland paraissait être une exception. Bien heureusement, les Pevensie sont arrivés et ont chassé la Sorcière Blanche. Plus tard, ils ont même fait tomber Miraz, installant Caspian au pouvoir. Ce dernier, en qui le Peuple avait confiance et qui nous a trahi ! Comment avait-il pu… Comment la guerre avait-elle pu éclater alors que deux ans à peine plus tôt, le Monde de Narnia traversait une période d’Âge d’Or ? Caspian X, les Pevensie, Lune d’Archenland puis Abel Eshbaan avaient scellé une entente. Tout a basculé progressivement… Le Roi d’Archenland est décédé quelques mois à peine après cette alliance, étant très vieux puis Abel Eshbaan s’est fait tuer. Les héritiers n’ont rien fait pour la paix et quand on a à la tête d’un état des esprits belliqueux, il ne faut pas s’étonner de voir apparaitre des tensions entre contrées.
Je fermai les yeux. Pourquoi est-ce que je repensais à tout ça ? C’était le passé. Pourtant, j’espérais que Edwin, en tant que Roi, arrangerait tout ça et que le Monde de Narnia connaitrait de nouveau un Âge d’Or. Cette période là, je l’avais vécu pendant mon adolescence. C’était l’époque durant laquelle Tash et Aslan utilisaient leurs pouvoirs communs pour faire prospérer leur Monde et le rendre meilleur. Aujourd’hui, tout cela était révolu. Pourtant, je voulais encore y croire, je ne pouvais m’en empêcher.
Je poussai un soupir avant de porter mon regard devant moi. Je sentais qu’Edwin avait accéléré l’allure. Le vent s’engouffrer dans mes cheveux, les faisant voler. Je les avais d’ailleurs en pleine figure ! N’y voyant rien, je décidai de lâcher prudemment d’une main mon ami avant de me dégager rapidement. Voila qui était mieux… Je regardai autour de moi le paysage. Je n’étais plus ressortie dehors depuis mon accident, je dois avouer que ça me faisait tout drôle… J’avais l’impression de redécouvrir Telmar. Pourtant, mon cœur ce serra. Je reconnus enfin le chemin que nous empruntions Edwin, Pandor et moi. Il s’agissait de celui qui menait au champ de bataille, celui de Beruna. Je retins mon souffle quelques instants et détournai la tête. Les fleurs qui me paraissaient éclatantes me semblaient à présent ternes. L’odeur sucrée de miel flottant dans l’air disparut totalement. L’atmosphère en devenait même pesante… Heureusement, Edwin changea de cap, s’enfonçant dans la forêt. Je ne sais pas si c’était prévu, s’il savait où il allait ou bien s’il avait compris son erreur mais le résultat était là. Je fermai nerveusement les yeux ne pouvant m’empêcher la scène dans laquelle je me faisais transpercer par une flèche. Quoi que, ce n’était pas le plus terrible, mon sang se glace encore quand je repense à la peur que j’ai éprouvée lorsque j’ai vu cette maudite flèche se pointer sur mon frère Matt. Plutôt moi que lui… Et c’était toujours valable. Je me revoyais encore lui faisant promettre de vivre. J’eus un haut le cœur et secouai la tête. Un sourire crispé s’afficha alors sur mon visage. Si Edwin était capable de lire dans mes pensées, il me considèrerait certainement comme une folle ! Mais je dois avouer que l’on n’efface pas de tels moments en quelques jours. Il était évident que l’image de cette flèche me hanterait jusqu’à la fin de ma vie.
Mes pensées furent interrompues par l’allure qui diminuait peu à peu de la magnifique bête. Nous ralentissions. Je regardai autour de moi, nous étions encerclés par des arbres. Ces arbres… la Nature… elle était vivante, je le sentais. Elle était simplement endormie, comme moi il y a quelques jours à peine. Mais elle se réveillerait d’ici peu, j’en étais certaine. Je reposai mon regard droit devant moi et c’est émerveillée que je découvris une clairière. J’étais loin d’imaginer qu’une clairière allait m’apparaitre alors que quelques instants plus tôt, nous étions au milieu des bois. Ce que j’aimais dans ce monde, c’était la magie que pouvait nous réserver la Nature. Il y avait un petit ruisseau en contrebat de cette clairière. Le jeune Roi en profita pour faire boire son cheval. Lorsque ce dernier eut bu sa dernière gorgée, il marqua un temps de pause. Ben… pourquoi est-ce qu’il ne descendait pas ? Je le regardai avec un air interrogateur puis entendis un léger « hm… » Je compris ensuite que je le tenais par la taille. Oui, il ne pouvait pas descendre… Une fois que je les eu enlevée, je perçus un semblant de sourire sur son visage. Quoi ? Oui, je sais que je n’étais pas des plus perspicaces mais quand même ! Sans rancune, j’acceptai la main qu’il me tendait. Une fois à terre, je sentis la pression sur mes doigts minces. Edwin semblait refuser de me lâcher… J’avoue que sur le moment, je fus surprise par cette attitude, je laissai s’écouler quelques secondes puis murmurai un « hm… » comme celui qu’Edwin m’avait lancé tout à l’heure. Un sourire aux lèvres, il comprit cette allusion. Il se tourna alors vers son cheval pour l’attacher.
Me concernant, je préférai aller un peu plus loin, près de la rivière. Je m’accroupis et portai ma main sur la surface de l’eau. Elle était glacée… En même temps, nous venions à peine de sortir du printemps. Je me relevai, jetant un coup d’œil vers mon ami d’enfance. Non… il parlait à son cheval ? Mon regard s’attendrit à cette vue, je ne m’attendais pas à ça ! Enfin, il ne lui parlait pas vraiment mais j’avais l’impression qu’ils faisaient un échange à en juger par leurs expressions. Je poussai un soupir avant de revenir sur mes pas. Sur le sol, des fleurs poussaient. Elles étaient éclatantes… Le ruisseau reflétait les rayons du soleil et dégageait une certaine clarté. Jamais je n’avais vu d’endroit aussi pur. Je pris dans mes doigts une fleur, de couleur rouge éclatante. Je la portai à mon nez et en humai l’odeur. Durant quelques instants, je fermai les yeux. J’étais bien… Je respirais, je revivais… Mes yeux se rouvrirent lorsque je sentis la pression de celui qui avait été mon meilleur ami, dans mon dos. Je restai cependant immobile, dos à lui. Je sentais sa respiration dans mon cou. Cette sensation m’avait manquée, je l’avoue. Même Matt n’arrivait pas à avoir un souffle aussi discret, aussi… indescriptible. Edwin m’invita alors à m’asseoir. Il me regarda alors avec sincérité me déclarant qu’il était d’accord pour revenir sur notre dispute mais me demanda si j’étais partante pour lui raconter ce qu’il s’était passé. Il n’avait pas cité de nom mais je voyais de quel évènement il voulait parler. Il désirait savoir ce qu’il s’était passé à Beruna. Jusqu’à maintenant, seule une personne savait tout en détail, mon frère. J’avais beaucoup pleuré, lui aussi d’ailleurs, lorsque nous avions évoqué ensemble ce sujet. Les larmes avaient coulé à flots lorsque nous nous étions échangés nos ressentis lors de cette période. Je m’étais alors rendue compte à quel point il m’aimait et tenait à moi. Le lien fraternel était alors devenu encore plus fort, puissant. Je baissai mon regard avant de dire à mon ami :
« Oui je voulais parler de cette dispute, m’excuser. J’ai agi de manière puérile… T’éviter, ne plus te parler, passer à côté d’une amitié à la limite de la fraternité… Tout ça était idiot. Je n’ai jamais eu pour habitude de reconnaitre mes erreurs, sans doute le sang telmarin qui remonte à la surface, dis-je avec un sourire aux lèvres. Cependant, sache que je regrette profondément ce qu’il s’est passé. Ce n’est que maintenant que je me rends compte à quel point tu as de l’importance à mes yeux. Tu connais certains de mes secrets que le Monde ignore, tu sais de moi des choses dont j’ignore moi-même l’existence. Et puis… il y a tous ces moments passés ensemble que je ne peux pas bannir de ma mémoire. Nos rires, nos pleurs, nos colères, nos sauts d’humeur… nos bagarres aussi ! Comment oublier tout ça ? Ce fut idiot que de laisser quelqu’un se mettre entre nous, surtout Caspian ! Pardonne moi… »
Je marquai alors un temps de pause attendant sa réaction. Je le regardai dans les yeux sans percevoir le moindre indice. Il semblait attendre autre chose. Ah oui, je n’avais pas terminé… Il m’avait demandé autre chose. Je respirai un bon coup avant de lui répondre :
« Je suis désolée Edwin mais… je ne préfère pas parler de ce qui m’est arrivé cette année. Je…je ne suis pas prête pour en parler encore. »
J’espérais de tout cœur qu’il ne m’en veuille pas. L’atmosphère était quelque peu pesante… Je regardai de nouveau mon ami pour percevoir sa réaction, il resta impassible. C’est alors que mon regard se mit à pétiller. J’ouvris ma bouche en grand, consciente que si je parlais, j’allais casser l’ambiance mais…
« Edwin ! Tu as encore le bracelet que je t’avais offert ! »
Je pris sa main et le lui enlevai. Je le portai alors à côté de mon propre poignet sur lequel était placé la réplique exacte de celui-ci. Nous nous étions offert des cadeaux un jour, il s’agissait d’une simple ficelle faisant office de bracelet. Cela n’avait aucune valeur économique mais sentimentalement, cela symbolisait notre amitié. Je me relevai gardant le bracelet d’Edwin dans la paume de ma main. Il me pria de le lui rendre; c’est alors que me revint en mémoire une scène. Exactement la même qu’aujourd’hui mais… dix ans en arrière. Nous devions nous parler sérieusement de je ne sais plus quoi d’ailleurs et… j’avais trouvé le moyen de tout envoyer en l’air m’intéressant à un pendentif qu’il avait dans ses mains. Je le lui avais piqué des mains et…
« Viens le chercher si tu le veux ! » lui dis-je avec un énorme sourire.
Ah oui j’allais oublier… La scène s’est terminée en bagarre. Je m’en souviens encore, je m’étais fait très mal à la cheville, si bien que les guérisseurs avaient été obligé de m’immobiliser ma jambe. Mais si ça prenait une telle tournure, j’étais prête à affronter mon ami et à gagner le combat pour une fois !
[il doit sûrement y avoir des fautes mais ayant la flemme de relire ce soir, je verrai ça demain ^^'] |
| | |
Edwin G. Petterson Nordique || Élu || Admin ∞ messages : 514 ∞ double-compte : Vitani (calormène) | Sujet: Re: Ces distances nous éloignent et nous ramènent, à nos différences. Dim 8 Mai - 1:35 | |
| Elle me fit ses excuses quant à notre dispute, et elle précisa en quelques sortes qu'elle se sentait un peu stupide d'avoir laissé Caspian nous séparer. Enfin, indirectement bien-sûr. J'avais trouvé son comportement quelques peu idiot en réalité... Surtout qu'elle m'en voulait auparavant d'être l'espion de son cousin, alors que maintenant... J'avais viré celui-ci du trône telmarin et avait prit sa place. Quoi que, peut-être, elle n'appréciait pas vraiment Caspian... Je ne pourrais que la comprendre dans ce cas-là. Il était tellement crétin... Quoi qu'il en soit, il ne fallait pas trop s'attarder sur des choses passées. Seul le présent comptait à mes yeux... Il dépendrait de mon futur et ferait partit de mon passé. Seulement, en l'écoutant, je remarquais qu'elle ne précisa nullement ce qui s'était déroulé à Beruna...
Je la regardais, en quête de réponse, sans laisser paraître aucune émotion sur mon visage. Elle eut d'ailleurs l'air de le comprendre, car elle me répondit qu'elle désirait ne pas en parler... Que son choix soit respecté alors. Je l'avais perdue deux fois, je ne ferais plus jamais cette même erreur, elle avait trop de valeur pour moi... Tandis que le silence pesait, je remarquais qu'elle reluquait mon poignet. Qu'est-ce-qu'elle pouvait bien trouver de si intéressant ? Ce n'est que lorsqu'elle me prit le bracelet que je portais que j'eus compris : c'était le bracelet d'amitié qu'on avait en commun depuis notre enfance. Elle avait le même, et les regarda tous les deux. Je souriais légèrement en voyant à quel point elle semblait joyeuse en le voyant, et je fus heureux de voir qu'elle portait toujours le sien. Cependant, je tenais à récupérer le mien...
« Je respecte ton choix pour ce qui est de demeurer silencieuse sur ce point de ta vie. J'accepte aussi tes excuses... Mais veux-tu bien me rendre mon bracelet ? »
Je tendais la main en attendant qu'elle me le rende, mais visiblement, j'allais devoir employer la manière forte pour le récupérer... Elle se leva alors, puis me fit bel et bien comprendre que si je voulais reprendre ce qui m'était du, je devrais le récupérer moi-même. Très bien... Je me levais alors à mon tour, puis poursuivais la jeune femme qui se mit à courir afin que je ne l'attrape pas. Oh, j'aurais pu la rattraper très facilement en fait.. Mais Pandõr semblait se moquer de moi. Je lui lançais un regard noir, et il s'arrêta, comprenant sans doute qu'il risquait de ne pas manger ce qu'il désirait manger ce soir. Non mais, je suis quand même son maitre ! Enfin, en attendant, Rosalie s'était fait la malle à quelques mètres d'ici, en train de narguer apparemment. Ah oui ? Eh bien on verra bien qui rira le dernier !
Je décidais alors de lui courir après, voyant bien que cette situation l'amusait beaucoup. Elle voulait jouer avec moi ? Eh bien... Nous allions jouer dans ce cas. Je pris alors une allure naturelle, et courrais plus rapidement sans spécialement faire d'efforts. Je parvins donc à voir que Rosalie s'était cachée derrière un arbre et visiblement, pensait que je ne la voyais pas. Elle était de profil, et regardait de l'autre côté. J'avançais à pas lents, et silencieusement, puis posais mes mains sur ses hanches en avançant, de façon à être contre elle, et qu'elle se retrouve entre l'arbre et moi. Ainsi, elle ne pourrait plus s'échapper... Je souriais en sachant que je lui avais fais peur, ou alors juste surprise, puis je posais ma main sur son bras, et je la glissais jusqu'à sa main, récupérant ainsi mon bracelet. Tout était silencieux, et je ne voulais pas briser ce silence ainsi, en parlant pour dire, peut-être, quelque chose d'inutile. Je décidais alors de lui glisser quelques morts à l'oreille.
« La partie est finie...
Je laissais le silence se briser légèrement, avant de sentir quelques brises de vent et de lâcher délicatement la jeune femme. Je me dirigeais alors vers la rivière, et je profitais du temps de marche pour remettre mon bracelet à sa place, et pour remonter ma manche vers ma main, afin que le bracelet s'y trouve en sécurité, dirons-nous. Je sentis les pas légers et l'agréable présence de mon amie dans mon dos, et je décidais de mener au point une petite vengeance personnelle. Mais avant cela, je désirais lui énoncer quelques termes joyeux.. Après tout, elle s'était éveillée il y a peu, et elle devait probablement ne pas avoir eu de nombreux moments amusants, et j'en passe. Il était donc de mon devoir de la divertir, et de lui suffire. Je tendis la main vers elle en voyant qu'elle comptait s'asseoir, puis pris la sienne et l'aidais à prendre place à mes côtés. Il était beaucoup plus simple de parler à quelqu'un près de soi, après tout.
« L'autre jour, alors que j'étais à l'une de mes réceptions, j'ai eu vent de quelques rumeurs courants sur le royaume. Il paraitrait, par exemple, qu'après mon couronnement, certaines familles se seraient déchirées car certaines personnes étaient contre moi, et d'autres restaient ici pour me soutenir, car ils m'appréciaient ou alors... par peur. Je me suis alors posé une question...
Je posais mes mains derrière mon dos, et pris mes aises, puis regardais l'eau couler. L'eau était vraiment claire, bleue, et le temps semblait parfait. Bon, certes nous n'étions pas en été, mais c'était un temps radieux. Dans un endroit merveilleux je dirais, même. Quoi qu'il en soit, j'en reviens donc à ce que je disais.
« Quand on devient roi, vaut-il mieux inspirer la crainte... ou l'amour ? » je marquais une pause afin de songer de nouveau à cette question, puis pesais le pour et le contre. « La crainte est une bonne chose... Elle inspire le respect et l'obéissance des sujets, du peuple, et ils n'osent plus contredire aucune loi. Aucun jugement que j'aurais à porter... Mais l'amour inspire un climat plus chaleureux, et plus protecteur dans un certain sens. La crainte aussi, cependant. Je suis crains. J'en suis parfaitement conscient... Je suppose que certaines personnes me détestent aussi. Prendre la place d'un roi légitime, quand on est personne... Quand on est même pas fichu d'être un pur telmarin.. A quoi bon respecter quelqu'un qui agit comme tel, et qui est né ainsi ? Le seul amour que j'ai jamais connu reste celui de ma famille... »
Je réalisais avec ces paroles que la plupart des gens de la cour ne m'auraient jamais respectés si je n'avais jamais eu le culot de virer Caspian et de me faire déclarer roi... En fait, pendant le règne de Caspian, la vérité était tout autre ! Je n'étais pas seul. On m'avait aidé... Mais c'était mon destin. Mon destin était de changer la donne, de changer les choses et d'arrêter ce massacre. Caspian était avec les narniens, ensuite avec Jadis, ensuite entre les deux, puis avec les narniens, puis Jadis... Moi, j'avais un but précis, mon amitié avec Yoren était réelle et sincère et ma haine envers les narniens était grande. Pourquoi les haïssais-je ? Après tout, je suis né en Archenland... Je préfère cependant garder tout ça pour moi. On ne sait jamais...
« J'étais avec Yoren l'autre jour, à une de ses récéptions. Il y avait une foule abondante de gens du peuple, surtout de calormènes évidemment. Mais j'ai eu un pincement au coeur, vois-tu... Car je t'ai vu. Quelques secondes. Tu étais là, devant moi. Je t'ai suivie, j'étais complètement fou de croire que c'était toi... Mais tu t'es volatilisée, et j'ai alors compris que cette jeune femme n'était pas toi. Tout à l'heure j'ai eu du mal à croire que tu étais vraiment là, mais je n'ai presque pas douté. Tu as cette présence, qui est apaisante. Je l'ai tout de suite sentis, alors que nous étions en froid auparavant... »
J'ignorais complètement pourquoi j'avais changé de sujet comme ça, d'un coup. Cela m'arrivais parfois. Rarement, mais cela m'arrivais... L'autre jour par exemple, je séduisais une jeune femme, puis lorsqu'elle était sur le point de retirer ses rubans... Je lui ai parlé d'un problème qui était survenu quelques jours auparavant au château. Elle ne m'écoutait pas, trop impatiente à l'idée de pouvoir partager ma couche l'espace d'une nuit... Je lui ai donc demandé de quitter les lieux. Elle n'avait pas vraiment apprécié, et j'ai cru voir ses yeux briller. Je ne supporte pas cela... Avoir à faire quelque chose avec quelqu'un, et de voir que cette personne se fiche éperdument de vos pensées ou de vos paroles. Tout ce qui la préoccupe, c'est le langage qui est exprimé par notre corps.
J'étais différent de la plupart des hommes. Je pouvais avoir absolument toutes les femmes que je voulais. Quel que soit leur âge, mariées ou non. Oui, mais je respectais trop mon titre, mon corps, et le leur pour faire n'importe quoi. Certes, je me faisais quelques plaisirs tout de même, mais seulement avec des femmes intelligentes, belles, et qui en valaient la peine. Cependant, je ne devais pas penser à elles alors que j'avais Rosalie à mes côtés... C'était insipide de penser à d'autres femmes lorsque l'on était en aussi charmante compagnie. Oui, elle était beaucoup plus importante qu'aucune autre. Elle était sur un piédestal à mes yeux, comme les femmes de ma famille d'ailleurs. Sauf que c'était différent avec elle.
« Tu penses que j'ai bien fais de devenir roi ? J'aurais du laisser ma place à un héritier légitime ? Ou même à ton frère ou à toi...? Après tout, tu es l'une des héritières indirectes... » j'y songeais alors. Je parlais de royauté avec elle, mais son frère était sûrement le plus énervé à l'idée de me savoir roi. Il était devenu mon espion, ayant été celui de son cousin auparavant également, mais je savais qu'il n'appréciait pas mon titre. Mais Rose... Je n'arrivais pas à lire en elle. « Je me pose maintes questions en fait, au château... Mais personne ne peut m'écouter, me répondre. Les amis que j'ai ou avais ne vivent pas ici, ou n'y vivent plus, et la personne dont je suis le plus proche, et que j'aime le plus... Je viens juste de la retrouver. Et je me fais la promesse de veiller sur celle-ci à jamais, car elle vaudra à jamais mieux que quiconque... Peut-être même que moi d'ailleurs. »
|
| | |
Contenu sponsorisé | Sujet: Re: Ces distances nous éloignent et nous ramènent, à nos différences. | |
| |
| | | | Ces distances nous éloignent et nous ramènent, à nos différences. | |
|
Page 1 sur 1 | |
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|