Telmar. Je n'y étais pas retrouvé depuis plusieurs jours ; près de deux semaines à vrai dire. J'étais parti sans prévenir personne, pas même la seule personne qui aurait du le savoir et qui était également la personne la plus influente du royaume. Après avoir vu la reine Susan dans les cachots du château royal de Telmar, j'avais quitté le pays en quelques heures, portant sur moi seulement un bout de parchemin moisi mais important. J'avais atteint rapidement la frontière d'Archenland puis Anvard où j'avais su me débrouiller pour délivrer le parchemin entre de bonnes mains. J'étais resté un peu plus, visitant les environs, rencontrant quelques personnes dans la capitale. Mon "portrait" affiché partout m'avait bien fait rire ; aucun garde n'avait eu l'intelligence de me reconnaître. J'étais toutefois venu en paix dans mon ancien pays, et j'en partais le coeur léger. J'y reviendrai sans doute bientôt.

J'étais à présent près de Telmar, je venais sans doute de dépasser la frontière. Ayant pris les chemins les moins utilisés, du côté des montagnes dangereuses et sombres, rien ne pouvait m'indiquer si je me trouvais en territoire archenlandais ou telmarin. Je n'avais pas de cheval - que je n'appréciais guère, de toute manière - ce qui facilitait mon avancée. Aucun animal de cette taille ne pouvait traverser de telles montagnes, et rares étaient les hommes qui s'y risquaient. J'avais toutefois vécu en Archenland, au beau milieu des montagnes et des monts, et je savais m'y prendre. Après plusieurs heures de difficulté, le chemin fut soudain plus facile et plus pratique. Je pouvais marcher tranquillement sans avoir à longer une falaise où d'énormes blocs de roche s'effondraient régulièrement, sans devoir escalader des pentes de plusieurs dizaines de mètres parfois. Les montagnes devenaient plus plates, signe que je rentrais en territoire telmarin.

Pourtant, je m'étais senti suivi depuis un bon moment. Je ne sentais rien, car ici, chaque herbe, chaque animal laissait une trace importante de son passage, et toutes les odeurs se mêlaient. Mais il me semblait qu'une odeur humaine était présente dans les parages. Je continuai mon chemin, méfiant, mais je ne mis rien à l'évidence. Si quelqu'un ou quelque chose me suivait, il était drôlement doué. Mais aussi drôlement stupide. Jusqu'à ce que je tombe sur des traces de pas fraîches et bien humaines. Grâce à mon flair de loup, je pus sentir distinctement l'odeur en question, et la suivis dans le silence le plus totale, plus discret que n'importe quel humain, aussi rapide qu'un renard. Bientôt, je sentis que l'odeur était proche, très proche, et il me sembla entendre un bruit d'acier. Une lame était tirée quelque part. Je me retournai, et dis à voix haute, simplement et sans aucun ton particulier :

« Qui que vous soyez, je vous conseille d'arrêter de vous cacher, et de vous montrer. Je n'aime pas jouer à cache-cache. »

Une brusque et forte odeur de sang envahit soudain l'atmosphère, et mon côté loup voulut surgir. Respirant un bon coup, je réussis à rester calme et à garder l'animal sous contrôle. Quelques pas se firent entendre. Deux personnes ? Ce n'était pas possible ! Je n'en sentais qu'une seule, celle qui devait probablement être morte ou être en train de se vider de son sang. Finalement, une voix surgit du noir. Une femme ? J'avais l'impression d'être en plein rêve. Ces rêves où des choses plus étranges les unes que les autres se produisent sans qu'on puisse les expliquer. Et pourtant, aucun rêve ne semblait aussi réel. Je m'avançai en direction de la voix, celle-ci se rapprochant visiblement. Je sentis aussi l'odeur du sang mêlée à celle de l'acier, m'informant que la personne toujours présente n'avait pas rangé son arme. Je m'assurai que mes propres dagues, nichées sous ma tunique et dans mes bottes, étaient toujours en place. Je n'avais rien à craindre d'une femme, mais elle venait tout de même de tuer quelqu'un.

Je la vis alors. Une femme de taille moyenne, brune, le regard vif, vêtue d'une robe blanche et d'une cape rouge sang. Une épée pointue à la main, elle me fixait, l'air très mécontente. J'aurais pu me mettre à éclater de rire devant un tel regard qui ne m'effrayait nullement. Je levai les yeux au ciel avant de l'observer en détail grâce à une vision bien développée dans le noir de la nuit. Ses vêtements étaient usés, surtout ses bottes, signe qu'elle voyageait beaucoup. Sa dague, ainsi que les autres armes qu'elle portait, m'indiquèrent qu'elle n'était pas une simple femme qui se protégeait, mais sûrement une assassine. Une mercenaire peut-être ? Oui, la bourse visiblement bien gonflée attachée à sa ceinture me montra qu'elle gagnait de l'argent, probablement pour tuer. Sa position et son regard me firent comprendre qu'elle agissait de sang froid et n'avait sûrement pas de pitié. Enfin, la lame aiguisée et usée, mais propre et soignée, de son épée m'indiqua qu'elle aimait son métier et qu'elle était habituée à tuer.

Une tueuse professionnelle. Je fus assez étonné en vue de son âge - elle devait avoir mon âge, peut-être moins. Comment une fille d'un tel âge pouvait devenir une tueuse ? Je doutais qu'elle soit vraiment douée, car elle ne pouvait pas avoir une véritable expérience. J'étais un cas particulier, ayant fait l'armée archenlandaise, ayant travaillé pour un forgeron et étant surtout un loup-garou. « Qu'a-t-il fait pour mériter une telle mort ? » lui demandai-je sur le ton de la conversation, comme si nous nous connaissions depuis toujours et que la mort du forgeron était banale. « J'espère ne pas finir comme lui, bon sang ! » ajoutai-je en feignant de recevoir une lame en plein torse, avant de rire. Je savais que cette fille n'apprécierait sûrement pas ; à moins qu'elle ne joue le jeu, et ne devienne intéressante.

« J'avais mission de le tuer. » Que c'était mignon. Elle ne me répondait pas, mais en profitait pour insister sur le fait qu'elle venait d'atteindre sa cible et qu'elle avait réussi sa mission. Bien sûr, la première question qui me vint en tête fut : qui l'employait ? Mais je supposais que n'importe qui pouvait l'engager, tant qu'elle y gagnait de l'argent. Je ne pouvais pas non plus lui demander dans quel camp elle était, puisque ce genre d'hommes - ou dans ce cas précis, de femme - n'avait justement pas de camp, sinon l'argent. Je me sentais bien plus glorieux de ne travailler que pour un seul homme qui avait toute ma confiance. Parfois, je mettais mes services à disposition pour quelques autres hommes fidèles au roi, mais c'était assez rare.

La jeune mercenaire répondit sur le même ton que moi. Si je l'énervais ? Se rendait-elle compte qu'elle venait de me lancer un beau défi ? Je souris un peu plus et levai mes mains : « Je ne vais rien te faire. Je ne suis pas là pour laisser un cadavre derrière moi. » Elle décidait de se prendre pour la plus forte ? J'allais jouer moi aussi. Et elle perdrait. Non pas que je comptais lui faire du mal, j'avais été plutôt honnête sur ce point. Mais elle allait redescendre de son piédestal un peu. Et si elle décidait de jouer la forte tête, eh bien...tant pis pour elle. Elle ne serait sans doute pas une grande perte. « D'ailleurs, tu comptes laisser ce cadavre pourrir ici ? Je ne sais pas pour qui tu travailles, mais je doute qu'il veuille que tu laisses des traces. »

Ou sinon, je pourrais m'en occuper plus tard, ne t'en fais pas. Bien entendu, ces mots restèrent de simples pensées. Mon côté loup, à présent réveillé par l'odeur du sang, aurait voulu finir cet homme tant qu'il était encore chaud et que sa chair était fraîche. Mais comme à chaque fois, je repoussai cette idée. Je n'arrivais pas encore à supporter l'idée de manger de la viande humaine, et d'aimer ça. Pourtant, c'était dans ma nature... « Malgré tout, ce serait vraiment dommage pour toi que nous ne soyons pas dans le même camp. Pour qui travailles-tu ? »

Mais pour qui me prenait-elle ? Je n'appréciais pas du tout son regard et son ton. Avait-elle vraiment de quoi être fière ? Elle semblait d'ailleurs hésiter à ma question. Elle n'avait pas de véritable camp, ou elle voulait me mentir ? Lorsqu'elle me répondit, elle paraissait honnête, pourtant j'avais le sentiment qu'il y avait autre chose derrière. Je finis par la croire, en restant suffisamment méfiant. Je lui adressai un large sourire, me moquant éperdument de son épée qu'elle serrait de plus en plus. « Dans ce cas, il n'y a aucune raison pour que tu pointes ta lame vers moi. Pas besoin de tuer d'autres Telmarins qui pourraient être utiles dans une future guerre... » Oui, c'était bien joli de tuer des gens comme ça, mais ce n'était pas très malin si une guerre s'annonçait. Je ne savais pas ce qu'avait fait l'homme à présent mort et allongé par terre, mais il ne devait sûrement pas mériter la mort. Peu importe.

Voyant qu'elle n'avait pas du tout l'intention de baisser son épée, je m'approchai un peu plus d'elle, loin d'être effrayé. Si elle souhaitait m'embrocher, je savais parfaitement où se trouvaient mes dagues, et mes réflexes étaient bien supérieurs aux siens, surtout dans le noir de la nuit. En m'approchant ainsi, je pus mieux distinguer son visage, ses vêtements et ses armes. Je pus aussi sentir un semblant d'odeur humaine, mais ce qui me frappa surtout, ce fut la magie. Quelque chose de magique entourait cette fille, une magie que je n'avais jamais senti ou vu, une magie qui me fit frissonner. Je gardai ceci de côté, et lui posai une nouvelle question : « Qui es-tu au juste ? » Peut-être avais-je entendu parler d'elle. Je ne trainais pas avec les espions et les assassins, mais après tout, peut-être avait-elle une véritable réputation. Je connaissais une empoisonneuse assez renommée, mais les femmes étaient assez rares dans ce genre de domaine meurtrier. Seuls quelques noms de femme sortaient du lot.

Finalement, n'y tenant plus, j'ajoutai : « D'où vient la magie que tu portes ? Elle n'est pas de Telmar, alors n'essaie pas de me mentir. » Pour qui travaillait-elle au fond ? Je comptais bien obtenir toutes ces informations. Mais je sentais que cet interrogatoire ne plaisait pas à cette femme qui leva un peu plus son épée pointue vers moi, serrant le pommeau comme si sa vie en dépendait. Bien, énervons-la un peu plus. Cette rencontre allait être très marrant et très intéressante, pensai-je. Et s'il devait y avoir combat, alors que le meilleur gagne, n'est-ce pas ? Je n'en rajoutai pas plus, attendant de voir sa réaction et de voir si elle me répondrait surtout.

La jeune femme continua de pointer son épée sans rien faire d'autre. Preuve qu'elle se méfiait mais ne me trouvait pas dangereux. Ou au contraire, j'étais bien plus imposant. Écoutait-elle son instinct qui devrait lui dire de fuir ? Ou était-elle trop fière et trop impitoyable pour se rendre compte qu'une petite voix lui criait de s'éloigner ? Je n'y pouvais rien, il s'agissait d'une réaction purement humaine et animale, ainsi qu'un peu de magie. Mais peut-être que la magie qui entourait cette inconnue la protégeait de ce genre de sensation, qui sait ? La magie est puissante et souvent incontrôlée. Cette fille feignait de ne pas comprendre, de ne pas avoir d'où ça pouvait venir. Je levai les yeux au ciel et oubliai ce sujet pour le moment. Je me concentrai sur son identité.

Car elle venait de me la donner. Ou du moins, elle m'avait donné un surnom - qui paraissait ridicule aux premiers abords, mais qui lui correspondait assez bien finalement. Et en effet, je la connaissais de nom. Je soupirai et souris : « J'ai entendu parler de toi. La cape aurait du me mettre sur la voie, je suppose. » En vérité, le roi m'avait vaguement parlé de cette fille qu'il avait engagé quelques temps plus tôt pour quelques missions banales. Il ne lui faisait pas très confiance car comme tous les mercenaires, son allégeance allait vers le plus offrant. Tandis que j'avais juré fidélité autant que je le souhaitais. D'ailleurs, elle me demanda mon identité également. Je me remis à marcher autour d'elle, à moins d'un mètre d'elle. « On me connaît sous le nom de Darennor. Mais je doute que tu aies entendu parler de moi, je n'ai aucune envie de construire une réputation contrairement à beaucoup... »

Histoire de lui signifier que je n'étais pas un homme banal, mais que j'étais comme elle employé à faire des choses terribles dans le secret et dans l'ombre. Espion, assassin, mercenaire, trouverait-elle ce que j'étais ? J'en profitais par la même occasion pour me moquer de son surnom et de la réputation qu'elle sous-entendait sous "la rouge". Bien sûr, elle était une mercenaire, elle vivait sur sa réputation, quelle question. « Vers où vas-tu ? Je suppose qu'on pourrait faire le chemin ensemble. » Autant la jouer gentil pour le moment. J'étais loin d'en avoir fini avec elle. Quelque chose clochait, et je comptais bien mettre le doigt dessus.

Je voyais plusieurs choses passer dans les yeux de la jeune femme. Elle semblait perplexe, et tâchait de se concentrer pour ne pas trop en dire. Bien entendu, nous n'étions jamais trop prudent. Je ne lui avais pas donné mon vrai nom, et elle ne m'avait donné qu'un surnom. Je sentais un mensonge dans sa réponse, lorsqu'elle disait aller à Telmar, mais peu importe. Il y avait aussi quelque chose de faux quand elle disait servir les Telmarins. Une hésitation minime que j'avais réussi à percer. J'aurais pu douter, me dire que j'étais bien trop paranoïaque, mais cette femme ne m'inspirait guère confiance. Elle devait être également au courant de ma méfiance et du jeu que je jouais avec elle. Malgré tout, je m'amusais assez pour continuer à lui parler.

« Tous les chemins mènent à Telmar, n'est-ce pas ? » lui répondis-je avec un léger sourire. Pourtant, elle ne baissait pas son épée pour autant. Je haussai les épaules, et me mis à marcher pour reprendre mon chemin, sachant que la Rouge me suivrait. Comme je m'y attendais, elle essaya de deviner ce que j'étais, ce que je faisais. Espion ? Oh, pas loin. « Les espions ne sont-ils pas censés rester discrets sur leur profession ? » J'étais bel et bien un espion, mais pas dans le sens conventionnel du terme. J'étais doué pour me faufiler, pour être discret et silencieux. Mais le reste... « Je suis plutôt du genre à me faire remarquer et à m'énerver très facilement. L'espionnage n'est pas vraiment mon fort. » Autant la mener sur une fausse piste. Si je pouvais lui faire confiance, peut-être lui dirais-je ce que je faisais.

Je continuai de marcher, entendant ses pas derrière moi ainsi que les frottements de son épée dans l'air. « Pourquoi ne pas ranger cette lame et marcher à mes côtés ? Ce serait dommage qu'un de nous deux se fasse mal. » Toujours ce ton calme et décontracté. Je n'avais pas besoin d'employer une grosse voix pour dire quelques menaces. Menaces qu'elle ne prendrait pas au sérieux, ou dont elle se moquerait, j'en étais sûr. « Et peut-être me dire ton vrai prénom. Je déteste appeler les gens par leur surnom. » Quant à moi, Darennor n'était pas vraiment un surnom, il était le prénom que j'adoptais depuis mon arrivée à Telmar, pour recommencer une nouvelle vie.

Quelque chose clochait avec cette fille. Elle était aussi méfiante envers moi que je l'étais envers elle. Un cercle vicieux. Qui gagnerait le jeu ? Elle était forte, elle jouait autant que moi sur son identité, sur son camp. Elle tentait de me persuader, de me convaincre de la meilleure manière possible. Je souris lorsqu'elle continua d'essayer de deviner mon fameux "métier". Messager ? J'en rirais presque. J'attendis qu'elle range son épée et se rapproche un peu avant de lui répondre. Il était clair que je ne lui faisais pas confiance, et elle aurait tord d'essayer de me poignarder dans le dos. Littéralement. « Ela. Un prénom bien plus doux que votre surnom, et qui correspond bien mieux à vos traits. Mais les apparences sont trompeuses, n'est-ce pas ? »

Que dire de moi après tout ? Qui pourrait deviner que je pouvais me transformer en une monstrueuse créature à ma volonté, sous ces yeux bleus et cette silhouette peu imposante à première vue ? Je repris la conversation à propos de mon métier. « Messager ? Pourquoi pas. J'apprécie fortement le fait d'aller voir les grands seigneurs du royaume et de leur faire la causette. Surtout lorsqu'il s'agit de les menacer. » Un nouveau sourire. Sur ce point, j'étais sûr que Ela me suivrait. Elle était aussi froide que moi, et faire des menaces ne devait sûrement pas la gêner, si elle ne devait pas tuer. « Mais tu marques un bon point, je ne me contente pas que de faire une seule chose. Quel ennui ce serait ! » Je posai mes yeux sur elle un instant, la détaillant à nouveau.

Bien que je la sentais encore très méfiante, je ne me gênai pas pour prendre son épée d'un geste brusque, rapide et fluide. Bien entendu, elle réagit très vite. Je m'écartai un peu d'elle, me fichant bien des menaces qu'elle pourrait faire. J'observai l'épée à la lumière de la lune, devant l'essuyer un instant sans me gêner car le sang de sa dernière victime était encore présent. Sans lever la tête, je dis d'un ton négligé : « Pas besoin de t'affoler, je regarde simplement. » Pas sûr qu'elle soit vraiment d'accord. Tant pis. Ou tant mieux. Peut-être que la partie drôle de cette rencontre s'annonçait enfin. Je l'espérais presque.

Bien sûr, elle réagit au quart de tour. Darennor s'en moquait pas mal et continua d'observer la lame comme il le souhaitait. Il prit même plus de temps à la regarder sous tous les angles pour faire encore plus rager la brunette. La dernière personne qui y avait touché était à présent morte ? Jolie menace. Mais elle ne l'atteignait pas, et il se contenta de rire froidement. Elle provoquait le loup, quelle erreur. Avec un regard et un ton glacial, elle insista, supposant qu'il ne voulait pas mourir. Elle ne savait rien. Un coup d'épée ne le tuerait pas comme un simple homme. Oh, il serait blessé, il aurait mal, mais il était bien plus résistant qu'un humain basique et faible. Le jeune homme finit d'observer le pommeau de l'épée avant de soudain la faire tournoyer et de la pointer vers sa propriétaire qui n'était pas plus impressionnée que ça. Il sourit un peu plus et la fixa longuement en silence.

« Oh mais je n'ai pas l'intention de mourir ma belle. Je joue avec la mort chaque jour. Ce n'est pas une petite brunette dans ton genre qui va être un obstacle. » Ange abandonna son sourire et reprit un air froid et dur. Fini de plaisanter. « Je ne suis pas comme la dernière personne qui a touché ton épée. Dommage pour toi. » Il tenait à la provoquer un peu plus jusqu'à ce qu'elle cède et qu'elle sorte ses autres armes. Un petit combat ne ferait pas de mal. Ange n'était toujours pas convaincu que la Rouge soit dans son camp. C'était un peu son job de dénicher les traitres et de leur montrer qu'il valait mieux être de son côté. « Je suis curieux, que comptes-tu me faire si je ne te rends pas ce petit joujou ? » Le jeune loup fit à nouveau tournoyer la lame sans quitter la mercenaire des yeux.

Il avait sa propre épée à la ceinture, mais il n'en avait pas besoin. Il n'aurait pas le temps de la sortir en cas de besoin ; à peine aurait-il le temps d'attraper ses deux dagues. Si besoin, il pouvait utiliser son côté loup, juste le temps de développer quelques dents pointues et quelques griffes acérées. Histoire de lui faire peur, rien de méchant. Sauf si elle devenait vraiment agaçante... Il se déplaça un peu vers la droite, obligeant la jeune femme à bouger également. Ils tournèrent en rond quelques instants avant qu'il ne reprenne la parole : « Juste au cas où tu n'aies pas compris, je sais parfaitement comment assassiner les gens, tout comme toi. On est pas si différents toi et moi, au fond... »