Ronal se trouvait dans les sous-terrains, il venait de sortir d'une étrange pièce d'où s'échappait des voix désincarnées. Une énorme créature était à ses côtés, sa peau était verte et deux énormes croc dépassaient de ses lèvres épaisses et retroussées, ils dépassait Ronal de trois têtes. Le serviteur ne trouva rien de plus intelligent que de lancer une pique à l'immense monstre, insultant son manque de tact et aussi le fait qu'il parlait vraiment pas bien. Le monstre réagit au quart de tour, il abatit son énorme poing sur le crâne de Ronal qui se retrouva face contre terre en moins de temps qu'il ne le fallait pour dire ouf. Une expression de colère démente habillait le visage de l'orc, sous le regard confus de Ronal qui bafouillait des excuses. Mais le monstre semblait s'être fermé à tout pour-parler, levant de nouveau son bras pour l'abattre sur le jeune homme. Ronal ferma les yeux en mettant ses bras face à son visage dans un signe de protection. il ne vit donc pas que l'orc était aux prises avec une demoiselle. Lorsqu'il rouvrit les yeux, sa sauveuse lui parlait presque aussi poliment que le monstre qu'elle venait d'abattre. Après il ne devait pas s'en étonner, il n'était que serviteur et personne ne lui devait le respect, il avait pourtant commencé à s'habituer à la gentillesse avec Morrigan, mais la réalité le rattrapais au galop. Il se releva avec peine, se frottant la machoire, encore deux comme ça et elle allait se détacher pensait-il. Il s'inclina un bref instant pour saluer la demoiselle et ne pas la remercier comme elle venait de lui ordonner. Ses mouvements étaient lents et il mit du temps avant de répondre à l'étrangère.

"Euh... attendez. Je dois savoir qui vous êtes avant de vous laisser sortir, comprenez moi, je ne veux pas recevoir de châtiment si on apprend que j'ai conduis une prisonnière vers la sortie. Et puis... que faites-vous dans cette partie du château ? Vous étiez au marché noir ? Attention hein, vous n'avez pas le droit d'ouvrir n'importe quelle porte dans cette zone du château."

Il planta ses yeux vairons dans ceux de la demoiselle, attendant une réponse tout en se massant la joue sur laquelle un bleu commençait à apparaître.

Lorsque Ronal se releva enfin, il se prit un coup à l'endroit où le bleu apparaissait sur sa peau pâle. Il encaissa le coup sans broncher mais dévisagea la demoiselle. Il n'aimait pas qu'on le traite de la sorte par prétexte qu'il n'était qu'un serviteur. Après tout, les femmes de ce château avaient finit par attendrir le jeune homme, mais celle-ci n'avait aucune douceur à offrir, ni même compassion. Depuis quand frappe-t-on un homme qui se trouvait au sol il à a encore quelques instants. Ronal ne l'aimait donc pas, il en était désormais convaincus, et pour qu'elle se soit comportée ainsi avec lui, il allait la faire tourner un peut en bourrique. On ne l’appelait pas le fourbe pour rien !

"Suivez-moi, je vais vous la montrer la sortie."

Il tourna la tête et s'avança plus profondément dans le sous-terrain, une lueur malicieuse dans les yeux. La tension était bien présente dans l'air d'autant plus que les deux individus ne parlaient pas. Ils arrivèrent alors face à une gigantesque porte de bois aux charnière de fer noir. Ronal poussa un des deux pans de la porte et elle s'ouvrit, puis il s'engagea dans l'obscurité. Sournoisement il laissa passer la demoiselle devant lui, puis il se glissa par l’entrebâillement de la porte et la referma d'un coup sec, laissant la demoiselle seule à l'intérieur de la pièce d'où s'échappait une forte odeur de souffre. Ronal s'appuya alors sur la porte.

"Ah mince, je me suis fourvoyé, ce n'est pas la porte de sortie, et je crois qu'elle ne s'ouvre que par magie."

Puis il s'écarta de la porte pour mieux la contempler et là il se mit à paniquer, se disant qu'il avait fait une énorme erreur. Il tambourina alors sur la porte.

"Vite sortez ! Viiite ! Si vous le réveillez, il ne fera qu'une bouchée de vous, et les lames ne peuvent rien lui faire ! Sortez !"

A l'intérieur de la pièce, une lueur rougeoyante oscillait au pied du mur du fond, une respiration rauque emplissait l'immense pièce de vagues de châleur. Une créature millénaire à la cuirasse impénétrable dormait, et à chacune de ses respiration semblait se soulever une petite chaîne de métal. Sans doute un Drak ou un Dragon, personne ne le savait car il n'y avait aucune source de lumière, aucune torche aucune fenêtre, seulement la lueur rougeoyante dans les naseaux mesurant dans les 1 mètres 50 de la créature. Ronal réfléchissait, mais il était tellement paniqué qu'il ne trouvait plus de solution, il cessa de tambouriner contre le bois.

"Chut ! Ne faites pas de bruit, et ne vous approchez pas. Dites-moi juste si vous sentez une inscription dans le bois de la porte... silence..."

Trop de pression, Ronal se mit à pousser un crie tandis qu'il sombra dans une crise épileptique, incapable de réfléchir quelques instants de plus. C'était désormais sa tête qui cognait contre la lourde porte de bois jusqu'à ce qu'il se passe une étrange détonation. On aurait pu croire que c'était le dragon qui venait de s'éveiller, mais non, c'était en réalité une détonation magique, suivit d'un cliquetis de serrure. Une rune bleu apparut dans le bois et la porte s'ouvrit d'un coup. La demoiselle fut happée par une bourrasque magique et elle fut projetée dans le couloir. Un profond grognement retentissait alors au fond de la pièces, puis la porte se referma violemment comme si elle n'avait pas pesé des tonnes. Plus un bruit, sauf celui des passants. Le froid plus intense s'installa à nouveau, comme une mise en garde. Le serviteur frissonna, mais il se tenait cette fois-ci, à distance de la demoiselle.

"Vous n'avez rien vu. Rien entendu. Il ne s'est rien passé. "

Il avala sa salive avant de lancer un bref regard à la demoiselle écarlate, puis il détala à grands pas vers une série de galeries. Il marmonnait l'air bougon.

"Ça appartient au maître, et cela ne vous regarde pas, c'est dangereux. Il est en colère car on n'aurais pas due pouvoir ouvrir la porte. Merde... c'est dangereux, et plein de mystères. Mais ça ne vous intéresse pas, ça n'intéresse personne."

Le serviteur n'osait même plus ralentir et poser une fois de plus ses yeux sur l'étrangère. Bien qu'au fond, il avait bien envie de parler.

Ronal s'arrêta net, sentant la lame appuyer sur sa gorge. Cela raviva en lui quelques souvenirs douloureux, il n'aimait pas qu'on s'en prenne à sa pauvre gorge, elle avait déjà bien assez morflé il y à quelques années. Il hocha la tête en ravalant sa salive comme soudainement nauséeux. Puis elle rangea son arme tranchante, au plus grand soulagement du serviteur. Des menaces, des menaces, elle était marante elle, elle voulait le tuer ! Un large sourire apparut alors sur ses lèvres foncés. Il se remit en route, entrainant la demoiselle sous d'autres galeries qui serpentaient. Toujours en marchant, il éclata de rire en se tenant les côtes.

"Sérieux ? Tu veux vraiment me tuer ?! Et bien je doute que la volonté te suffise ! Ahaha..."

Oui il la tutoyait car il ne voyais pas pourquoi continuer à la vouvoyer, prenant en compte que ça l'agacerait encore un peut plus, il se remis à rire tout en avançant toujours à son rythme dans le couloir.

"On y va à la sortie là, mollo hein, c'est pas la porte à côté non plus. Me tuer, ah elle est bonne celle là hé ! "

Ronal s'arrêta de nouveau et lui tendis sa main à peau froide, attendant qu'elle la lui serre. Il avait déjà vue les gens faire ça lorsqu'il était venu le temps des présentations. Il sourit légèrement.

"Rouge, enchanté de faire ta connaissance, tutoie moi je t'en prie Je ne suis qu'un serviteur avec de nombreux problèmes, personne ne me vouvoie ici. On me nomme Ronal Le fourbe, mais appel moi Ronal."

Pourquoi changeait-elle aussi rapidement de sujet, Ronal avait du mal à suivre, mais pourquoi pas s'en faire une amie, après tout si elle travaillait pour le maître, ils risquaient de se retrouver encore quelques fois au détours des couloirs.

"Et j'ose avouer, que tu a un superbe crochet du droit."

Il se frotta le bleu qu'elle lui avait fait un peut plus tôt sur la joue.

Heureux de constater qu'elle lui serra la main, Ronal se sentait un peut plus humain, c'était la première fois que quelqu'un lui serrait la main et qu'il s'agisse d'autant plus d'une femme, lui fit tout drôle. Il se sentait tout de suite mieux qu'au début de leur rencontre.

"Quoi ?! Une espionne ! Tu es une espionne ! Wahou, je n'en reviens pas et en même temps ça m'inquiète. D’ordinaire le maître n'en avait jamais employé, il se déplaçait lui même sans escorte. Il doit se passer des choses importantes en ce moment."

Le regard perdu dans le vide il se mit à réfléchir. Une espionne ? C'était la première qu'il voyait dans les terres du nord, et ce n'était pas étonnant qu'elle soit étrangère car il n'existe pas d'espion dans le nord, seulement des éclaireurs. Il se plaça devant la demoiselle et lui pris les main dans un geste presque amicale, une lueur d'inquiétude dans le regard.

"Quelle que soit ta mission, ne prend pas de risque trop grand et ne te fait pas repérer. Tu risquerais de te faire abattre avant même d'avoir pu revenir dans le nord. T'es dangereuse, forte et tu réagit impulsivement, ça fait ta personnalité, mais en même temps, méfie toi des contrées étrangères... Puis-je être ton ami ?"

Il lui offrit un ravissant sourire.

Ronal arqua un sourcille lorsqu'elle lui répondit. Ce n'était pas la première fois ? Et bien tant mieux, il voulait ajouter quelque-chose mais elle l'en empêcha en lui posant à son tour une autre question. Qu'avaient-elles toute à lui poser cette question en ce moment ? Était-il si important à leurs yeux pour qu'elle lui demande ce qu'il faisait de sa vie ? Ronal ne comprenait pas et au fond, ne voulait pas chercher à comprendre.

"Et bien je suis l'homme à tout faire du château, des tâches les plus simples aux plus ingrates. J'apporte les messages importants, je m'occupe de récurer tout les couloirs et toutes les pièces, je sers le maîîître, je nourris ses familiers et ses montures et il m'arrive de diriger ceux qui travaillent pour le maître."

Oui il faisait tout dans le château, il pouvait même compter ses temps libre sur les doigts de la main. Il s'octroyait parfois le droit de dormir debout dans les couloirs, et dans cette situation, il craignait que la dirigeante des serviteurs ne lui tombe dessus au détour d'un couloir.

"Crois moi, ce n'est pas le genre de métier qui te plairait, à moins que tu n'aime les coups de fouet."

Le serviteur affichait un sourire malicieux.

Ronal et la demoiselle marchèrent encore un long moment, traversant couloirs vides et couloirs bondés de monde, des serviteurs se busculaient et trainaient des chariots remplis de couvertures ou de plats fumants. Des chiens de guerre déambulaient tel de véritables soldats dans certains coins. Puis enfin le jeune homme et l'humaine se retrouvèrent dans le hall d'entrée.

"Nous y voilà. J'espère ne pas t'avoir trop ennuyé durant les quelques instants que nous avons passés ensemble"

Il s'inclina légèrement dans une sorte de révérence un peut gauche, puis il offrit un sourire ravissant à la demoiselle aux cheveux noirs. Les deux gardes en armure poussèrent les deux battants de la lourde porte tandis que le froid pénétrait doucement le hall d'entrée.

"J'espère que nos routes se croiseront à nouveau. Fais attention à toi."

Il se redressa en se grattant la joue sur laquelle apparaissait un énorme bleu, le bleu qu'elle lui avait fait un peut plus tôt, souvenir de leur rencontre.