Le bal, passé depuis deux semaines et demi environ, continuait de trotter dans ma tête. Tout avait été si bien, si merveilleux. J'avais retrouvé mon ancienne meilleure amie. Quelques années auparavant, j'avais quitté Telmar sans lui dire un mot pour Narnia. Pour cause, elle vivait au château, et avait un lien de parenté avec Caspian. Même si je lui faisais confiance, je n'avais pas eu envie de le mettre dans mes ennuis. Je ne savais pas comment nous allions nous retrouver à présent. Je lui avais assuré que l'on se reverrait, même si je devais prendre des risques. Mais quelques jours plus tôt, j'avais voulu venir à Telmar afin de voir ma famille, et j'étais tombé sur des gardes à qui j'avais échappé de peu. J'en avais payé le prix, mais ce prix avait été plus... sympathique on va dire. Mais je ne voulais plus m'étendre sur ce sujet, j'étais partagé sur la normalité et la honte.

Lorsque je pensais encore et encore à tout ceci, je me trouvais dans la cuisine, à ranger la vaisselle que je venais de faire. C'était peut-être cela le soucis lorsqu'on vivait seul, on devait faire tout soi même. Mais ce n'est pas pour autant que ça me dérange plus que ça. Soudain, la porte de l'entrée se retrouva défoncée. De là où j'étais, je ne voyais pas, mais j'entendais parfaitement en revanche. La peur glaça mon cœur et mon sang, m'empêchant de bouger. Ce n'était pas des soldats Telmarins quand même ?! Sur le coup, je lâchai le verre que je tenais dans la main, et le rattrapai de justesse du bout des doigts. Et là... je vis mon frère. Un soupir très audible sortit de ma bouche, tandis que j'examinai le nouveau venu du regard. J'avais deux frères qui étaient jumeaux, alors forcément, ce n'était pas facile de les différencier. Mais je reconnaissais facilement Thomas, surtout lorsqu'il agissait...comme ceci.

« Thomas ? Tu m'as foutu la trouille de ma vie ! »

Je ne bougeai pas de l'endroit où j'étais, Thomas non plus. Il y avait vraiment des fois où il me déroutait plus que de coutume, comme ici. Que quelqu'un de ma famille ou même un ami défonce ma porte, on ne me l'avait jamais fait ! Avant de demander pourquoi il était ici, je remarquai l'arme à sa main. Mon regard s'assombrit, mais je continuai de l'observer. Non, je le dévisageai. Ses yeux ne reflétaient rien de bon. Je me demandai alors s'il était au courant de ce qu'il s'était passé au bal. Quoique... s'il ne l'était pas, il devait bien sûr savoir que la guerre était déclarée. Caspian et ses partisans n'avaient pas du se priver de le dire partout.

Soudain, Thomas prit la parole, me disant que notre mère désirait me revoir, que je lui manquais, même si j'avais choisi mon camp. Qu'elle ne voulait pas que je me batte, que je sois blessé. Il ajouta alors qu'il se battrait pour son royaume. Je ne bougeais déjà pas beaucoup durant son petit discours, mais là, presque je m'arrêtai de respirer et le fixai sans cligner des yeux pendant de longues secondes. On avait parlé de tout cela, au cas où cette guerre arriverait. Mais en général, nous n'étions jamais sûrs. Visiblement, Thomas avait très vite décidé de son côté.

« La guerre a éclaté... Elle ne s'est pas encore manifestée, c'est tout. »

Je n'arrivai à dire autre chose. Bougeant enfin, pour ne plus supporter le regard de Thomas, j'allai fermer la porte en m'attardant dessus, puis je me retournai à nouveau. J'avais un doute sur le fait que ma mère soit au courant de la décision de mon frère. Elle avait eu du mal à me laisser partir, et j'avais argumenté longtemps, surtout par les sentiments. Mais Thomas, à quatorze ans, qui risquait sa vie pour Telmar alors que nos parents et moi étions d'origine narnienne...

« Depuis quand est ce que tu as décidé ça ? Te battre ? »

« Hum.. eh bien, il n'y a pas longtemps je suis allé à Telmar et j'ai échappé de peu à deux gardes qui voulaient mon nom. Si ils m'avaient attrapé, je leur aurais donné de toute manière et je ne pense pas que cette histoire aurait bien fini. Alors oui, tu m'as vraiment foutu la trouille... »

Un peu plus, j'aurais fait une crise cardiaque avec la main sur le cœur. Mais ne parlons pas de choses malheureuses, ce n'est pas le moment. Toutefois, cela ne marcha pas. Je compris peu à peu que Thomas avait choisi son camp. Mes tentatives de le persuader de ne pas se battre alors qu'il n'avait que quatorze ans ne marcheraient sûrement pas, étant donné qu'il était l'un des plus têtus que je connaisse. Je l'étais aussi, mais pas à ce point. Lorsque j'eus fermé la porte, je lui demandai depuis combien de temps il avait pris cette décision. Je ne parvenais toujours pas à croire que mon propre frère allait risquer sa vie pour cette foutue guerre. Il me répondit rapidement.

« Le prix à payer... Et ta vie, tu sais qu'elle entre en compte j'espère ?! »

Le ton de ma voix était devenu légèrement coléreux. Je fermai les yeux quelques secondes pour me calmer ; je ne voulais pas avoir de malentendu avec mon frère, à cause de la guerre. Je m'étais toujours dit que le fait de vivre à Narnia alors que le reste de ma famille se trouvait à Telmar était risqué. J'avais fait mon choix de vie, et de camp aussi. Mais pas pour une guerre. Non, j'avais juste voulu retrouver l'endroit où j'étais né, bien que je n'ai pas de grands souvenirs de cette époque. J'avais perdu une meilleure amie que je connaissais depuis mon arrivée à Telmar, mais ici, à Narnia, je m'en étais faite une autre qui pourrait aisément être ma petite sœur. Cependant, la première meilleure amie que j'ai eu, je l'avais retrouvé.

« Oh euh... si, attends deux minutes alors. Je pensais que tu avais déjà mangé.»

Je sortis ainsi de mes pensées, remarquant alors l'épée de Thomas posée sur la table, bien qu'il ne l'avait pas lâchée. Je n'en avais pas terminé avec lui à ce propos... Je revins dans la cuisine, examinant ce que j'avais. Je n'étais pas totalement doué pour la cuisine - il ne faut jamais se trouver dans les parages quand j'essaye un nouveau truc - mais je m'en sortais à peu près. Finalement, je trouvai ce que j'avais préparé la veille sans l'avoir terminé au repas du soir. Un bon morceau de viande avec des pâtes, quoi de plus simple. Je servis tout ceci rapidement dans des assiettes après l'avoir fait réchauffé, et m'assis à l'une des chaises de la table de la salle à manger. Thomas fit pareil en regardant son assiette.

« C'était quoi...le vrai but de ta visite ici ? »

Je remarquai que je posais le plus de questions. En même temps, mon frère n'avait pas grand chose à me demander pour le moment. C'était plutôt à moi d'en savoir plus sur ce qu'il voulait, et sur ce qu'il disait. Je ne cessai de le dévisager jusqu'au moment où je préférai manger. Je n'avais pas l'intention de créer des tensions entre Thomas et moi... Mais il semblerait tout de même qu'elles existaient sans qu'on le veuille. Le repas fut plutôt court, je n'avais pas mis grand chose dans les assiettes en même temps.

« Maman est au courant de ce que tu veux faire ...? »

Là, je la sentais vraiment la tension. J'avais l'impression que dans chaque parole de Thomas se cachaient des sous-entendus. Je devenais peut-être paranoïaque... Cette fichue guerre me faisait peur, et le fait que mon frère de quatorze ans vienne me voir pour m'annoncer qu'il y participera n'arrangeait rien. Toutefois, lorsqu'il dit qu'il avait choisi de défendre Alex et notre mère alors que moi j'étais parti, je le pris plutôt mal. Il était clair que depuis que les relations entre Narnia et Telmar avaient à nouveau changé, que Caspian avait décidé de repasser dans le camp qu'avait choisi son oncle et ses ancêtres, depuis ce moment-là la guerre ne s'était tenue qu'à deux doigts.

« A l'époque où je suis parti, il n'était pas question de guerre il me semble... »

Thomas ne répondit rien à cela. Mais le silence ne dura pas longtemps, car il continua. Une route qui n'était pas la bonne... Jamais il n'avait eu autant raison, de mon point de vue. Je passais la conversation sur Selenia et Alex. Je m'étais bien douté qu'il y avait eu quelque chose entre eux. Au bal, je les avais vu plus proches que de simples amis... Mais il était trop tard pour faire quoi que ce soit, si ils s'aimaient après tout... J'avais des relations tendues avec Selenia, autant ne pas les rallonger. Mais pour l'instant, je voulais faire en sorte que mes relations avec Thomas restent comme elles étaient.

J'allai chercher quelque chose à manger, comme il me l'avait demandé. Le repas se déroula en silence jusqu'à ce que je le brise en demandant à mon frère si notre mère était au courant de ses...projets. J'étais pratiquement sûr que ce n'était pas le cas, et qu'elle ne savait pas non plus qu'il se trouvait actuellement chez moi. Thomas me confirma tout cela rapidement. Je voyais bien qu'il était déterminé. J'aurais bien voulu penser que dès la première bataille, le premier combat, il verrait la différence entre la réalité et ce qu'il imaginait. Mais justement, en un seul combat, il pouvait arriver tant de choses...

« Ne parle pas trop vite, j'ai bien failli ne pas partir de chez nous il y a deux ans. »

J'espérai que cette petite phrase détendrait l'atmosphère un peu. Je me levai, débarrassant les assiettes et les verres et rangeant le reste. Je restai debout lorsque je revins vers Thomas. Peut-être que finalement, je ne le connaissais pas aussi bien que je le pensais. Il était dur de vraiment connaître quelqu'un de toute manière, même son propre frère. Moi-même, il y a des fois où je ne me connaissais pas. Comme cette soirée avec Ashley... Il valait mieux ne pas y repenser, j'allais péter un câble à force.

« Je n'ai pas répondu à ce que tu m'as dit tout à l'heure...à propos du fait que je me battrai ou pas. »

J'hésitais encore en plus. Comment pourrais-je me battre si mon frère était en face ? A vrai dire, je ne voulais pas combattre, je voulais me protéger, protéger mes amis, protéger la terre où j'étais né et où je vivais à présent. J'avais détesté Telmar, bien que le pays et les villes soient jolies et parfois accueillantes. Enfin... Accueillantes tant que l'on était un Telmarin. Je n'osais pas regarder Thomas pendant que je m'interrogeais encore. Mais pourtant, je savais que lorsque le moment serait venu, je prendrai mon épée et je défendrai Narnia.

« Je n'ai pas l'intention de rester en arrière pendant que d'autres meurent. La seule chose que je veux, c'est que cette guerre cesse au plus vite, même si elle n'a pas vraiment commencé encore. »

A présent, Thomas comme moi étions en colère. Certes il avait raison, mais moi aussi. Les paroles de mon frère me touchèrent en plein cœur, et la tristesse m'envahit aussi. Mais elle ne se voyait pas sur mon visage. Après quelques secondes, je baissai le regard, ne pouvant plus le fixer. Je ne le reconnaissais même plus. La conversation avait commencé peu de temps auparavant, et déjà ça en était trop pour moi. Je restai debout, appuyé contre la table, tandis que Thomas continuait de me regarder. Mes mains se serrèrent, mes doigts devinrent peu à peu blancs. Je n'avais pas l'intention de me laisser faire... mais je n'avais non plus l'intention de m'énerver plus que je ne l'étais déjà.

« Je pourrais en dire autant de toi. Tu as choisi de te battre, tu as autant de risques que moi... »

Reparler de la mort de notre père maintenant, ici... j'avais franchement du mal à l'accepter. Je ne pus m'empêcher de répondre à sa question à propos de la guerre. Oui, j'irai le battre, mais seulement en cas de nécessité. Je ne voulais pas être dans le cœur de l'action pour, justement, risquer ma vie. Je ne dirais pas qu'elle était précieuse, mais comme Thomas le soulignait, notre mère avait besoin de moi... Lui et Alex aussi. Sans compter mes amis, plus particulièrement Melody. Et Rosalie que je n'avais pas revu depuis le bal... Elle était vraiment mon ennemie, et encore plus par son rang.

« J'ai fait un choix Thomas... Elle m'aurait rejoint avec Alex et toi si elle avait pu. Tu oublies qu'elle aussi était Narnienne. Jamais je n'ai aimé Telmar, et tu le sais autant que moi. »

C'était vrai. Pendant toutes ces années, surtout depuis que j'avais grandi dans l'adolescence, Telmar me répugnait, ayant toujours des souvenirs de Narnia. J'y étais né, et j'avais du quitter cette terre pour une autre de...force. Thomas et Alex auraient très bien pu naître là-bas si on avait pas été obligé de démanager. Après tout, ils étaient nés cinq ou six mois après notre venue à cet endroit, et c'est juste à cause de cela qu'ils étaient considérés comme Telmarins. Mais visiblement, Thomas oubliait cela. C'était peut-être aussi le cas d'Alex, qui sait ?

« Et toi, crois-tu que tu l'aides en voulant te battre, même pour défendre la famille ? A moins qu'elle ne soit pas au courant encore ? »

A présent, j'étais un peu plus calme. Mes doigts avaient lâché le bord de la table, et je m'en décollai d'ailleurs afin d'être pleinement en face de Thomas. Peut-être que le pire était passé maintenant. Le soucis, c'est que nous avions tous deux un caractère plutôt fort lorsque la colère montait. A vrai dire, à son âge, j'aurais sûrement réagi pareil que lui. Seulement, j'avais pratiquement cinq ans et demi de plus que lui. La maturité était venue peu à peu, et encore plus depuis que j'étais à Narnia seul.

« Ecoute... Je n'ai pas envie de me disputer avec toi, pas maintenant... »

J'étais presque sûr qu'il allait passer sur cette parole, m'ignorant sur le coup.

« Non Thomas, ça ne marche pas comme là. La guerre pourrait durait un bon moment, plusieurs semaines, plusieurs mois...voire plusieurs années. Tu n'es pas un soldat... Je te crois si tu dis que tu sais te défendre, mais ce n'est pas un jeu ! »

J'aurais pu encore continuer mon discours, mais je sentais que mes nerfs n'allaient pas supporter. Avec une autre personne, un ami par exemple, je ne me serais sans doute pas arrêté. Mais avec Thomas, c'était différent. D'autant plus qu'avec son caractère et le fait qu'il y ait la guerre, si nous nous quittions en très mauvais termes, nous ne nous reparlerions pas pendant un moment. Aussi, j'essayais de me calmer, et mes phrases se firent plus courtes ensuite. C'était inutile de toute manière, têtu comme il était. Tout comme moi, mais on avancerait pas.

Thomas se tourna au bout d'un moment, continuant tout de même de lui parler. Je baissai le regard en l'écoutant. Que notre mère et Alex viennent là ? Mon frère serait sûrement d'accord, elle, c'était différent. Situation plus que compliquée qui aurait été plus simple si j'étais resté à Telmar, c'était sûr. Mais on fait notre vie par rapport à nos actes. Comme je l'avais dit, les jumeaux auraient très bien pu naître à Narnia, je n'aurais pas eu à déménager loin de ma famille. Toutefois, je ne regrettais pas ce que j'avais fait. Ici, j'étais bien. J'avais rencontré Serena deux ans plus tôt... Enfin, il valait mieux oublier ce passage.

Je me rendis alors compte que Thomas n'était plus dans la pièce, lorsque je levai les yeux. La porte était entrouverte, laissant passer le bruit de la pluie et du léger vent. J'eus un frisson en sentant le froid arriver soudain jusqu'à moi. Pourtant, je m'approchai de l'entrée en ouvrant plus la porte, pour voir que mon frère était près du cheval avec lequel il était venu. Quand il entendit mes pas, il se retourna vers moi. Je fis vraiment en sorte de me calmer, je ne voulais vraiment pas que tout se finisse mal, ce n'était franchement pas le moment.

« Elle ne te laissera pas seul, tu le sais autant que moi. »

Après un bref arrêt pour lui dire cela, je m'approchai à nouveau, restant à une trentaine de centimètres de lui. Je n'avais pas envie d'employer la dernière méthode, à savoir de le supplier presque. J'avais l'impression que ça ne marcherait pas plus que mes autres tentatives. Mais la peine se faisait déjà ressentir, et allait se voir sur mon visage. Je tentai le tout pour le tout, pour au moins ne pas me dire que je n'aurais pas réellement essayé. Les yeux de Thomas, dans lesquels les miens étaient toujours braqués, me firent penser à notre mère.

« S'il te plaît... Défend-les, bats-toi seulement en cas de nécessité, mais ne pars pas au milieu des combats. »

Evidemment, la réponse de mon frère ne se fit pas attendre. Il était bel et bien fixé dans son idée... Je reculai d'un pas, baissai la tête, vaincu. Seuls notre mère et Alex pourraient toujours tenter de le raisonner. Je n'essayai pas autre chose, parce que je savais parfaitement que maintenant, la discussion était terminée, ou sur le point de l'être, et qu'il n'allait pas tarder à repartir à Telmar, sur son cheval, tandis que moi, je reviendrai dans ma maison, dans mon salon, assis sur une chaise ou sur le canapé, en repensant à tout cela. Comme si tout n'était pas assez compliqué comme ça...

L'été approchait, il pleuvait et faisait froid... Le début de la guerre pouvait-il changer le temps ? J'en doutais sérieusement, mais il fallait avouer que c'était plutôt étrange. Une fois dehors, je me moquais bien d'être mouillé. Ce n'était pas cela qui me manquait... Je repensai notamment à Melody, puisque c'était elle qui arrivait à me tremper dès qu'on se voyait pratiquement. Je devrais aller la voir... Elle ne devait vraiment, vraiment pas aller bien. Après tout, elle avait appris lors du bal que son père avait été tué par sa pire ennemie, à laquelle je préférais ne pas penser, pour de la vengeance stupide. Ceci, c'était la guerre, même si c'était dans un cadre plus privé.

J'arrivais toujours pas à croire que devant moi, j'avais un de mes...ennemis. Mon propre frère. Il me prenait vraiment au dépourvu aujourd'hui. Mais il l'avait dit, lui même avait vraiment décidé au dernier moment, même si il y réfléchissait depuis longtemps. Se battre, il l'avait dit depuis longtemps, du moins il savait qu'il le ferait, le camp, cela avait été autre chose. Dans un sens... je ne pouvais pas lui en vouloir. Il grandissait, prenait ses décisions de son côté, de son point de vue. Il vivait sa vie, comme je vivais la mienne à Narnia, différemment juste. Mais je ne pensais pas qu'à cela, voilà le soucis.

« La guerre va être partout Thomas, ça ne servirait à rien... Surtout à Narnia je pense. Il vaut mieux qu'ils restent à Telmar, à la maison. »

Quelques secondes après, j'essayai la dernière chose que je pouvais : tenter de calmer ses actions. Et évidemment, il ne m'écouta...qu'à moitié. Comment protéger à la fois sa famille, soi-même, et être au milieu de soldats, alliés comme ennemis ? Je me doutais qu'il y aurait d'autres jeunes de quatorze/quinze ans, voire moins âgés, qui seraient dans cette guerre. Mais tous n'avaient pas le choix, certains avaient des pères qui les avaient entraînés depuis longtemps. Thomas, personne ne lui avait appris, il s'était débrouillé seul. Je me demandai vaguement ce qu'en penserait notre père... Mais cela ne changerait rien de toute manière.

« Moi aussi... A la prochaine fois, alors. Fais attention à toi, s'il te plaît... »

Il acquiesça alors. Il était déjà monté sur son cheval pendant qu'il me faisait en quelque sorte...ses adieux. Un mélange de au-revoir et d'adieux à vrai dire. Après quelques secondes, il fit avancer le cheval qui commença au pas puis passa directement au galop. Quant à moi, qui commençais à être bien trempé à cause de la pluie maintenant, je fis demi-tour, rentrai dans ma maison et fermai la porte derrière moi. J'avais la conscience plus lourde que jamais.