Sortir du château faisait du bien. Jamais je n'avais été du genre à rester enfermé dans le lieu où j'habitais, même si dans le cas actuel, il y avait assez de place, et de choses à faire. Et c'était encore mieux une promenade avec quelqu'un que l'on aime vraiment, amour ou amitié. Eh bien aujourd'hui, à ce moment précis, je me trouvais en compagnie de ma nouvelle petite amie. Crystal... Et là voilà qui arrivait directement vers moi, avec un empressement visible. Elle me sauta dans les bras puis après un petit moment de silence où une sorte de bulle invisible s'était formée autour de nous, elle m'embrassa. Je dois avouer que notre relation était légèrement différente de celles que j'avais eu avant. Plus lent, mais d'un côté, j'aimais bien les changements...

Nous avions prévu pour cette journée de sortir donc du château, rien que tous les deux. Auparavant, j'aurais pensé que Crystal connaissait le pays mieux que moi, mais étant donné qu'elle n'était pas plus Narnienne que je ne l'étais moi-même, j'étais nommé guide officiel. Que ce soit à Telmar ou à Narnia, où j'habitais depuis quelques mois, je sortais souvent et je connaissais bien les alentours. Jusqu'à deux ou trois villages proches on va dire. J'allais aussi dans la forêt pas loin du château parce que le paysage était magnifique. Et c'était merveilleux de voir tout cela par un temps superbe, un ciel bleu sans aucun nuage, ou avec quelques uns blancs qui se promenaient indépendamment dans l'air. Certes, il y avait un air froid, mais quand j'étais avec Crystal, je ne pensais même plus au climat qui m'entourait.

Autre chose qui était très différent de mes habitudes, c'était le temps que nous passions à nous fixer l'un et l'autre dans les yeux. Les mots pouvaient parfois ne pas suffire pour traduire une pensée, ou plusieurs, c'était pour cela. On pouvait tout lire. Puis aussi, Crystal m'avouait souvent qu'elle trouvait mes yeux fascinants, ce qui ne manquait jamais de me faire rire. A vrai dire, je n'avais personne sur qui pouvoir passer ma modestie, parce que personne dans ma famille la plus proche avec les mêmes yeux que moi. Mon père avait une couleur marron foncé, proche du noir, et ma mère plutôt dans le vert. Et moi, ils étaient bleu-gris. Se balader dans une forêt, c'est bien beau, mais se reposer un peu aussi c'est pas mal. S'allonger dans une clairière en regardant seulement celle qu'on aime, c'est plus que bien. Jusqu'à ce que tout soit gâché par une pluie soudaine qu'on ne voit pas venir.

Crystal et moi nous relevâmes bien vite. Elle avait une cape, mais moi, j'étais seulement en chemise noire. Elle était légère, mais vu le soleil, le noir allait absorber la chaleur. Je n'avais pas prévu de ciel gris dans la journée à vrai dire. Je réussis à voir rapidement où nous étions, et aperçus quelques signes d'un village proche. Je pris la main de Crystal et accélérai légèrement le pas pour qu'on ne finisse pas tremper. Une fois arrivés au village, je n'eus pas besoin de chercher longtemps : un panneau indiquant une auberge était planté à quelques mètres devant moi. Crystal aussi le remarqua, puis nous fonçâmes dans la direction indiquée. A l'entrée, le propriétaire nous fit rentrer vite et nous indiqua une chambre. Quand nous pénétrâmes dedans, je sentis une bonne ambiance alors que nous n'étions que deux. J'avais moins froid en tout cas. La pluie tombant droite, mes vêtements n'étaient pas vraiment mouillés, c'était surtout mes cheveux. Quand on les a court, c'est plus rapide à sécher que les miens.

« Tu es mouillée ? »

Visiblement, pas trop, sa cape l'avait protégée lorsqu'elle avait suivi mon conseil en la mettant au dessus de sa tête. Quelques mèches de ses cheveux et bien sûr ses chaussures, autant que les miennes, étaient marquées par l'eau. Elle alla vers la fenêtre en mettant un peu de lumière tandis que je regardais toute la pièce, sans lâcher sa main. Ce n'était pas une auberge luxueuse, c'est sûr. Juste la base de confort. Mais ce village semblait assez petit, donc il ne devait pas y avoir trente six mille auberges. Je n'étais jamais passé par ici à vrai dire, au moins cette pluie me faisait découvrir de nouvelles choses. A Telmar, je devais connaître soixante quinze pour cent des choses, que ce soit la forêt, les villages, ou autre. Je me tournai vers Crystal, contemplant l'extérieur à travers la fenêtre. Les doigts de ma main libre se posèrent doucement sur son épaule, et elle se retourna aussitôt, m'entraînant alors vers le lit où nous nous assîmes en silence au début. Puis elle leva sa main, et retirant un anneau d'une chaîne autour de son cou, elle me le passa au doigt.

Mon regard suivit son mouvement, et n'en bougea pas tandis qu'elle fredonnait quelques paroles. Cet anneau n'était pas une demande de mariage, contrairement à ce que la première impression pouvait donner. Non, pour Crystal, il devait représenter comme une...preuve de notre relation. Ce n'était qu'un simple bout de métal, mais il avait plus de valeur que n'importe quel bijou de riche. Comme la sorte de grosse chaînette que je portais depuis l'anniversaire de mes treize ans à mon poignet gauche. Et dire que ça avait été à ce moment-là que mon esprit avait décidé de tourner dans autre chose. Je relevai la tête en direction de Crystal, les yeux brillants. Je ne savais pas totalement ce que cet anneau représentait vraiment pour elle, mais j'en avais une petite idée, et cela me donnait chaud au cœur. A nouveau, une petite bulle se reconstruisait autour de nous deux, mais plus forte, puissante, solide. Indestructible.

« Je t'aime. »

Ce fut les seuls mots que j'arrivais vraiment à prononcer. De plus, les dire était dangereux lorsque l'on était pas sûr. Mais moi je l'étais, depuis le bal j'étais convaincu. Et je savais que Crystal m'aimait. Autour de moi à présent, je ne voyais plus aucune difficulté dans ma vie, tant qu'elle était à mes côtés et que j'étais aux siens. Ma deuxième main rejoignit la sienne en l'attirant vers moi. Je l'embrassai en faisant durer. Mes cheveux, toujours mouillés, étaient sûrement gênants sur son visage, mais je me doutais qu'elle n'allait pas pour autant se reculer. C'est moi qui le fis pour revenir deux secondes après sur ses lèvres, l'embrassant plus passionnément.

Ces deux baisers n'étaient pas comme ceux que nous avions déjà partagé avec Crystal. Enfin, le premier l'était, mais pour ce qui était du second... Il contenait plus d'intensité, et cela ne venait pas que de moi. Je souris légèrement tandis que le baiser se prolongeait. J'eus l'impression que tout allait prendre une autre tournure. Crystal posa ses mains sur mes joues pendant un court instant, puis nos lèvres se séparèrent. Mes yeux, à demi-clos, perçurent ses mouvements. Je vis les premiers boutons de ma chemise se défaire, et je sus que mon idée était confirmée. J'ouvris complètement mes yeux, regardant ceux de Crystal dans lesquels se trouvait une lueur indéfinissable. Je n'arrivais pas à tout discerner, car la lumière était faible. Mais seul son regard m'importait pour le moment. Je sentis quelques doigts sur le haut de mon torse, me faisant frissonner, dans tous les sens du terme. Puis les autres boutons se défirent sous les mains de la jeune femme.

Les miennes se posèrent au dessus de ses hanches, mais ne restèrent pas immobiles. Elles passèrent dans son dos, ne frôlant que le tissu qui recouvrait son corps. Bientôt, ma chemise s'écarta, et les doigts de Crystal, tous, s'installèrent sur ma peau. J'avais beau avoir les vêtements mouillés, ma peau était chaude, et j'étais loin du maximum de chaleur que je pouvais atteindre. J'enlevai un instant mes mains de sur Crystal afin de retirer ma chemise qui ne servait strictement à rien à présent, puis les remirent dans son dos, à l'ouverture de son haut. Mais je m'attardai dessus, sans rien faire. Je regardai celle que j'aimais plus que tout dans les yeux à nouveau, laissant un silence se prolonger, avant de lui demander en murmurant :

« Tu le veux vraiment ? »

La réponse de Crystal ne se fit pas attendre. Je l'avais vu dans ses yeux dès que ma question avait été posée. L'ouverture de son haut s'ouvrit sous mes doigts, sans me presser mais sans non plus ralentir. Au moment où je finissais, mes lèvres plongèrent sur les siennes immédiatement, contenant plus d'intensité que je n'en avais donné jusqu'à présent. Je saisis ses deux mains dans les miennes. Je bougeai légèrement, me levant un peu, pour arranger ma position. Je fis lentement basculer Crystal sur le lit, m'allongeant sur elle sans bien sûr l'écraser. Ce n'était pas une chose difficile, et il fallait l'avouer... J'avais de l'expérience. Elle, je n'en savais rien à vrai dire. Nous n'en avions jamais parler ensemble, mais en tout cas, ce soir, ses hormones s'étaient déclenchées en faisant de même avec les miennes.

Je l'aimais vraiment, c'était un amour plus fort que tout. Assez fort pour arrêter de me faire avoir des remords sur le passé, assez fort pour que je ne pense plus à mes parents, à Telmar, qui m'avaient chassé en découvrant un beau jour que je n'étais pas, et que je n'avais jamais été un bon fils digne d'eux. Enfin, ils n'avaient pas découvert d'un coup. C'était comme une vase que l'on remplit d'eau. Au bout d'un moment, cette eau déborde. Eh bien Crystal parvenait à arrêter cette eau lorsque le vase en question se trouvait en moi. Tout cela était fou... On ne se connaissait que depuis quelques mois. Tout allait si vite, au niveau de notre relation. Mais je n'en étais pas mécontent, bien au contraire.

Je jetai un regard à l'anneau qui ornait désormais ma main, puis rapportai mes yeux sur le visage de Crystal. Il n'y avait pas que ses yeux qui étaient magnifiques. En la voyant ainsi, j'avais l'impression de la découvrir. Je penchai la tête sur le côté en l'embrassant à nouveau. Ce n'était cette fois qu'un petit baiser, si bien que j'en fis d'autres, puis ma bouche quitta la sienne pour se glisser dans son cou. Je sentis ses frissons, puis les miens réapparurent. Cette journée devait être vraiment l'une des meilleures de ma vie. J'avais été déçu par la pluie, et le fait de devoir dormir dans une auberge pas forcément dans le meilleur du luxe, mais finalement... On ne va pas râler.

« Je crois que je vais aimer les imprévus désormais ! »

Je ris en disant cela, ce qui était plutôt étrange après le long silence qu'il y avait eu, où l'on ne pouvait entendre à la limite que le bruit de nos baisers.

Il fallait reconnaître que j'allais sûrement un peu trop vite. J'avais l'impression que Crystal était loin d'avoir eu autant de conquêtes que moi. Je ne faisais que supposer, mais c'était peut-être sa première fois. Donc c'était bel et bien ses hormones qui l'avaient emportée. Je ris intérieurement, tout le monde connaissait ceci un jour ou l'autre. Je sentais sa gêne après qu'elle ait commencé à déboutonner ma chemise noire. Un simple regard réussit à la mettre un peu plus en confiance. Elle voulait vraiment faire l'amour avec moi, malgré son inexpérience dans le domaine. Pas besoin de s'y connaître pour passer l'un des meilleurs moments de sa vie. Puis le haut que Crystal possédait tomba à terre, après que je l'eus ouvert.

Dans mon esprit, tout s'échauffait et se travaillait. Il y avait moi, ma personnalité, au beau milieu. D'un côté se trouvaient les pensées qui me disaient de me dépêcher, que je n'attendais que cela depuis longtemps. Saleté d'hormones... En même temps, cela faisait environ cinq mois, voire un peu plus, que j'habitais à Narnia. Et aucune jeune fille ne m'avait accompagné jusqu'à ma chambre, jusqu'à mon lit, et inversement chez elles. Dans mon passage à Archeland, je n’avais pas résisté, mais c'était avant Narnia. Donc ce côté-là me disait d'activer les choses, tandis que l'autre me persuadait que Crystal ne l'avait sans doute jamais fait et qu'il fallait faire les choses doucement...purement.

J'étais toujours au milieu, sans savoir quel côté choisir. J'avais à présent fait allonger la jeune femme sur le lit. Son plaisir aux simples baisers que nous avions était visible, tandis que je devais avoir l'air de m'amuser pour ma part. Ce n'était que le début, ce qui déclenchait tout, et nous commencions enfin les vraies choses. Nous allions être sur le point de ressentir le pur plaisir, mais aussi le vrai amour. Sans en être conscient, j'oubliais l'une des choses qui évitait d'avoir un enfant lors de rapports. Aucune de mes pensées n'était tournée vers cela. Et je n'y pensais toujours pas lorsque mon corps et celui de Crystal se touchèrent. Il ne nous restait que le bas, un pantalon pour moi, et sa jupe pour elle. Quelques tremblements me secouèrent encore et encore, puis mon rire fit passer cela lorsque je dis que j'allais aimer les imprévus finalement. La jeune femme confirma qu'elle pensait pareil.

« Mais bon, c'est pas forcément le meilleur endroit... »

Je ne perdis pas mon sourire, puis soudain, je me mis sur le côté en déplaçant Crystal avec moi. Je me retrouvai avec les draps sous moi, et elle au dessus, me dominant parfaitement. J'en profitai ainsi pour commencer à retirer mon pantalon, le faisant glisser sur mes jambes. J'entendis le bruit de sa chute à l'autre bout du lit pendant que je continuais d'embrasser la personne sur moi, et pas que sur ses lèvres. A présent, je ne tremblais plus, mais les frissons continuaient de se propager sur tout mon corps en continue. Et je dis bien, touut mon corps, dans les moindres détails... Ce qui fit réagir Crystal visiblement. Je la sentis redevenir comme au début, moins confiante et détendue. Après quelques secondes de silence où je me contentais de la regarder, elle m'avoua qu'elle était encore vierge. Je lui fis directement un sourire rassurant, en posant une de mes mains sur sa joue.

« Je le sais Crystal, je l'ai senti... »

J'avais donc bien eu raison. Mon pouce bougea légèrement sur la peau de Crystal, toujours pour la rassurer. C'était loin d'être la première fois que je dévirginisais une fille, mais ce n'était jamais facile pour celles-là. Pendant quelques secondes, je ne dis rien. Il fallait reconnaître que maintenant, la situation était un peu tendue. Ou peut-être que je m'inquiétais trop de ce que pourrait vraiment ressentir Crystal si en réalité elle n'était pas tout à fait prête. Oui, il était tôt pour que nous fassions l'amour. Mais j'avais l'impression que notre relation avançait plus vite que n'importe quelle autre. Mes lèvres se posèrent doucement sur les siennes durant une poignée de secondes, puis je lui murmurai :

« Aie confiance en nous. »

Je rejetai un petit coup d'œil à nos corps, en m'attardant tout de même sur celui de ma petite amie. Certes, tout le monde dit que la beauté est intérieure. Je voyais vraiment cela avec Crystal, même si j'étais très très loin de la connaître parfaitement, de pouvoir anticiper ses paroles futures en fonction de son caractère. C'était ces mystères autour d'elle qui m'avaient intrigué d'abord, puis en même temps, moi, autant que beaucoup d'autres hommes, je la trouvais plus que magnifique. Ces yeux envoutants, ce sourire qui dévoile un charme auquel personne ne peut rester insensible, sa douceur et sa grâce... Le genre de choses simples mais qui me convenaient parfaitement. Il ne me restait qu'un sous-vêtement. De même pour Crystal, avec en plus sa jupe par dessus. J'eus un nouveau sourire mais je ne la regardais pas.

Doucement, mes doigts glissèrent sur sa taille, puis ses hanches, attrapant alors au passage les deux tissus que je tirai. Crystal m'aida en finissant de les enlever. Je fis pareil avec la seule chose qui était sur moi. Tout était donc par terre, et nous étions deux personnes totalement nues. C'était le moment où nous allions vraiment commencer.Je roulai à nouveau afin de me retrouver au dessus encore, cela serait sans doute mieux pour ce soir. Enfin, peut-être pas, mais disons que j'ai souvent l'habitude d'être le "dominant". Mes yeux rencontrèrent encore ceux de Crystal, et je ne les quittai jusqu'au moment où ils se fermèrent lorsque je pénétrai celle que j'aimais. Si c'était sa première fois, il valait mieux y aller doucement et lentement, du moins au début. Pendant un temps que je ne pus déterminer, je faisais ainsi, on était loin du grand plaisir, mais ce que j'en ressentais, c'était un complément à l'amour sans limite que j'éprouvais pour Crystal. Alors, je commençai à accélérer, toujours avec douceur.

Le fait que Crystal me dise à vive voix qu'elle était encore vierge m'inquiéta pour ce qu'elle pouvait penser de moi. Si j'avais senti que c'était sa première fois, malgré l'assurance qu'elle avait eu au début, elle avait du également sentir de son côté que pour ma part, j'avais de l'expérience. Je n'en étais pas toujours fier, parce que la plupart du temps, je n'avais pas fait l'amour, la relation n'avait été que du sexe. De temps à autre, je sortais avec une de mes conquêtes, et souvent, c'était le sexe que nous pratiquions, rien d'autre, car aucun sentiment ne pouvait ressortir. Rarement j'avais vraiment fait l'amour. Et aucune de ces fois n'était comparable à celle que je vivais en ce moment même.

Certes, c'était Crystal qui avait débuté en déboutonnant ma chemise. Non en fait, techniquement, c'était moi en l'embrassant. Mais ceci ne lui donnait pas vraiment d'excuses, donc c'était bel et bien elle ! Je ne l'avais jamais prise pour une "coincée" car je voyais très bien qu'elle ne l'était pas. Elle avait de l'audace à sa manière, et elle venait de me le prouver à nouveau. Ou alors c'était juste ses hormones qui s'étaient activées pile à ce moment-là, sur un lit... Puis les miennes s'étaient très très rapidement emballées à leur tour, et voilà comment tout commence. A présent, nos corps avaient fusionné, et nous étions plus proches que nous ne pouvions l'être physiquement.

Dès le début, je tâchai d'y aller doucement, parce que je savais que c'était plutôt douloureux, surtout lorsque l'on était pas habitué. Mais je sentis surtout que Crystal était légèrement crispée. Toutefois, avant que je n'ai pu y faire quelque chose, elle commença peu à peu à se détendre. Le petit sourire que je vis sur son visage, en ouvrant les yeux, me rassura. Elle était prête, et elle voulait la suite, elle voulait tout connaître, tout partager. Avec un air confiant, j'y allais plus profondément, et je remarquai de suite la grimace et le cri inaudible de Crystal. Mais à nouveau, avant que je ne puisse faire quelque chose, elle prit mon visage entre ses mains, l'approcha du mien jusqu'à ce qu'ils soient pratiquement collés. Alors, elle prononça trois mots en murmurant, mais je les compris très distinctement. Je ne pus rendre ces trois mots que nos lèvres se retrouvèrent doucement.

Le temps passait, passait encore, passait toujours. Je ne savais pas depuis combien de temps j'étais dans cette chambre avec Crystal, mais peu importe. J'étais si bien, si heureux... Elle comme moi, on voulait continuer de faire ce que l'on faisait. On en voulait plus. Mais comment aller dans le "plus" si on est proche du "trop" ? Eh bien, essayons quand même. Mes va et viens dans son corps se firent plus rapides, de plus en plus, et je sentis moi-même parfois un gémissement de plaisir qui voulait sortir de ma gorge. Je remarquai la même chose pour Crystal, ce qui me fit rire à un moment. Ce rire provoqua de drôle de choses entre nous deux, ce qui était encore plus hilarant.

« Tu me le dis quand tu voudras...arrêter. »

En effet, nous commencions à être essoufflés. Je ne me sentais pas fatigué, pas dans mes muscles en tout cas, ni mentalement, mais visiblement, mes poumons avaient décidé que je commençais à ne pas avoir assez d'air qui rentrait. Il fallait dire que je retenais pas mal de choses, alors mon souffle était coupé à force. Au bout d'un moment, je roulais à nouveau sur le lit, et cette fois j'étais couché, et Crystal était sur moi. Je posai mes mains dans son dos, caressant sa peau doucement. Ses yeux, mi-clos, étaient rivés sur les miens.

Finalement, ce ne fut pas elle, mais moi, qui décidai d'arrêter. J'avais l'impression que ça suffisait pour cette soirée. Crystal resta sur moi, allongée, sans faire aucun bruit. Je fermai les yeux, repensant à tout ce que j'avais pu ressentir. Oui, cela avait été différent de toutes mes relations sexuelles. Mais en général, ce n'est jamais pareil. Seulement, j'avais l'impression de ne jamais avoir eu autant d'amour pour quelqu'un. Même mon père et ma mère n'auraient pas pu recevoir de l'amour aussi fort, bien que ce soit un amour de famille dans ce cas-là. Mais il ne valait mieux pas que j'y pense, c'était trop compliqué et...douloureux.

« Ca va ? »

Crystal finit par tomber à côté de moi, attrapant la couverture au passage pour s'en couvrir. Pour ma part, je ne bougeai pas, déjà sur le dos, regardant le plafond. Je ne contemplai rien bien sûr, mais je repensais à ce que nous venions de faire. Tout ce que j'avais ressenti, et que je ressentais encore d'ailleurs, ne venait pas que de moi. J'aimais Crystal plus que tout, j'en étais sûr à présent. Il était peut-être un peu tôt pour dire que j'avais trouvé la femme de ma vie, mais c'était pourtant mon impression. Elle aussi m'aimait vraiment. Tout cet amour, venant d'elle et moi, était puissant, et j'aurais presque pu penser qu'ainsi, nous étions inséparables... invincibles. Au moment où mon regard se tourna vers elle et que je lui demandai comment elle allait, elle se pencha vers moi, mettant l'un de ses bras sur mon torse. Je croisai ses yeux et ne les quittai pas en écoutant ce qu'elle me dit.

Je ne pus retenir un sourire devant sa réponse. Crystal était plus que sincère. Je songeai que j'avais vraiment de la chance de l'avoir rencontré. J'aurais très bien pu être encore à Telmar. Ou alors être resté en Archeland, où j'avais fait un très bref séjour. D'un côté, il y avait le hasard. De l'autre, je croyais au destin. Si Crystal était celle qui me fallait, avec qui j'avais envie de vivre, celle que je voulais aimer toute ma vie, c'était grâce à ce destin qui nous avait réuni. Un baiser vint ponctuer la réponse qu'elle m'avait donné. Mes doigts prirent ceux de la main qui était sur mon torse tandis qu'elle reprenait la parole, l'air soucieuse cette fois. Je fronçai légèrement les sourcils jusqu'au moment où ma lanterne fut éclairée.

Le bal... Oui, nous avions fini la soirée en parlant de nos passés. Je lui avais raconté le mien... parce que lors de notre première rencontre, elle avait su, je ne sais comment encore, que j'étais Telmarin, et non Narnien. Mais moi je n'avais absolument pas deviné qu'elle était Calormène. Ni qu'elle avait un rang très élevé, puisqu'elle était la fille de l'ancien Tisroc, et la sœur du nouveau. Cela avait été dit au bal, mais elle ne m'en avait pas raconté plus. Je ne lâchai pas son regard, tâchant de voir si il y avait la moindre nuance de peur, ou autre. Ce n'était pas le cas ; elle souhaitait réellement me dire la raison pour laquelle elle avait quitté son pays, sa famille. J'avais l'impression que c'était plus compliqué que ce que moi j'avais vécu.

« Seulement si tu le souhaites vraiment. Si tu ne veux pas parler de ton passé, je ne t'oblige pas. En te disant vraiment tout, j'ai fait une croix définitive sur ce que j'avais vécu. »

Mon autre main se posa doucement sur sa joue, repoussant une mèche de cheveux en arrière.
J'examinai son regard une nouvelle fois, me perdant à l'intérieur. J'y voyais encore ces mystères autour d'elle. J'avais l'impression que maintenant que nous venions de faire l'amour, c'était comme si une partie de ces mystères s'étaient envolés. Ou du moins, qu'ils étaient dévoilés, qu'ils n'avaient plus de secrets pour nous. Il en restait toujours au fond pourtant. Mais ce n'était pas en quelques mois que nous allions tous les découvrir. Je n'étais pas très patient, j'étais plutôt curieux... mais j'étais amoureux, et cela faisait toute la différence. Etonnant comment je changeais à vitesse grand V avec Crystal. Enfin, je ne changeais pas. Je ne faisais que découvrir une partie de moi qui s'était caché durant mon adolescence. J'entrais désormais dans le monde des adultes, et il m'était important d'être plus mature et responsable.

Après cela, je ne dis plus rien. Soit elle allait vraiment se décider à me raconter son histoire, soit elle ne le ferait pas. Peu importe. La nuit qu'elle venait de me donner, c'était plus que ce que je ne demandais. C'était étrange, parce qu'en général... il ne me fallait pas "autant" de temps pour coucher avec ma petite amie. Mais je n'étais plus à Telmar, et elle était particulière. Et c'est avec ces particularités que je m'étais résolu à attendre, à faire les choses à son rythme, et non forcément au mien. Oui, j'avais peur que mes actes ne lui plaisent pas, qu'elle se rende compte un jour finalement que je n'étais pas à son niveau. J'avais beau avoir la carrure pour la protéger, surtout avec la guerre déclarée à présent, et de l'amour à donner comme je n'en avais jamais ressenti, elle valait beaucoup plus que moi.